31.10.10

JEAN-MARIE MASSOU

Il y a un moment dans le documentaire Le plein pays d'Antoine Boutet
l'on n'est plus au cinéma, plus nulle part. Au moment où Jean-Marie Massou, singulier de l'art ébouriffé, paysan sans rime ni raison ni ferme ni femme qui vit quelque part dans un no man's land sylvestre du Lot, se met à chanter, improvisant des mélopées sur sa noire vision d'un monde surpeuplé, on est transporté dans une poésie éthérée éternelle où plus rien n'a de repères, de commencement ni de fin. Il est fou ce Kaspar Hauser du Midi, cet Artaud pas trop tard. Tout ceci pour dire qu'en France il y a aussi des films libres, hors société, hors récit, proches des explorations de Lisandro Alonso ou de certains films russes. Mais seulement dans le documentaire. La fiction française, elle, est bétonnée, comme on le dit de certaines côtes du bord de mer où la nature n'a pas droit de cité.

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