27.12.12

40 000

C'est drôle, 40 000 pages vues pour ce blog mort depuis plus de six mois. C'est à dire que des gens continuent à lire les inepties que j'ai écrites il y a un an ou plus. Ça me dépasse, mais je ne sais pas vraiment comment annuler un blog. Donc pas grave. A propos j'en ai créé un nouveau. Je ne donne pas le lien car il n'a rien à voir avec les précédents et je ne sais pas bien où il va. Pour les curieux obstinés, un indice : son titre a un rapport avec un étrange personnage soit disant venu d'ailleurs découvert à l'aéroport de Tokyo en 1954. 

29.5.12

AWOLNATION

J'écris ce mot en écoutant par hasard sur ma radio préférée, Radio Off, un morceau d'un groupe nommé Awolnation — intéressante synthèse entre Beatles et rap (Dieu sait que je n'aime pas le rap pourtant). Tout ça pour dire que j'hésite entre trois différents nouveaux blogs : un consacré à la musique, évidemment, l'autre plus philosophico-politique, et un dernier sur l'élaboration de mon projet de film XIXe siècle (recherches, repérages, documents). A suivre.

8.5.12

TEMOIGNAGE (SD)

“je l'ai rencontré par hasard lorsque j'habitais seul à ecouen ( 95 ) il ya 6 ou 7 ans . Il m'avait demandé un peu de monnaie à la gare et on avait parlé. Je lui avait dit que j'étais projectioniste à Garges les Gonesse. On avait donc parlé cinema. Les memes gouts respectifs ( Lynch, Argento ... ) et il m'avait donc expliqué son parcours . J'étais passé chez lui ou il vivait depuis pas longtemps. Un grand hlm completement vide dans laquelle tronait un cesar. Il m'avait montré ses collages et m'avait expliqué qu'il n'avait plus la force de faire grand chose. Puis on s'est revu de temps en temps, je lui passait un peu de monnais. Je l'est invité a passé chez moi, lui est montré mes dessins. Je lui avait preté 2 dvds que je n'est jamais recupperer ( tideland, poltergeist ) et lui m'avait preté le manuscrit de son projet "sick" ecrit en collaboration avec romain berthomieu et eric neve.” Julien

2.3.12

STÉPHANE DROUOT (SUITE)

J'ai connu Stéphane en 1984 me semble-t-il, au Club 13 lors d'une projection du film Atomic Café, qui était suivie de celle de Star Suburb. A cette époque là on proposait encore des courts métrages en première partie des longs au cinéma. Et Star Suburb avait été couplé avec Atomic Café, un documentaire américain sur la psychose de la bombe atomique. Bonne initiative. J'ai été scotché par le film de Stéphane. Moins par le scénario, assez simple, que par le style et la réalisation du film. L'ambiance tout bêtement. C'était comme une synthèse entre Eraserhead et Star Wars (film de Lucas auquel Stéphane se référait ouvertement). A l'époque, je commençais à écrire aux Cahiers du cinéma. J'ai alors proposé aux Cahiers d'interviewer Stéphane. Ce que j'ai fait (curieusement il y a eu une autre interview de Stéphane dans les Cahiers, par Jean-Pierre Limosin). Je l'ai rencontré chez lui, rue Bernouilli dans le VIIIe arrondissement, dans l'appartement où il vivait et où il avait réalisé Star Suburb pendant trois ans. Des éléments de décor y subsistaient un peu partout. Avec lui, il y avait Sophie, sa compagne, qui avait été l'élément moteur de ce film (Stéphane étant le cerveau). Ils avaient trouvé l'alliance parfaite qui avait permis de mener l'entreprise à bien. Sophie avait, me semble-t-il les cheveux bleus coupés en brosse. Elle était aussi sympathique et chaleureuse que Stéphane. Entre nous trois, il y a tout de suite eu une connivence. Stéphane est un des rares cinéastes que j'ai rencontrés pour une interview et avec lequel j'ai réellement sympathisé. Peut-être le seul. Nous nous sommes vus à de multiples reprises, je ne me souviens plus à quelles occasions, pendant quelques années. Mais ça n'a pas duré. Environ trois ans, je dirais. A l'époque Stéphane était au sommet. Son film cumulait les prix. César, Grand prix de Clermont Ferrand, etc. Il ne lui a manqué que l'Oscar. Il avait toutes sortes de propositions : pubs, clips, et long. Il a d'ailleurs écrit plusieurs longs métrages, surtout fantastiques, qui allaient bien plus loin que Star Suburb, et qui étaient plutôt dérangeants. Mais réaliser un film fantastique/SF en France n'est pas gagné. Toujours pas aujourd'hui. En dehors de Luc Besson, qui a tourné en anglais et Marc Caro qui s'est planté avec un film trop théâtral (Dante O1), il y a eu peu d'autres candidats français. Mais Stéphane était bien plus fou qu'eux. Aussi doué techniquement que Besson, mais mille fois plus inventif et visionnaire. Il s'est aussi pas mal inspiré d'un écrivain de SF français, Serge Brussolo (passé ensuite au polar), qu'il m'a fait connaître, et dont je ne comprends pas qu'il n'ait pas été adapté au cinéma. Bref, tout cela s'est étiré en longueur. Il y a eu aussi la mort du producteur de Star Suburb, Ulysse Laugier, qui a pas mal choqué Stéphane. Et puis, Sophie a quitté Stéphane pour voler de ses propres ailes. Il faut dire que Stéphane n'était pas facile non plus. Il vivait comme un enfant gâté. Bref, il s'est retrouvé seul, avec mille projets, mais avec l'impossibilité de trouver des interlocuteurs (financiers) à sa mesure. Je ne l'ai pas perdu de vue volontairement. Ça s'est fait comme ça. Quelques années après, il m'a appelé. Il vivait toujours rue Bernouilli, dans l'appartement assez à l'abandon. Je me souviens d'une fois mémorable où j'étais allé le voir avec ma compagne et mon bébé. Le bébé dormait dans un couffin dans le couloir. Une espèce d'énergumène (un dealer ?) était venu rendre visite à Stéphane. Ils fumaient un joint. Au même moment, la mère de Stéphane, que je n'avais jamais rencontrée, une petite femme mince d'une autre époque (elle me rappelait ma grand-mère), apportait du thé sur un plateau, dans un service très vieillot. L'ambiance était surréelle. Peu de temps après, Stéphane a déménagé. Je l'ai aidé à préparer les cartons. Il s'est retrouvé à Levallois, dans un appartement encore plus grand qui appartenait à sa mère. Et Stéphane a continué sa vie, là, entre alcool, cigarettes, médicaments, et autres, écrivant des histoires, jouant du piano (il en jouait très bien). Tout s'est délité. Il a commencé une sorte de roman interminable, dans son style relativement abscons. Il s'est dégradé à vue d'œil. Il y a eu trop de complications. J'ai tenté d'aider Stéphane, mais involontairement il embrouillait les choses. Sa mère qui habitait dans un autre appartement avait été placée dans une maison de repos. A partir de là, tout me semble assez flou. Stéphane a fait divers séjours dans des HP. J'ai été le voir une fois dans un de ces hôpitaux avec les cinéastes Lucile Hadzihalilovic et Guillaume Bréaud. On voulait tous l'aider. Il lui est arrivé des choses de plus en plus incohérentes. Et j'ai à nouveau perdu le contact. Jusqu'à ce qu'il m'écrive en 2008. Il habitait alors à Ecouen. Mais sa lettre étant très bizarre, je n'ai pas eu le courage de lui répondre. J'aurais dû néanmoins. J'aurais dû… Tout ce que je viens d'écrire est assez superficiel et rapide. Il aurait fallu que j'explique plus et mieux qui était Stéphane. Disons que c'est un premier jalon pour un portrait de ce personnage qui était charmant et désarmant.

24.2.12

STÉPHANE DROUOT

Ce blog est théoriquement clos, mais… Par un extrême hasard je suis tombé sur la retransmission des Césars sur internet. Bêtement j'ai regardé cette célébration idiote. C'est là où j'ai découvert que Stéphane Drouot était mort. S'il n'avait réalisé qu'un court métrage dans les années 1980, Star Suburb (qui avait été couvert de prix), il avait un potentiel de folie et d'invention qu'il n'a pas pu transformer car l'alcool et d'autres démons se sont emparés de lui. Je me souviens de ses scénarios de science-fiction renversants (Scars et autres). Ils auraient révolutionné le genre, si… Je regrette juste de ne pas lui avoir répondu il y a quelques années quand il m'avait écrit des lettres assez bizarres. J'avais tenté de l'aider pendant deux ans, et puis j'avais été découragé. D'autres l'ont sans doute mieux aidé — dont Gaspar Noé, qui s'est pas mal inspiré de Star Suburb à ses débuts. Il l'avait d'ailleurs filmé dans Irréversible. Bye bye Stéphane.
P.S. J'ai beau chercher et chercher, je ne trouve rien sur la mort de Stéphane sur Internet. Très étrange. Je suis vraiment le seul à en avoir parlé. C'est triste.
P.P.S. Pendant que j'y pense. J'ai relu la lettre que Stéphane m'avait envoyée. Il y parlait d'un film intitulé Johanna B. Je ne sais plus si c'était une maquette de Star Suburb ou le long métrage en Super 8 dont il me semblait avoir entendu parler (j'ai une mémoire imparfaite). En tout cas, si quelqu'un sait quelque chose sur Johanna B., ça m'intéresse.
P.S. Photo de Stéphane piquée sur le blog "Le Temps détruit tout" rédigé par un fan de Gaspar Noé, ou Noé lui-même…

17.1.12

SUITE DE LA FIN

"Ojvin Mooestrap, researchers from the University of Copenhagen, Denmark, who discovered the species as quoted by New Scientist, Friday (01/13/2012), stated, “The division between animals and plants does not really exist.” Mooestrap revealed, many organisms may be a combination."

Autrement dit, c'est bien ce que je pensais : d'après le scientifique danois Ojvin Moeestrap, qui a découvert une créature hybride, mi-plante, mi-animal, "il n'y a pas réellement de séparation entre les plantes et les animaux”. Autrement dit, les végétariens l'ont dans le baba. Ils ont beau ne pas manger des veaux mignons, ils mangent toujours des êtres vivants, qui souffrent aussi à leur manière. Cela, les peuples primitifs le savaient et le savent depuis toujours. Ils ne détruisent pas la végétation à tort et à travers. C'est criminel.

6.1.12

EDUCATION

J'avais décidé d'arrêter ce blog et je le maintiens, mais j'ai eu une idée un peu nébuleuse que j'ai eu envie de noter ici pour voir si elle tenait un peu la route. Mon dada, un de mes dadas, est de dire que le mal vient de l'industrie en général (grâce à laquelle j'écris ce texte). Je me demande en fait si le mal n'est pas plus ancien, s'il ne vient pas plus simplement de l'humanité, qui s'est construite comme un château de cartes, dont la vocation inévitable est de s'effondrer. L'industrie détruit la vie, c'est un fait. C'est logique puisqu'elle se nourrit de la vie. Elle finit par l'épuiser. A force, le monde s'use. L'industrie culturelle crée des produits néfastes, qui encensent le malheur et la destruction (jeux vidéo, films de guerre, de fin du monde) ou le déplorent avec délectation (cinéma social). Des jeunes gens obnubilés par les produits de consommation électroniques au contenu néfaste sont incapables de comprendre la culture plus ou moins classique (les Grecs et tout ce qui s'ensuit) que leur dispense l'école. C'est trop éloigné de leur système industriel pavlovien et binaire. Mais en même temps, qu'est cette culture plus ou moins classique ? C'est déjà une sorte d'éloge de la destruction, une fascination pour le malheur. Le plaisir de lire L'Iliade ou Les trois mousquetaires est lié à la violence guerrière qui s'y déchaîne. Que dire des classiques du XIXe et du XXe siècle ? Passons sur Lovecraft ou Edgar Poe, théoriciens de la morbidité anglo-saxonne. Prenons Flaubert. Salammbô ou Madame Bovary : deux chefs d'œuvre de pessimisme et de désastre. Evidemment, il y a pire : par exemple, L'étranger de Camus, qui est un pur manuel de nihilisme. Je ne trouve même pas de classiques de la littérature qui ne soient pas des précis de décomposition. Idem pour ce qu'on appelle "l'histoire". Qu'est l'histoire, sinon une longue liste de guerres ? Et encore, on tourne souvent les choses à notre avantage. Car si on était honnête, on parlerait de génocide non seulement à propos des Turcs ou des Allemands et éventuellement du Rwanda, mais pour toute l'Afrique, qui est sans doute le continent le plus massacré de l'histoire. Bref, tout cela pour dire que quand on déplore l'inculture grandissante, l'asservissement des peuples bourgeois occidentaux aux produits industriels décérébrants, l'humanisme d'antan, au sens de la Renaissance, a également des parts d'ombre extrêmement gênantes. Je ne parle même pas des religions monothéistes qui à mon sens ont inventé le sado-masochisme. Cela dit, je suis également revenu de la pureté idyllique des "peuples premiers". Eux ils étaient sauvages et cruels par innocence, ce qui n'est guère mieux. Evidemment, il y a l'art pur, qui est la musique (principalement classique), le seul à échapper à cette morbidité et cette volonté d'autodestruction et à ce plaisir du malheur et de la mort. Mais dès les années 1940-50, elle a commencé à dissoner sérieusement, pour produire les sons les plus dysharmoniques possible, dont le corollaire est le stress. Idem pour les musiques industrielles populaires comme le rock qui ont une tonalité également contre-nature. Tout ceci pour dire que lorsqu'on reproche à des enfants de gâcher leur vie et leur avenir en n'acquérant pas les connaissances de base ; lorsqu'on croit indispensable de les empêcher d'être des brutes sans conscience, on leur reproche aussi, indirectement, de ne pas participer à la culture raisonnée et raisonnable du malheur, qui est une forme délicate d'autodestruction à laquelle l'industrie a apporté une contribution inespérée et massive depuis la fin du XIXe siècle. Laquelle industrie découle du scientisme du XVIIIe, de ce sacro-saint "esprit des Lumières", qui en nous sortant de l'obscurantisme, en représentant le degré le plus élevé de la conscience humaine, nous a lancé tout droit dans l'annihilation de la nature et des peuples moins "évolués". Bon, je dis tout ça mais évidemment je ne suis pas Unabomber, et je ne tire pas de conséquences drastiques et concrètes de ces constats, qui auraient besoin d'être nuancés et complétés. Je lance juste cette réflexion dans l'éther, en espérant qu'elle fasse boule de neige et génère d'autres réflexions, qui pourraient déboucher un jour sur une nouvelle éthique de l'humanité. Mais est-ce bien nécessaire ?