20.10.10

POURQUOI SEULEMENT LES FILMS BOURGEOIS ?

On ne s'intéresse à (= encense) Raoul Ruiz que lorsqu'il fait du romanesque bourgeois en costumes produit par un producteur ami de l'intelligentsia médiatique (Les mystères de Lisbonne). Idem pour Kiyoshi Kurosawa dont on loue le hors genre Tokyo Sonata, mais dont personne ne voit les précédents films fantastiques, Loft et Retribution. Idem pour Kiarostami dont l'étrange Shirin est éclipsé par Copie conforme. Idem pour Todd Haynes dont Loin du paradis, exercice sirkien très chicos me semblait moins intéressant que Safe, snobé par les gens bien intentionnés. Idem pour Araki dont le conformiste Mysterious skin a suscité l'intérêt ému et dont l'iconoclaste Smiley face a été totalement ignoré. Les exemples sont légion. On ferait mieux d'encourager les cinéastes quand ils dépassent les normes, déraillent un peu. Non, on préfère les pousser petit à petit vers l'académisme… A suivre.
The mainstream film buffs are only interested in Raul Ruiz when he adapts romantic bourgeois dramas in costumes produced by a producer who's a friend of the arty jet set (Mysteries of Lisbon). Same with Kiyoshi's Kurosawa Tokyo Sonata, one of his rare "ungenre" movies which was highly praised. Nobody seems to have even cared to see his previous ghost thrillers Loft and Retribution (which obviously I am the only one to like). Same with Kiarostami's Shirin, obliterated by his more traditional Certified Copy. Ditto for Todd Haynes, whose Far From Heaven, very classy sirkian exercise seemed less interesting than Safe for the moderate arty crowd (for me it was the opposite). Ditto for Araki's conformist Mysterious Skin who attracted the same people who shrug at his iconoclastic Smiley face. The examples are numerous. Wouldn't it be better to encourage the filmmakers when they exceed the standards and go out of line. No, they prefer to push them slowly and constantly towards the academism... To be continued.

2 commentaires:

  1. C'est bizarre, je suis abonné aux Inrocks ou je vous lis de temps en temps. Ils ont conseillé tous les films que vous descendez dans votre colonne. moi, j'ai bien aimé le ruiz. Je comprends pas pourquoi vous dites du mal des cinéastes que défendent vos confrères. Et si vous écrivez dans cette très bonne revue, c'est que vous en faites partie non, de cette intelligentsia que vous attaquez ? Comprends pas. Je suis peut-être trop jeune.

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  2. Vous lisez mal, cher anonyme. Je ne descends pas les films que j'ai cités. Je remarque que ce ne sont pas forcément les œuvres les plus normales de certains auteurs qui sont les meilleures. D'ailleurs je n'ai pas vu le dernier Ruiz. Je remarque seulement qu'on ne s'intéresse à lui que lorsqu'il réalise une œuvre respectable d'après un classique de la littérature portugaise. On a encensé Le Festin nu de Cronenberg parce que c'était une adaptation de Burroughs. Pour ma part je préférais largement Scanners ou Vidéodrome, qui n'ont pas eu un grand écho. A l'époque de leur sortie Cronenberg était classé parmi les cinéastes de série Z. Je n'ai certes pas les mêmes goûts que mes camarades des journaux où j'écris, mais nous avons des valeurs communes. Simplement ils ont d'autres centres d'intérêt. Moi je m'intéresse surtout à l'art dans le cinéma. Et puis ils ne me consultent pas quand ils font leurs sommaires. Ecrire dans un journal ne signifie pas lui appartenir corps et âme.

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