31.12.11

*

------B---o---n---n---e -------- a---n---n---é---e-----
-----
------
---------
-----
et après nous le déluge

30.12.11

PUB

J'aime bien le slogan américain du Millenium (The girl with the dragon tattoo) de David Fincher :
C'est idiot, mais en fait c'est assez juste. Un feel good/bad movie.
P.S. Qu'on ne se méprenne pas, si je dis ça c'est aussi parce que je ne prends pas le film très au sérieux. Je dirais même qu'il est assez banal. Le bon thriller du moment c'est toujours La Taupe. Le reste, hum…

29.12.11

SUJETS

Des jeunes se font cerner par la police alors qu'ils tournent un film

Ça s'est passé en Suisse à Zurich. Ça ferait un excellent sujet de film dans le genre Super 8, mais en mieux. Les extraterrestres, ça commence à bien faire. A propos, Ridley Scott remet le couvert avec Prometheus, qui semble ressembler, vu de très loin (cf. bande annonce), à un remake d'Alien en mille fois plus prétentieux. On ferait mieux de s'inspirer d'un cinéaste qui fait des films fantastiques très différents de la norme hollywoodienne, mais auquel on ne pense jamais parce qu'il est classé dans le dessin animé pour enfants : Hayao Miyazaki.

28.12.11

EXOTICA

Différents pays, différentes conceptions de la bourgeoise artiste et fortunée. En France on adore les œuvres humanitaires, mais peu d'artistes en font vraiment la promotion (à part Carole Bouquet, c'est limité). Contrairement aux happy few anglo-saxons, qui aiment mieux feindre l'altruisme et la commisération que l'intelligence ou la sensibilité (cf. mon post "JOLIE"), la bourgeoisie française baigne encore dans le syndrome Bourgeois gentilhomme/Madame Verdurin. C'est à dire que des personnes d'extraction relativement simple, ou du moins qui ne sont pas des universitaires patenté[e]s, ni de grands esthètes, aiment afficher une certaine culture, voire parfois s'y vautrer. Je me doute bien sûr qu'Isabelle Huppert n'est pas d'origine ouvrière, mais son côté collectionneuse d'auteurs, comme d'autres épinglent des papillons, est assez amusant. Je ne vais pas revenir en arrière, mais je remarque qu'en ce moment elle fait feu de tout bois. Passons sur son rôle de mère d'Eva Ionesco dans le premier film autobiographique de celle-ci. Passons sur la comédie avec Poelvoorde dont le titre m'échappe, où elle joue une cultureuse à laquelle elle ressemble comme deux gouttes d'eau. Mais ne voilà-t-il pas qu'on annonce sa présence dans les prochains films du Philippin Brillante Mendoza et du Sud-Coréen Hong Sang-soo. Je ne dirais pas qu'elle risque de leur porter la poisse, mais que souvent les films hybrides, réalisés par des cinéastes orientaux, par exemple, avec des acteurs occidentaux, ne sont pas les meilleurs. Question de greffe qui prend mal, ou tout simplement de scénario adapté aux humeurs de la star — son pouvoir lui étant octroyé par le simple fait que sa présence dans le casting garantit un important complément de budget.

27.12.11

MAGGIE

Des obsèques nationales pour Thatcher divisent les Britanniques

Amusant : le débat fait rage quoique la bougresse réac ne soit pas encore morte. Meryl Streep joue son rôle dans une biopic qui sort en février, intitulée naturellement… La dame de fer. Beau navet en perspective.

26.12.11

HOPKINS

J'ai longtemps cherché une photo potable de Rick Hopkins, photographe doué mais très (trop) démonstratif, trop metteur en scène. Celle-ci me plaît assez.J'aime aussi celle-là, moins dépouillée, voire un peu lourde, mais quand même belle graphiquement.

24.12.11

AU FAIT…

…j'ai terminé L'équipée malaise de Jean Echenoz qui, comme je le subodorais, est une œuvre supérieure à Je m'en vais, son prix Goncourt.. Beaucoup plus complexe, mouvementé, sinueux. Ça ferait un film épatant (mais cher). J'apprécie particulièrement le récit du voyage en cargo. Cela dit, il manque tout de même à Echenoz ce qui fait les grands romans (pour moi), ce sont tout bêtement les sentiments. Enfin, je ne fais pas la fine bouche, cet auteur me ravit avec sa préciosité langagière et ses personnages picaresques.

22.12.11

J-10

Bientôt la fin des Mannequins. Ils vont se retirer tranquillement dans leur entrepôt où ils prendront la poussière et regarderont le rien de leur regard vide. Ha ha ha.

21.12.11

LISTES ?

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
---------
---------
-------
---------
------------
-------
----------
--------------
---------
-------------
Listes des meilleurs films de l'année
--------------
Cahiers du cinéma
1. Habemus papam de Nanni Moretti. 2. L'Etrange affaire Angelica de Manoel de Oliveira — The tree of life de Terrence Malick. 4. Hors Satan de Bruno Dumont — Essential killing de Jerzy Skolimowski. 6. Melancholia de Lars Von Trier — Un été brûlant de Philippe Garrel. 8. Super 8 de J.J. Abrams — L'Apollonide, Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello — La Dernière Piste de Kelly Reichardt.
--------------
Première
1. Black swan. 2. The tree of life. 3. Drive. 4. L'apollonide. 5. Tintin. 6. J'ai rencontré le diable. 7. Animal Kingdom. 8. Polisse. 9. The artist. 10. Never let me go. 11. Bon à tirer. 12. Detective Dee. 13. Les chemins de la liberté. 14. L'ordre et la morale. 15. Le stratège.
--------------
Les Inrockuptibles
1. L'Apollonide. 2. L'Etrange affaire Angelica. 3. Comment savoir. 4. La Piel que habito. 5. La Guerre est déclarée. 6. Dernière séance. 7. Pater. 8. Super 8. 9. Essential killing. 10. Minuit à Paris.
--------------
Que déduire de tout cela ? Que tous ces journaux et critiques se ressemblent. Qu'ils adorent tous L'Apollonide. Je me sens totalement hors concours, parce que si j'ai des meilleurs films en commun avec ces trois listes (Drive, que j'ai mis tout de même en bout de liste, Hors Satan et Essential killing), il y en a énormément que je n'ai pas vus, souvent par choix : Black swan, The tree of life (loupé, pas grave), Polisse, L'apollonide, Un été brûlant, Melancholia (je l'ai en DVD, je le regarderai), L'ordre et la morale, Habemus papam, L'étrange affaire Angelica (loupé, dommage), Comment savoir, La guerre est déclarée, Dernière séance, Minuit à Paris.
Quant à ceux que j'ai vus, il y a les nuls : Tintin, Animal kingdom, Pater ; les moyens : Super 8 (pompier), The artist (mignon), La piel que habito (un Almodovar glacial) ; le bon : La dernière piste (que j'aime moins que Wendy et Lucy de K. Reichardt). Tout compte fait, je me sens plus proche des choix des Cahiers — juste retour des choses puisque j'en viens (même s'ils ont beaucoup changé).
Bref, je m'étonne encore une fois de cette grégarité, de cette consensualité, qui risque à nouveau de croiser les choix des Césars. The artist aura un ou plusieurs Césars (et Oscars), Polisse aussi, L'ordre et la morale possible, L'apollonide aussi, vu l'unanimité critique, La guerre est déclarée c'est sûr de chez sûr, Pater ça risque également. Les autres films français des listes me semblent moins possibles.
En attendant, ci-dessus les photos de deux de mes chouchous de 2011 : Attenberg et La ballade de l'impossible.
En fait j'ai peut-être une explication toute simple à cette disjonction entre moi et le reste de la critique : le festival de Cannes. Je n'y vais quasiment jamais, pas par snobisme mais par manque de moyens. Or une partie des choix des meilleurs films sont effectués parmi les films de Cannes. Ceux qui n'y sont pas montrés ne sont pas forcément nuls, mais ils sont souvent ignorés par une critique paresseuse qui engrange des films à Cannes pour toute l'année et ne voit pas grand chose en dehors (je schématise certes). Ainsi le Tran Anh Hung et Attenberg sont presque passés inaperçus. Idem pour La solitude des nombres premiers. Bref, il serait salutaire de prendre du recul par rapport à Cannes et de moins se focaliser sur ce festival (Berlin surtout, et Venise aussi, sont par exemple beaucoup moins suivis, alors qu'ils sélectionnent une bonne partie des grands films de chaque année). Mais ce panier de crabes parisien aime tant se retrouver sur la côte d'Azur chaque année qu'il est prêt à encenser des mauvais films du moment qu'ils passent au bunker ou à la Quinzaine.
P.S. Désolé pour les galères de mise en page qui m'ont pris des heures parce que j'avais copié-collé des listes de meilleurs films (dont j'espère qu'elles sont exactes) trouvées sur un forum.

"PRINTEMPS"

De tout ce que j'ai entendu lors de ces congratulations et commémorations à l'infini à propos des "événements de l'année 2011", le plus clair pour moi c'est que l'islam risque d'être le grand gagnant de ces "printemps arabes". Non seulement il a gagné du terrain en Irak, non seulement les talibans risquent d'avoir le pouvoir tôt ou tard en Afghanistan (voire au Pakistan), mais la Tunisie est passée à l'islam et l'Egypte le risque aussi, une fois que ses troubles se seront calmés. Dans ce pays, c'est sûrement le parti le plus structuré et le moins corrompu, les populistes et populaires Frères musulmans, qui vont l'emporter dès qu'il y aura des élections. Alors les printemps arabes…

20.12.11

JOLIE

----------------- ---------------------------------------------------------Photo Greg Ponchak-------
-----------
Pour paraphraser le brave Jacques Attali à propos de l'euro : il y a plus d'une chance sur deux pour que ce blog n'existe plus à Noël. A part ça, je découvre qu'Angelina Jolie nous a pondu un beau pensum intitulé In the land of blood and honey, où elle met en scène les amours tragiques d'un militaire serbe et d'une artiste bosniaque pendant la guerre de Bosnie. D'après les critiques américains, le film a été tourné en serbo-croate, mais on ne trouve qu'une version doublée en anglais de la bande annonce, qui renforce le ridicule du film à cause des accents grotesques des comédiens. Horripilant toutes ces femmes riches et célèbres qui jouent les dames patronnesses. Dans le fond je n'ai rien contre. Ce qui me hérisse c'est qu'on exhibe son altruisme et sa commisération. Comme quand Audrey Hepburn se faisait photographier avec des rachitiques enfants africains dans ses bras. On imagine la comédie : mander des photographes, prendre un enfant, prendre la pose. Société du spectacle quand tu nous tiens. Alors, qu'Angelina Jolie, qui est a priori une richarde vivant dans le luxe et au soleil, se mette à donner des leçons de politique a posteriori sur une guerre aussi complexe que celles de l'ex-Yougoslavie, me semble assez problématique. A ce propos, cet après-midi, regardant un film cumulard (thriller politico-social dénonçant d'hypothétiques magouilles gouvernementales avec des marchands d'armes) je me suis pris à rêver au monde d'avant le parlant, où le cinéma n'était pas constamment sommé de servir de caisse de résonance à l'actualité, où c'était un art à part entière. Avec le parlant, tout s'est trivialisé. Le pire désastre fut sans doute le néo-réalisme, né bien avant les années 1940 aux Etats Unis et en Allemagne. Grâce à lui, le cinéma a toujours cru bon de réagir aux événements du monde, alors que la (bonne) peinture a très peu participé à la politique. Quelques contre-exemples : Guernica de Picasso et les tableaux de Goya sur l'invasion napoléonienne. Quant à la musique classique, c'est encore mieux. Remarquez : je ne sais pas s'il y a tant de bons romans qui soient également des commentaires directs d'une quelconque actualité (évidemment on va m'en citer des tombereaux).
P.S. Ceci dit, je retourne à L'équipée malaise de Jean Echenoz, que j'ai eu la faiblesse de m'acheter en occasion.

19.12.11

17.12.11

TOMAS

Antidote parfait à Mission impossible 4, avec ses pénibles numéros de gymnastique acrobatique : La taupe de Tomas Alfredsson (réalisateur suédois de Morse, film de vampire new look). Un thriller d'espionnage comme je les aime, d'après le célèbre roman de John LeCarré. Pour donner une idée du film, cet extrait d'une critique négative (du site américain Goatdog's movies) sur le film : "If the best thing about a spy movie is the wallpaper, perhaps you've miscalculated." = "si le meilleur aspect d'un film d'espionnage est le papier peint, il y a peut-être un problème". Cette réflexion n'est pas fausse. On voit beaucoup le papier peint, on voit beaucoup les costumes gris et les décors beigeasses dans ce film, mais ils participent à l'ambiance générale et la soulignent génialement. Encore une fois, je ne vais pas faire ici la critique, mais par exemple sur cette photo on voit comment le suspense peut naître d'une scène apparemment statique : les deux hommes se parlent sans bouger sur le tarmac d'un aéroport. Pendant ce temps, à l'arrière-plan, un avion s'approche lentement. Il reste flou jusqu'au dernier moment, ce qui ajoute à la menace.

16.12.11

SCOOP MICHAEL JACKSON

Il ne faut pas croire tout ce qu'on lit sur Internet.

15.12.11

FINCHER

Toujours "déceptif" (anglicisme à la mode) comme on dit aujourd'hui, je ne vais rien dire de très consistant sur Millenium 1 version Fincher. Juste que ça ne tient pas beaucoup la route, mais que ce n'est pas très grave. L'avantage c'était que je ne connaissais rien de cette histoire, n'ayant pas lu les best-sellers et n'ayant pas vu les films, séries, etc. Un thriller chicos et bien emballé, dès son générique conçu comme un James Bond, avec une formidable cover d'Immigrant song de Led Zeppelin (due à Karen O. et Trent Reznor – d'ailleurs la musique de Renznor est plutôt bien dans l'ensemble). Mais c'est le genre de film où l'on se retient de creuser parce qu'à chaque fois, on se dit "hum hum". Le détail qui tue le plus, à mon sens, est l'enquête elle-même qui se déroule 40 ans après l'affaire. Pourquoi 40 ans ? Parce que cela permet à Fincher de tourner de belles scènes rétro jaunies au ralenti ? Ouais. Finalement le truc qui me gêne le plus c'est la fin inutile, bouclage de l'histoire du début dont on se contrefout. On aurait dû me laisser les clés de la salle de montage. Je vous aurais fait un film d'une heure de moins, beaucoup plus sec (soit 1 h 40). Bon après je ne discuterai pas les détails de tout ça, qui est dans le fond un genre de Festen retourné à l'envers. On trouvait également des stigmates de cette haine de la bourgeoisie traditionnelle dans un autre thriller suédois récent, à mon sens supérieur, Easy money. Bref, Fincher reste ce que je disais. Bon technicien.
Finalement dans toute cette bande post Spielberg (Abrams, Fincher, Nolan, etc.), celui qui m'intéresse le plus est le plus jeune, Richard Kelly, même si son The Box m'a modérément convaincu. Mais évidemment c'est aussi le plus dingue, donc il risque d'avoir du mal à tourner ses prochains films. A moins qu'il ne mette beaucoup d'eau dans son vin…

14.12.11

MIOCHES

Atterrant. Survolant la presse français du jour, je me rends compte qu'à part de rares exceptions, la critique des journaux populaires et grand public, et celle de la soi-disant intelligentsia, bêle exactement sur le même ton, et par-là rejoint les options du plus grand nombre à propos des films spectaculaires hollywoodiens de la semaine, Hugo Cabret et Mission impossible 4. Je sais que cette tendance n'est pas nouvelle, mais je n'arrive tout de même pas à me faire à cette métamorphose opérée graduellement depuis les années 1980, qui aboutit aujourd'hui à la sacralisation absolue du cinéma gadget et dynamique. Hugo Cabret est certes un gentil (et incohérent) hommage à l'œuvre de Méliès, un chouïa tardif, mais il est totalement consensuel. Quant au décorum du film (ah les engrenages !), excusez moi, mais c'est assez toc. Cette histoire d'enfants qui deviennent des cinéphiles bien élevés sent la naphtaline. Quant à Mission impossible 4, je ne suis pas contre le principe, mais il faudrait éviter de nous resservir un vieux James Bond de l'époque de la guerre froide, relifté avec quelques idées et techniques numériques, plus de la baston à gogo. C'est précisément là où il y a régression. Autrefois les méchants avaient une certaine épaisseur, grandiloquente, certes. Aujourd'hui, pfuitt ! On zappe à toute allure leur personnalité. Exemple flagrant : la pauvre Léa Seydoux, qui s'est blondie et pomponnée pour l'occasion, joue une froide tueuse. Mais elle n'a quasiment pas droit au chapitre. Tout au plus lui offre-t-on une séquence de bagarre mouvementée, qui était jadis le lot d'un quelconque cascadeur. Bas-toi et tais toi ! Idem pour Cruise dans ce domaine : il s'éclate plus avec ses cascades périlleuses qu'avec qui ou quoi que ce soit. L'épicurisme est mort.
P.S. La solution est peut-être à chercher du côté de l'enfance (corollaires : infantilisme, enfantillage), comme vient de me le suggérer une critique laudative de Mission impossible 4 dans un magazine branché, décrivant le film comme : “une poignée de copains réunis autour d'un coffre à jouets”. Voilà le problème.

13.12.11

C'EST FOU…

Mission impossible 4 n'est pas encore sorti, mais je l'ai déjà oublié. C'est dire…
Pour contrebalancer un peu, et pour compléter ma liste des meilleurs films de l'année, voici une liste bis de ceux qui m'ont plutôt titillé (positivement) ces derniers temps, en dehors du Béla Tarr (Le cheval de Turin) que je n'ai pas mis dans ma liste (simplement) parce que le cinéaste a fait bien mieux :
- Corpo Celeste de l'actrice Alice Rohrwacher, qui confirme ce que je pense tout bas : le cinéma italien devient le plus passionnant du moment (la Grèce promet énormément, mais on n'a pas vu assez de films). Ce film sur une adolescente paumée, disjonctée, est un troublant prolongement de La solitude des nombres premiers, dont Rohrwacher jouait justement l'un des rôles principaux.
- Portrait au crépuscule d'Angelina Nikonova, sur la Russie actuelle dans toute sa médiocrité. Un film vrai et juste, qui m'a passablement agacé pour de nombreuses raisons, mais qui au moins ne met pas de gants.
- Le voyage dans la lune de Georges Méliès, pour sa splendide restauration, orchestrée par Serge Bromberg. Hélas une grosse faute de goût : avoir confié la musique au groupe Air, qui fait du mickeymousing envahissant.
- A l'âge d'Ellen de Pia Marais, où Jeanne Balibar dérive et délire en allemand, puisque c'est un film allemand. Bien mieux dans le genre quadra larguée que le français Louise Wimmer.
- Les acacias de Pablo Giorgelli, impeccable road-movie argentin à peine fictionné. Un beau pied de nez à notre cinéma français léché et surécrit. Le scénario minimaliste des Acacias n'aurait jamais eu de subvention du CNC.
- Hell and back again de Dennis Danfung, documentaire sur la guerre d'Afghanistan, superbement filmé avec un Canon 5D, mais dont je n'aime pas le parti-pris narratif, faisant alterner constamment Etats-Unis et Afghanistan.
- Une vie meilleure de Cédric Kahn, qui contre toute attente fonctionne grâce à sa surenchère misérabiliste. A force d'accumuler les événements, ce mélo social politiquement correct touche au romanesque. Et ce malgré la présence de Guillaume Canet, qui est moins pire que je le craignais.
- Maître du monde de Enrico Giordano, entre minimalisme absolu (un acteur seul dans la nature) et photo de mode. Très intéressant principe : un trader va délibérément se perdre dans une forêt, mais continue à s'habiller chicos et à prendre des poses.

11.12.11

JE BOYCOTTE…

…d'emblée Le cheval de guerre de Steven Spielberg. Encore un cumulard/stakhanoviste/égotiste qui ne laisse pas de place pour ses petits camarades et croit avisé de sortir un deuxième film en tant que réalisateur quelques mois à peine après sa bouse tintinesque. Eh bien ça sera sans moi. Je vais encore me cogner le Eastwood (sauf si on me dit qu'il n'y a plus de places, ouf), et le Fincher (resucée de resucée de succès suédois bien amorti), qui m'intrigue un peu plus, enfin à peine. Encore un cinéaste surestimé dont on oublie qu'il est l'auteur de films tout à fait inexistants, comme Panic room, pur exercice technique (je ne me suis pas encore décidé à voir son Social network que j'ai en DVD).

9.12.11

LIVRES

Je lis assez régulièrement, en dehors des quelques bouquins historico-politiques qu'on me confie pour en faire la critique. Evidemment je ne m'intéresse pas aux livres à la mode. Rien à cirer. Enfin, j'ai quand même lu le dernier Houellebecq que j'avais trouvé abandonné dans un supermarché (endroit idéal pour cet écrivain). J'ai lu un autre Goncourt plus récemment, mais celui de 1999 : Je m'en vais, de Jean Echenoz. Celui-là je l'ai acheté en poche (des Editions de Minuit, je ne savais pas que ça existait). Eh bien, j'ai beau énormément apprécier Echenoz, son humour, son ton guindé/décalé — il est tout ce que Houellebecq voudrait être ; je soupçonne même ce dernier de s'être un brin inspiré de Je m'en vais pour La carte et le territoire, car il y a entre eux plusieurs points communs, notamment la description du milieu de l'art contemporain —, ce livre m'a légèrement déçu car il m'a semblé s'effilocher après un départ épatant. Peu à peu l'intrigue semblait devenir sans objet, vaine, plate. Dommage qu'il ait eu le Goncourt pour celui-là. J'avais largement préféré Lac ou Nous trois. Mais je ne me décourage pas. De plus ça fait longtemps que je veux acheter son Ravel (qui est un de mes musiciens préférés). J'ai lu un classique de la littérature russe, Oblomov d'Ivan Gontcharov, que j'ai adoré et qui pour moi fait peut-être la synthèse entre le satirisme à la Gogol (génial Les âmes mortes) et la mélancolie tchékhovienne. Au départ ça m'a agacé, ensuite ça m'a de plus en plus fasciné. Oblomov est évidemment un personnage immense, l'égal de Don Quichotte. Je ne vais pas m'étendre là-dessus, mais c'est ce que j'ai lu de plus fin et de plus juste dernièrement sur la condition humaine. J'avais vu jadis l'adaptation filmée du roman par Mikhalkov, mais elle est loin de m'avoir laissé une grande impression. Après j'ai voulu relire Le loup des steppes de Hermann Hesse, un classique de ma jeunesse. Bien mal m'en a pris. Je déteste, et n'ai pu le terminer qu'en diagonale. Un fatras allégorique. Il y a d'autres Hermann Hesse bien plus lisibles à mon sens, comme Narcisse et Goldmund, Peter Camenzind, qui est une sorte de Loup des steppes en bien moins prétentieux, ou même la bible des hippies, Siddhartha. Après j'ai commencé à lire Images d'un jour de pluie, des textes de jeunesse épars de Jean Giono, dont j'apprécie toujours autant la langue. Je ne l'ai pas terminé, mais je le reprendrai dès que j'aurai terminé ce que j'ai en train : Cabeza de vaca, relation de voyage (1527-1537). Soit le journal d'un conquistador espagnol, perdu au sud des futurs Etats-Unis à la fin du XVIe siècle. Le Mexicain Nicolas Echevarria en avait tiré un film de toute beauté. Le livre ne ressemble pas beaucoup au film : il est plus terrible, plus sordide. Je ne l'ai pas encore terminé, mais il m'a déjà guéri du rousseauisme. J'ai compris que les êtres primitifs étaient aussi souvent les plus misérables, qu'ils crevaient la faim et s'entretuaient. La relation d'Alvar Nuñez, dit Cabeza de
vaca, est à rapprocher des parties les plus "tristes" de Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss. Etre indien n'était pas une sinécure et être leur esclave pas une partie de plaisir. J'adore le style du récit, d'une sécheresse à ravir. Marcel Proust devrait en prendre de la graine…
P.S. Vu un film étrange hier, dont je ne sais pas si c'est du lard ou du cochon : Maître du monde (photo).

8.12.11

CEINTURE

J'ai écrit tout un post hier sur la ceinture de sécurité, sur le fait que dans les pays occidentaux très règlementaires et riches, on la met, et que dans les pays moins riches, on ne la met pratiquement jamais – même si toutes les voitures neuves du monde en sont équipées. Hélas mon post a été effacé pour une raison qui m'échappe. Je sais que je faisais aussi un lien avec le cinéma, mais je ne rappelle plus comment. La quintessence de cette remarque était pour moi que les gens du tiers-monde (expression vieillotte que j'utilise pour aller vite) rêvent de ressembler aux riches occidentaux, empruntent leurs modes de vie et leurs produits industriels, mais sans réelle raison. Par mimétisme, par complexe. Avoir l'air occidental valorise. Après, je crois que je disais que les cultures locales et ancestrales disparaissaient partout, et que même les notions d'art et d'histoire devenaient caduques. Ah oui, je faisais un lien avec un film russe vu récemment, où je m'apercevais que la société russe n'avait plus aucune culture (ceci étant corroboré par mes voyages dans ces régions), et que son cinéma actuel témoignait fidèlement de cette disparition. Je comparais avec Tarkovski et même Sokourov, dont les films sont truffés de références classiques et culturelles. Après je ne rappelle pas comment je concluais. Ça me reviendra peut-être. Tout ça pour dire que ceci n'est qu'un ersatz de ce que j'avais écrit hier, qui était mieux senti.

6.12.11

невозможный

J'ai vu Mission impossible - Le protocole fantôme (au diable-vauvert). Je n'ai pas le droit de le raconter (c'est trop torride), mais je vais le faire quand même : panpanpan pan pan ti douit tidouit boum boum boum zzzziiiiiiiiiiii poum poum poum panpanpan pan pan ti douit tidouit boum boum boum zzzziiiiiiiiiiii poum poum poum.
Eh oui, tout ça.
P.S. Ah oui, j'oubliais : panpanpan pan pan ti douit tidouit boum boum boum zzzziiiiiiiiiiii poum poum poum panpanpan pan pan ti douit tidouit boum boum boum zzzziiiiiiiiiiii poum poum poum.

4.12.11

TOP 14 2011

-----------------------------------------------------------------photo de Jan Kempenaers----------------------
And the winners are :-----------------------------------------
--------
- Attenberg, de Athina Rachel Tsangari — à mon sens la plus belle application de l'art brut au cinéma, y compris pour ces séquences de danse impromptues et pas forcément indispensables. Le cinéma grec s'élève en même temps que la débâcle financière gagne le pays. Même phénomène qu'en Argentine il y a une dizaine d'années. Pour résumer : liberté intense de mise en scène et de jeu des comédiens. Une dramaturgie extrêmement souple, qui fait la part belle au vide, au non-dit et à la désinvolture.

- La Solitude des nombres premiers, de Saverio Costanzo — après Amer, une deuxième géniale transposition du giallo. Non seulement par la musique (dont un morceau a été emprunté à Argento), mais par le sens baroque de la couleur (à laquelle le sang participe), le jeu avec les flashes-backs, les époques, mais aussi l'époque décrite (des 70's aux 80's). Sans doute la meilleure et la plus belle aventure kitsch de l'année. Un kitsch qui fait mal.

- Exit, una storia personale, de Massimiliano Amato — un autre film transalpin, celui-là complètement fauché, sorti en catimini et oublié, qui est un fulgurant jeu avec la folie, sur la folie. Les chassés croisés et poursuites de deux frères. L'un, rangé, l'autre schizophrène ou psychotique. Personnage (et physique) purement pasolinien pour un récit également déconstruit comme une fuite exténuée au bout du paysage.

- La Ballade de l’impossible, de Tran Anh Hung — encore une histoire de folie (décidément !), mais aussi d'amour fou. Encore un chassé-croisé tragique. Une adaptation rêvée du livre culte de Murakami que je n'ai pas lu, par un Français d'origine vietnamienne, qui signe le plus beau film japonais de l'année, et qui par la même occasion remonte en flèche dans mon estime (je n'avais vu que Cyclo de lui). L'intrication des deux registres liée aux deux personnages féminins diamétralement opposés que fréquente le héros s'allie idéalement avec le climat politique troublé (les années 1960 au Japon) plus une certaine dimension pop.

- Agua fria, de Paz Fabrega — adoré le climat entre rêve et cauchemar tropical, le côté crépusculaire et naturel de cette simple histoire d'enfant qui somatise et se perd au bord de la mer. Une leçon de nature.

- Hors Satan, de Bruno Dumont — une autre leçon de nature, mais plus sophistiquée, et un cinéaste qui remonte aussi en flèche dans mon estime. Je ne me complique pas la vie, je réagis spontanément. Les atouts du film sont naturellement le décor naturel, formidablement exploité (exemple : la scène de traversée d'un plan d'eau inspirée par Tarkovski), les personnages aussi troubles que touchants. Même la dimension religieuse reste assez vague et limite panthéiste pour me toucher. Les ricaneurs qui comparent à Dreyer ont tout faux. Ce film est candide, sans calcul. Un plaidoyer pour la croyance et pour la magie ordinaire.

- Augustine, de Jean-Claude Monod et de Jean-Christophe Valtat — un moyen métrage inédit sur les expériences de Charcot sur l'hystérie à la Salpêtrière, notamment avec une nommée Augustine, qui devint son cobaye favori. Magnifique travail, à la foi sobre et fiévreux, dans un très beau noir et blanc. Ça vous réconcilie avec les films en costume.

- Dharma guns, de F. J. Ossang — je ne suis pas fan à 100% des élucubrations d'Ossang, mais même si ce film se réduisait à sa séquence d'ouverture, avec Elvire au volant d'un hors-bord tractant Guy McKnight, d'une splendeur sans nom, cela suffirait à le placer au-dessus de toute la production française. Pour moi cette scène est un hors d'œuvre corroboré par une esthétique d'une cohérence et d'une singularité impeccable comme un instantané surréaliste inédit. J'adore ce film comme objet.

- Entre chien et loup, de Jeon Soo-il — road movie, dérive existentielle ou existentialiste, non-dit à tous les étages, indécision amoureuse ou plutôt flou amoureux. Cela ressemble dans ses très grandes lignes à certains récents Hong Sangsoo — un cinéaste qui part à la dérive et se raccroche à une femme —, mais Jeon Soo-il ne choisit pas les mêmes solutions esthétiques que son compatriote. Il a un souci plus écologique, au sens propre : étude du personnage dans son milieu. Il ne filme pas des événements ou des situations mais des pans de paysage dans lesquels il insère ses personnages. Un peu comme Dumont, mais avec moins d'intention. Cet attentisme du regard fait toute la beauté de ce monde là.

- Essential killing, de Jerzy Skolimowski — une expérience hors-norme due à un vétéran du cinéma polonais qui remet tout en question sans le moindre scrupule. Il bat les cartes de son cinéma et les redistribue d'une manière tout à fait différente. Ici en accentuant la fuite, le mouvement, la bestialité d'un homme traqué. Un personnage unique que ne pouvait incarner qu'une tête brûlée comme Vincent Gallo. Ce rôle lui va à ravir.

- Drive, de Nicolas Winding Refn — un film plus traditionnel, disons hollywoodien pour simplifier, qui est le seul film américain que je retiens cette année. Sans doute parce qu'il n'est pas tout à fait américain, car réalisé par un Danois (je sais bien que ça ne veut rien dire). Ce cinéaste que je n'ai pas toujours adoré met un peu de froideur et de couleur dans la nuit, apaise la noirceur de ce film parfaitement noir grâce à une sorte de recul élégant et contemplatif. Ainsi il transcende le cliché du loser pris dans un engrenage infernal. Pour résumer, le côté fluide et planant de Drive fait toute la différence.

- Arriety, de Hiromasa Yonebayashi — faute de Miyazaki on mange des grives, ou plutôt on se rabat sur un de ses lieutenants qui trousse une curieuse fable d'amour impossible entre un garçon et une fillette microscopique. Ce jeu des tailles et des échelles appliqué au dessin animé ligne claire façon Ghibli rend l'exercice délectable et troublant.

- Carancho, de Pablo Trapero — thriller social, genre que l'Argentin Trapero est quasiment le seul à maîtriser aujourd'hui. C'est à la fois un film d'action, un polar, et une histoire d'infirmière, d'avocat, d'hôpital, de milieu modeste. Avec sans doute la plus étonnante scène de fusillade urbaine de ces dernières années. Un modèle de ce que devrait, pourrait-être un thriller nord-américain.

- La Mujer sin piano, de Javier Rebollo — splendide histoire de dérive nocturne, qui ne cherche pas à convaincre, démontrer, raconter, mais simplement à rêver. Ce film est un rêve, un chouïa kafkaïen comme les rêves, régi par l'illogisme et le coq à l'âne. J'ai particulièrement apprécié la manière dont le film suivait des personnages très secondaires quelques secondes ou minutes avant de revenir à l'héroïne, qui quitte brusquement son domicile au milieu de la nuit.

Il y a évidemment énormément de films que je n'ai pas vus. Le plus souvent par choix. Il y en a d'autres que j'aurais bien voulu voir par curiosité, mais je ne l'ai pas fait. Et puis il y a ceux que j'ai vus (beaucoup de films américains) qui ne m'ont pas assez marqué pour que je les inclue dans ma liste. La dernière fois que j'ai publié une liste, on m'a traité de snob parce que j'ai cité des films peu connus. Il faudrait plutôt se demander pourquoi certains films ont du succès et d'autres passent inaperçus. Ce qui fait que tout le monde se précipite sur certains films ne me touche pas forcément. Exemple : le côté pseudo ET du monstre de Super 8 de Abrams ; le côté Amélie Poulain de Hugo Cabret, etc. De toute façon je n'ai pas à me justifier, mais le fait est qu'on vit une époque où la différence est mal perçue. Cela je pense en raison de la concentration des médias et de la publicité qui ont tendance à unifier les pensées et les comportements. Mais cela a des bons côtés aussi…

1.12.11

CHIENS

J'ai vu hier Les nouveaux chiens de garde, une adaptation du livre de Serge Halimi sur la collusion entre médias et politique en France. Je n'ai pas lu le livre, mais comme ce documentaire est co-scénarisé (pas écrit) par Halimi himself, je suppose qu'il est conforme au "Urtext" du directeur du Monde diplomatique. Pour ma part ce genre de film me réjouit car j'ai un assez vaste mépris pour les riches, les puissants, les mondains, etc. Voir à quel point des gens comme Alain Minc (mais c'est évident et connu) sont des pantins ridicules et vendus est effarant. Voir comment en trente ans Michel Field a complètement retourné sa veste, passant de l'extrême-gauche limite terroriste à l'animation de meetings UMP ou de galas pour les supermarchés Casino, est édifiant. Ce film n'apprend cependant rien de nouveau par rapport aux premiers films de Pierre Carles, qui dénonçait les mêmes collusions. Disons qu'il le faisait avec plus de mauvais esprit, ce qui était préférable (car comme le dit Pierre Desgraupes dans le doc, les auteurs désagréables sont nécessaires). D'ailleurs je regrette un peu d'avoir parfois émis des réserves sur Carles. S'il est souvent agaçant, il touche quand même assez juste. Cependant il me semble que tous ces combats et toutes ces dénonciations sont limités. En gros on reproche à la presse française de ne pas être indépendante et d'être aux ordres du pouvoir et du patronat. En fait, le problème est ailleurs. Moins les journaux se vendent, plus ils sont dépendants de la pub et des milliardaires qui les rachètent pour en faire leurs "danseuses". Mais il y a d'autres facteurs de non indépendance et de non objectivité de la presse : le copinage et les allégeances politiques diverses. Dans le domaine que je connais le mieux car j'y travaille, la presse dite culturelle, il y a d'autres écueils qui rendent impossible une réelle sincérité (je ne parle pas d'honnêteté qui est un trop grand mot). Outre le copinage précité, outre la pub qui oblige intrinsèquement à mettre en avant les produits dominants (ceux qui ont les moyens de faire de la pub et qui financent indirectement la presse), il y a les contraintes événementielles, selon lesquelles on crie au génie quasiment toute l'année. Ça me fait marrer. Il faut flatter le lecteur, car si vous lui dites que tout est merdique, vous le dégoûterez de consommer et/ou il arrêtera d'acheter votre journal. Pour en revenir à Halimi & co, ils ont certainement raison, mais ils ont tendance à oublier que si la presse est si servile actuellement c'est d'abord parce qu'elle est aux abois. Sans la concurrence des médias électroniques, auxquels on peut ajouter radio et télévision, la presse pourrait continuer à dicter sa loi aux puissants. Car un journal qui se vendrait suffisamment n'aurait pas besoin de publicité. Il pourrait dénoncer les excès de telle ou telle multinationale ou de tel ou tel politique avec une bien plus grande latitude. Bien sûr, il y a encore quelques publications indépendantes, mais leur impact et leur diffusion sont limités. A propos de diffusion, voilà encore un problème. En France, la distribution de la presse est le quasi-monopole de Presstalis, nouveau nom des célèbres NMPP, dont l'actionnaire majoritaire est Hachette, donc le groupe Lagardère, qui possède Hachette. Autrement dit, un titre qui ne conviendrait pas à ce groupe pourrait avoir des problèmes de survie.

OGM

Il serait temps que quelqu'un dise clairement que le débat sur les OGM est un faux débat. En effet, tout le monde en mange tous les jours. Il y en a dans les aliments industriels contenant du maïs et du soja, c'est à dire presque tout (sous forme de farines, protéines, amidon, huiles, lécithine, maltodextrine, sirop de glucose, dextrose). Il y en a également dans des produits comme le lait (et ses dérivés) et la viande, puisque la plupart des bovins sont également nourris au maïs et soja — produits un peu partout dans le monde et importés dont ne sait où.

30.11.11

NANAR (3)

Dans la famille nanar de la semaine, Je m'appelle Bernadette (bande-annonce : CLIC), qui hélas ne semble pas valoir quelques pépites précédentes (Or noir, Celles qui aimaient Wagner), mais qui devrait néanmoins réjouir quelques mauvais esprits. Il y serait question de la croisade de Dame Chirac pour les petites pièces jaunes en compagnie du preux Messire Douillet.

27.11.11

AMÉRIQUE (SUITE)

Une bande-annonce m'a fait penser à ça : l'Amérique est la part inavouée de notre psyché. Tout ce que l'on ressent d'enfantin, de grossier et de régressif, mais qu'on n'oserait sans doute jamais avouer ouvertement, se retrouve dans le cinéma américain. Il se charge de déverser à notre place les sentiments simplistes ou les désirs immatures de destruction que nous n'assumons pas. C'est d'ailleurs pour cela, dans le fond, pour toute cette infantilisation, pour ces phobies irrationnelles, cette folle énergie physique ou cinétique, ces explosions lactées ou brûlantes, que le cinéma américain est le plus abstrait de tous. Pour un Américain, le monde est un puzzle chatoyant et miroitant sur lequel il suffit de surfer avec une sucette dans la bouche pour être rassuré. C'est pour cela même que cette année comme tant d'autres vous ne trouverez pas de films américains (blockbusters) dans ma liste des dix meilleurs films de l'année qui va énerver ceux qui viennent voir sur ce blog quelle ânerie j'ai encore pu pondre. Je la publierai dans très peu de temps…

SYRIE

Les pays arabes projettent de cesser les relations avec Damas

C'est drôle comme là aussi il y a deux poids deux mesures. On a pilonné la Lybie qui avait un régime et une situation similaires, et on prend des pincettes, on tergiverse à l'infini avec la Syrie, en la menaçant mollement, en déclarant que “si ça continue, on va faire ci ou ça”. Je sais bien que j'en ai déjà parlé, mais je n'en reviens toujours pas. De toute façon je n'en démords pas : le plus horrible, c'est la Corée du Nord.

25.11.11

LE CINÉMA AMÉRICAIN EST-IL LE PIRE DU MONDE ?

J'aime bien des phrases comme celle-là. Les Etats-Unis sont devenus tellement sacrés que ça m'amuse. La réponse à la question, je ne l'ai pas vraiment. J'aime mieux la poser qu'y répondre. Je ne discuterai pas sérieusement du film de Scorsese, Hugo, alias Hugo Cabret en VF. C'est un mauvais débat que de se lancer là-dedans. A la limite, je ne suis pas compétent. Ce cinéma ne me concerne pas. On peut certes dire qu'il a le mérite de rappeler la place de Georges Méliès dans le cinéma, ce que ne font pas beaucoup les Français – à part l'infatigable Serge Bromberg, naturellement, dont le documentaire et la restauration du Voyage dans la lune sortent la même semaine. A priori je vous enjoins à aller voir plutôt ça que le Scorsese, qui m'a soit dit en passant rappelé le meilleur film de Chahine, Gare centrale. C'est ça que Scorsese aurait dû faire : un remake de Gare centrale. Ce que je remarque surtout c'est que Scorsese récrit l'histoire. Il l'américanise. Il rappelle que Méliès a existé, mais lorsque l'automate signe le nom du cinéaste, il oublie un accent et écrit "Mélies". C'est un détail, mais il montre à quel point les anglo-saxons ne s'intéressent jamais vraiment au reste du monde. J'ai été particulièrement frappé par le fait que quand Scorsese montre un résumé accéléré du cinéma muet dans le film, il le consacre à 98% aux films de son pays. Du cinéma européen, il ne me semble avoir vu qu'un plan du Cabinet du Docteur Caligari. Dans ce digest, il insiste surtout sur l'image d'Harold Lloyd suspendu à une horloge (idée dupliquée dans le film lui-même). Evidemment, il parle de Méliès, puisque c'est le sujet. Mais ce n'est pas le premier Américain à s'y être intéressé sérieusement comme on le voit dans le docu de Bromberg. Par ailleurs les références littéraires sont également anglaises. On parle de Dickens (certes on mentionne en passant Jules Verne, un des inspirateurs de Méliès), et l'un des personnages cite même du Coleridge, poète anglais très peu connu des Français. Quant à la description des autochtones, elle est toujours aussi factice. On remarque tout de même que Christopher Lee est revenu à la case départ : il joue à nouveau les utilités dans un film rétro hollywoodien situé à Paris. Dans Moulin Rouge (celui de Huston, 1952) il incarnait Georges Seurat. Ici, un libraire style Père Noël. Scorsese s'explique ainsi du casting : “J'ai choisi des acteurs anglais pour la plupart des rôles, et j'utilise l'accent britannique comme s'il faisait partie de l'univers des personnages. Même si le cadre de l'histoire est le Paris de 1931, il s'agit d'un monde rêvé, d'une réalité sublimée, et jouer sur l'accent contribue au décalage.” Autrement dit, quand un Américain rêve de la France, il rêve qu'elle est peuplée d'Anglais. Etrange, car Spielberg a procédé de même pour son Tintin, où ce sont des Anglais qui incarnent les héros. Autrement dit, ce que les Américains ont imaginé de plus exotique pour représenter l'Europe (la France ou la France/Belgique) ce sont des gens parlant la même langue qu'eux avec un accent archaïque. Je tire sans doute des conclusions hâtives, mais dans cent ou deux cents ans, la France sera peut-être économiquement morte et transformée en vaste Disneyland à l'usage de la planète entière.

24.11.11

HUGO

J'aime bien cette phrase à propos de Hugo Cabret de Martin Scorsese : "Un plaidoyer pour la conservation des films réalisé avec le médium qui les a tués, Hugo Cabret prouve a son corps défendant que les vieux films étaient meilleurs.” (Ann Lewinson, Boston Phoenix)
Je reviendrai sur ce film bientôt.

23.11.11

150

Assez piteux, le marketing du film Donoma qui est fondé sur un soi-disant budget de 150 euros. A quoi ça rime ? Ce qu'a coûté une œuvre n'est pas un gage de qualité. Un petit budget serait-il une garantie artistique ? N'importe quoi. Ensuite, 150 euros c'est du pipeau évidemment. Même le tournage n'a pas coûté 150 euros. Enfin admettons. Là où il faut ajouter des zéros, c'est à la post-production. Pour qu'un film sorte en salle il ne faut pas 150 euros mais plutôt 100 000 euros. Kinéscopage, développement, mixage, attaché de presse, copie, affiche, projections, etc. Tout cela coûte des sous. J'en sais quelque chose moi qui ai fait un film avec environ 50 000 euros (mal gérés certes) et qui n'ai pas eu de distributeur, pas d'affiche, pas d'attaché de presse, et une seule copie. Je ne juge pas le film Donoma, que je n'ai pas vu, mais son lancement djeunz, qui sent le marketing de streetwear, de marque de baskets, de boîte de nuit… (voir ci-contre l'article de Elle. Si un torchon comme Elle en fait la promo, franchement c'est mauvais signe).

22.11.11

CORÉE

Ayant vu deux films sud-coréens la même journée par hasard, je décernerai la palme du meilleur cinéaste de cette contrée lointaine à l'un des deux. A priori le meilleur de tous était jusque là Hong Sang-soo. L'un des deux films d'aujourd'hui était son œuvre à sketches Oki's movie. Le cinéaste asiatique du badinage amoureux est en train de devenir le Emmanuel Mouret asiatique. Franchement, il baisse de plus en plus en radotant à l'infini sur les coucheries de ses veules alter-egos (cinéastes profitant de leur notoriété). Cette insistance complaisante sur la malhonnêteté masculine tourne au système. Certes il y a d'autres réalisateurs sud-coréens remarqués. Lee Chang-dong, ex-ministre, étant le plus intéressant cinéaste moyen, téléramesque. Je ne déteste pas ses films, mais bon. Quant aux autres qui ont la cote chez les cinéphiles, notamment Bong Joon-ho (The Host, Mother), je reste circonspect. Certes je n'ai pas vu son mythique Memories of murder. Quant au frappadingue du crime, qui a supplanté le pénible Park Chan-wook, j'ai nommé Na Hong-jin (The Chaser, The Murderer), il est trop paroxystique à mon goût. En fait, l'autre Sud-coréen dont j'ai vu un film aujourd'hui est l'antithèse absolue de Na Jong-Hin. Il s'appelle Jeon Soo-il. Seuls deux de ses films sont sortis en France à ce jour : La petite fille de la terre noire et Destination Himalaya. J'avais beaucoup apprécié le premier et avais noté sa parenté thématique et formelle avec un certain cinéma chinois. Mais je n'avais peut-être pas été assez attentif. Quant au deuxième, je l'avais traité avec une certaine légèreté, sans comprendre que c'était dans le non-dit, le non-faire, la déambulation, le rien, que Jeon Soo-il était sublime. Je viens de comprendre avec son troisième film qui sort bientôt, Entre chien et loup, bien que tourné avant les deux autres. Pour simplifier voire caricaturer, on pourrait comparer ça à Antonioni. Mais c'est autre chose. A mon sens ce cinéaste écrase les autres car il a une immense confiance dans le réel, il sait le regarder, sans interférer, sans fabriquer, sans surjouer sa mise en scène. Pourtant, il ne fait aucunement du documentaire.

20.11.11

DIRE…

…que j'ai failli aller voir ça (CLIC) par inadvertance. J'en frémis rétrospectivement. Je crois que je préfèrerais encore le film sur Wagner. Honnêtement y a-t-il un cinéaste plus ringard que Jean-Jacques Annaud, qui fait du sous-Hollywood des années 1950 avec 60 ans de retard ? J'ai du mal à le concevoir.

17.11.11

FIN

Je suis assez frappé par une curieuse conjonction, à partir de laquelle on ne peut certes pas généraliser. Mais bientôt on pourra presque parler d'effet de contagion. Il y a d'abord eu Krysztof Kieslowski dans les années 1990, qui a déclaré qu'il arrêtait le cinéma. Il a tenu parole et est mort peu de temps après, à 54 ans. Plus près de nous, ce fut Luc Besson, en 2006. Lui c'était du pipeau, ce qui ne nous étonne pas de la part de ce cinéaste qui n'a jamais brillé par sa franchise ni la rectitude de ses trajectoires et de ses projets. Ensuite il y a eu l'histoire cafouilleuse de Joaquin Phoenix, qui a juré qu'il se lançait dans le rap et arrêtait le cinéma. Cela a abouti au vrai-faux docu de Casey Affleck dont tout le monde s'est (royalement) foutu. Aujourd'hui, deux nouveaux cinéastes sont sur les rangs de la démission. Steven Soderbergh a prétendu vouloir arrêter pour se lancer dans la peinture, mais en même temps il prépare quatre nouveaux films comme réalisateur qui devraient le mener jusqu'en 2014 au moins. David Lynch c'est quasiment le contraire : il n'a jamais annoncé qu'il voulait arrêter, mais c'est bien ce qu'il fait. A part quelques courts métrages insignifiants (plus une pub), il n'a pas tourné de film depuis six ans, préférant se disperser entre musique, peinture et autres (création de boîte de nuit). Il dit lui-même qu'il n'a pas spécialement d'idée pour un nouveau long. Quant à Béla Tarr, lui, il répète à l'envi qu'il ne tournera plus. Pourtant il a à peine un peu plus de la moitié de l'âge de Manoel de Oliveira qui continue à battre les records à près de 103 ans (deux nouveaux films en route !). Tout ça apporte de l'eau à mon moulin concernant la fin du cinéma. Inconsciemment, notre époque se dit que les fictions de 1 à 2 heures que l'on va voir dans une salle sont obsolètes et qu'il faut trouver autre chose. Trop d'écrans partout et en tout lieu dévaluent le cinéma de fiction traditionnel. Du coup, je serais prêt à parier que le roman ou du moins le texte écrit acquièrent une plus value, un regain d'intérêt et de passion. Tout cela n'est bien sûr qu'intuition. De plus cela ne m'empêche pas de me lancer dans un nouveau projet de film. Mais dès que j'entrevois une autre possibilité je m'engouffrerai dans la brèche.
Tiens qu'est-ce que je disais ! Voilà ce que je viens de recevoir :
Bonjour,
Nous souhaitions vous informer de la fin du Tournage du nouveau film de Manoel de Oliveira, GEBO ET L'OMBRE. Film écrit et réalisé par Manoel de Oliveira, Gebo et l'ombre est l’adaptation de la pièce Gebo e a Sombra, écrite en 1923 par Raul Brandão.
Le Pitch : Basée à la fin du 19ème siècle, le film raconte l'histoire de Gebo, père de famille infortuné qui sacrifie sa vie et son honneur pour protéger son fils en fuite.
Avec Michael Lonsdale, Claudia Cardinale, Jeanne Moreau, Ricardo Trêpa et Leonor Silveira.
Production : MACT productions ( Martine et Antoine de Clermont Tonnerre ) et O Som e a Fúria ( Luis Urbano )
Distribution : EPICENTRE FILMS ( Daniel Chabannes )

11.11.11

SÉRIES

Comme souvent, je vais lancer un sujet sans trop le développer, faute de temps et de réelle patience. Je me réserve la possibilité d'y revenir le cas échéant. Je disais que le cinéma était mort ou presque (j'aime bien exagérer) et que les séries allaient le remplacer. Ce faisant, on avait l'impression que je m'excluais de la tendance, que je réprouvais les séries comme forme subalterne. J'en ai d'ailleurs dit plus de mal que de bien sur mes blogs. Mais je n'étais pas honnête car moi-même j'ai été accro à plusieurs séries au fil du temps, même si je n'en regarde plus guère — sauf parfois pour en rendre compte dans la presse (en général on me refile des trucs français car ça n'intéresse personne). Pour moi ça a commencé il y a longtemps avec un truc qui s'appelait Le riche et le pauvre, avec Nick Nolte et Peter Strauss. Je ne m'en rappelle pas du tout à part que je suivais ça avec une certaine avidité. Après il y a eu Twin Peaks, que j'allais voir régulièrement dans un bureau de la chaîne qui le diffusait (j'ai oublié laquelle, c'était vers Passy). J'ai donc vu tout Twin Peaks, y compris le pilote pour lequel Lynch avait tourné une fin différente. Mais j'ai aussi vu tout On the air, une sitcom loufoque de Lynch qui a fait un gros bide. J'ai les cassettes quelque part. Il y avait tout de même des trucs super, un peu dans le genre de Pee Wee de Tim Burton. C'est étrange, Lynch a toujours voulu faire des comédies, mais à part cette série (courte) il ne s'y est jamais risqué. Idem pour le plus sérieux Hotel room, trois épisodes-test d'une autre série potentielle se déroulant dans la même chambre d'hôtel à des époques différentes ; apparemment ça n'a pas plu non plus. C'est pour ça que Lynch a disparu de la télé (maintenant il fait des disques et des boîtes de nuit). Après, un autre gros morceau fut Lain : serial experiments, une série d'animation japonaise assez fabuleuse sur une ado plus ou moins morte, plus ou moins fantôme, qui revit après son suicide dans une autre dimension, qui se perd dans l'univers virtuel d'internet (si je me souviens bien). Travail sur le son envoûtant. Ambiance magnifiquement technoïde, avec des séquences qui faisaient penser à De Chirico (mais beaucoup de choses me rappellent De Chirico, y compris les films d'Argento et Antonioni). Après ou avant, j'oublie, il y a eu Futurama, un succédané futuriste des Simpsons (du même Matt Groening). J'adore toujours le style paradoxal zinzin de cette série. Ça n'est jamais très loin du burlesque barré d'un auteur de SF oublié que j'adore : Robert Sheckley. Par exemple, un des héros, Bender, est un robot. Il habite un studio géant mais sa chambre est un placard. Il doit boire de l'alcool pour rester sobre et ne pas rouiller. Etc. Après ou avant il a eu X-Files, à quoi j'étais aussi gravement accro. Ce qui m'a guéri définitivement furent les longs métrages tirés de X-Files. Au secours ! Ensuite il y eut Lost, que j'ai suivi religieusement jusqu'à l'avant-dernière saison. La dernière, je ne l'ai presque pas vue. Je ne sais pas comment ça finit et je m'en fous. J'avais décroché. A force de jouer avec les paradoxes spatio-temporels, bref, de prendre les gens pour des idiots, et de tourner en rond dans le même bout de jungle hawaïenne, ils m'ont donné le tournis. Le bluff et la fuite en avant ne peuvent pas être des principes narratifs. Par ailleurs, j'ai un peu picoré de ci de là. Mais rien ne m'a autant happé. Heroes, ça tourne au système répétitif au bout de quatre épisodes. Mad Men c'est chicos, mais je préfère les films de cette époque à une imitation ripolinée et pseudo transgressive. Glee = Lol. Desperate housewives : un certain charme plan-plan et routinier. Nip/Tuck : berk. Urgences ou Dr. House : parfois regardable, pas indispensable. La plus drôle pour moi c'était Larry et son nombril, mais je ne me suis pas donné le mal de chercher la suite sur le net. J'ai vaguement cherché John de Cincinatti. Pas trouvé. Les Soprano : ouais. Je sais que je devrais regarder Carnivale, qui est un peu dans mon style mais le peu que j'en ai vu m'a découragé. Il faudrait que je fasse une nouvelle tentative. A suivre (peut-être).