31.7.11

ARIEL, GÉNIE POP

Pape de la lo-fi et père supposé de la "chillwave", Ariel Pink est tout simplement un génie méconnu de la pop – hélas inconnu en France –, qui œuvre depuis les années 1990 à Los Angeles, et qui a accédé récemment à un statut un peu plus luxueux (meilleur son) avec son groupe Haunted Graffiti. Il a aussi gommé ses expérimentations les plus extrêmes qui rendaient son travail parfois un peu difficile d'accès. D'où l'album Before today, dont est tiré ce clip (Bright lit blue skies : CLIC), ainsi que l'entêtant Round and Round (CLIC - le clip non officiel), tube en puissance grâce à sa mémorable ligne de basse (qui rappelle Broken English de Marianne Faithfull). De cet incroyable melting-pot d'influences allant des Beach Boys à la New Wave en passant par Todd Rundgren et j'en passe (glam rock, Prince), se dégage une impression très addictive de désespoir joyeux…

Ô REÜR

On ne peut plus faire des films (d'horreur) en vidéo pourrie avec les images qui sautent. C'est fini. Depuis Le projet Blair Witch, Ring, Paranormal activity, et éventuellement Rec., tous les clichés de ce sous-genre pseudo-vérité ont été épuisés, usés jusqu'à la corde. Pour sûr je n'irai pas voir la daube espagnole intitulée en anglais Atrocious [photo 1], ni Paranormal Activity 3 (à force ce paranormal là devient très normal), ni Grave Encounters [photo 2] qui est une parodie involontairement comique d'une émission de reportage américaine très connue intitulée Ghost Adventures. J'en ai regardé quelques épisodes sur Youtube qui, je l'avoue m'ont parfois fait assez peur (bien qu'ils soient truqués je le crains). La version fiction me semble infiniment plus ridicule. Le héros ne vaut pas le présentateur musclé et poupin de Ghost Adventures. De toute façon tous ces films à la noix reposent (en paix) essentiellement sur la bande son. Coupez la bande-son qui fait sursauter toutes les secondes et il n'y a plus rien, plus que des figurants rachitiques en fin de droits qui font hou ! en écartant les bras, éclairés par une lumière verdâtre. C'est tout de même le genre cinématographique le plus pauvre du monde (sauf quelques exceptions qui se comptent sur les doigts d'une seule main).

ANIMHOMME

Les laboratoires anglais ont créé 150 chimères (hybride homme-animal)

Ouaouh, ça fait peur ! Quand on pensait que Splice était de la pure science-fiction, on se gourait donc… (Il paraît qu'en Chine, ils font pire)

27.7.11

4/07/12

Date de sortie déjà annoncée pour The amazing Spider-man, un reboot du film de Sam Raimi de 2002. Reboot, c'est à dire, pour les moins snobs, un tout bête remake du premier Spider-man de Raimi qui, après Tim Burton jadis, avait relancé la mode des super-héros en leur donnant une nouvelle fraîcheur. Au lieu d'accorder à Raimi l'honneur de réaliser un 4e Spider-man avec Tobey Maguire, le studio X (je ne sais plus) a préféré casser un jouet qui marchait bien pour confier une nouvelle version — qui a l'air nullissime d'après la bande-annonce qui circule à Marc Webb, auteur d'une comédie romantique gentillette sans plus (500 jours ensemble), et d'une flopée de clips et d'épisodes de séries. Qui plus est le rôle-titre échoit au brave Andrew Garfield, qui n'était certes pas mal dans la trilogie british Red Riding, mais qui là ne semble guère dans son élément. Bizarre.

NOSTALGIE

Il y a très longtemps, j'ai séjourné à New York pendant presque une année. Je me souviens notamment que le dimanche après-midi j'écoutais très souvent Jonathan Schwartz sur WNEW-AM (si je ne m'abuse), une émission consacrée au jazz années 40/60, tendance swing & crooner. J'adorais la voix onctueuse de Jonathan Schwartz… Un de mes meilleurs souvenirs de radio, et j'en ai beaucoup, parce que j'ai sûrement passé beaucoup plus de temps dans ma vie à écouter le poste qu'à regarder la télé, aller au cinéma ou surfer sur la toile…

26.7.11

ÉTRANGE

Samedi 23 juillet en revenant de la boulangerie j'ai vu une affichette du journal Horoscope à la devanture d'une librairie, dans lequel on parlait de “Malédiction des Neptuniens" morts à 27 ans, avec notamment ça :
Le soir même j'apprends que la chanteuse Amy Winehouse est morte…

25.7.11

BLANC

Je viens de commencer un scénario intitulé Blanc (ou Blanche, j'hésite)…

24.7.11

DEUX QUESTIONS

Deux questions pas très importantes et qui n'ont rien à voir entre elles.
1. Que signifie la passion de Steven Spielberg pour les extraterrestres ? Il a pratiquement lancé ou relancé cette notion d'envahisseur exogène avec Rencontres du troisième type, prolongé par l'humaniste ET, et clos (pour l'instant) par l'angoissant La guerre des mondes. Parallèlement, il a co-produit ou été le producteur exécutif de la série Falling skies, qu'on peut considérer comme un prolongement feuilletonesque de La guerre des mondes, puis de Super 8 de JJ Abrams, un pot-pourri intégrant tous les aspects du sous-genre, ainsi que de Cowboys et envahisseurs de Jon Favreau, qui a de nombreux points communs (et même des séquences communes) avec Super-8. Ce qui me frappe notamment, c'est que cet intérêt pour le genre en recouvre un plus vaste que Spielberg a également allègrement illustré : la guerre. Mais dans ce cas, la guerre contre les aliens, aussi bien dans La guerre des mondes, Cowboys et envahisseurs, que Falling skies, et même le plus ambivalent Super 8, est un formidable ciment social, au nom duquel tous les extrêmes sont réunis pour le meilleur et pour le pire pour bouter hors de notre planète les monstres innommables qui viennent tout détruire. Bref, les aliens sont là pour ressouder une humanité trop fratricide. Ils tiennent le rôle des nazis, tombés en désuétude (que Spielberg a bien tâclés aussi), qu'on a tenté de remplacer par les islamistes. Mais cela a moins bien fonctionné.
2. L'histoire tend-elle à s'arrêter ? On en arrive à un point où l'on ne fera plus très bien la distinction entre (une œuvre du) passé et (du) présent. Evidemment, ça s'applique moins au cinéma (quoique). Mais en musique c'est flagrant. J'entendais l'autre jour le vieux tube Sugar, sugar des Archies à la radio. Un morceau de bubblegum music tiré d'une série animée des années 1960. Eh bien, rien en lui ne me semblait réellement dépassé ni désuet. Dans les années 1980, le sectarisme battait son plein. On était beaucoup plus sensible à la ringardise du passé que maintenant. Quoique je fusse mal placé, étant moi-même furieusement rétro à l'époque. Aujourd'hui certains s'évertuent à simuler le passé de façon de plus en plus impeccable. On n'arrête pas de produire des vinyles, et les amplis à lampes sont devenus le nec plus ultra. En mode vestimentaire c'est un peu pareil ; tout est mélangé désormais, cheveux longs, cheveux courts, minijupes et joggings. Pour ma part je trouve ça formidable. Le racisme perd du terrain (tout n'est pas gagné) ; on est moins intolérant. On ne s'offusque pas qu'untel ou untel ne soit pas à la mode puisqu'il n'y a plus de mode lisible et que toutes les modes passées ou présentes s'équivalent désormais. L'ostracisme est devenu la seule chose réellement démodée. Evidemment ce que je dis n'est ni universel ni applicable à tous les domaines et tous les pays (comme l'actualité le démontre constamment), mais il y a une tendance dans ce sens…

21.7.11

ROMAN INDUS

J’ai découvert, au sens propre, le livre de Houllebecq, La carte et le territoire, avec un certain retard. Enfin, “découvert”, n’est pas le mot exact. Je l’ai trouvé près d’une balance dans un supermarché Simply (je m’aperçois que j’utilise comme lui des marques : ça déteint !). Curieux, sans plus. Je n'avais lu que ses deux premiers romans. Je voulais voir comment il avait évolué. D’abord irrité par l’emploi aléatoire, constant, arbitraire, des italiques (appliqué par exemple à “paparazzi” mais pas à “people”, à “Segafredo”, mais pas à “Michelin”), ce qui n’est pas le plus grave, j’ai été frappé par sa manière pseudo-post-pop-art, vraisemblablement empruntée à Brett Easton Ellis, de citer des marques, des noms de produits, de modèles. Cette manière truqueuse d’allonger la sauce se sent très souvent dans le livre. A un moment, je me suis même demandé s’il n’avait pas tout simplement pompé dans Wikipédia quelques unes de ses descriptions. En lisant ce qu’il écrivait sur Beauvais, je trouvais que ça faisait dépliant touristique. J’ai illico vérifié sur Google et me suis aperçu que ce passage précis avait fait l’objet d’une polémique. Bingo ! C’est bien du copié-collé de Wikipédia (j’ai vérifié). Il ne fait pas mieux que Frédéric Lefèvre, celui qui confond Voltaire avec une marque de fringues, et qui se fournit aussi chez Wikipédia ! Après, Houellebecq vous dira que c’est du détournement (Zadig et Voltaire aussi, soit dit en passant), du collage, que cela participe à sa satire du sabir commercial et technocratique, et du monde aseptisé et désincarné dans lequel nous vivons. En fait, si Houellebecq n’est pas un imposteur, c’est un ringard, un “nerd” comme il dit, fasciné par le monde industriel et l’entreprise, dont il est, au mieux, une excroissance critique. Même si son roman parle d’art, on voit qu’il n’y comprend rien, pas mieux qu'un cadre supérieur de multinationale. Voir les platitudes réac qu’il débite sur Picasso (et pourtant je ne suis pas fanatique de ce peintre). Son ironie trahit une adhésion passive à cet univers flasque et morne d’hôtels impersonnels. Il est bien informé, c’est un fait, mais quand il veut avoir l’air branché en utilisant des mots comme “nerd”, il est déjà dépassé : on ne dit plus que “geek”.

Son style n’est pas romanesque, il est documentaire, au sens technique le plus souvent. Dans un cocasse remerciement à la police qui clôt le livre, il se défend de s’être documenté. Mais il la fait, et pas seulement chez Wikipédia. Houellebecq, qui affecte un genre ermite dépressif, sait tout sur la vie séculière de notre époque, sur ses produits. Un excellent convive pour un dîner en ville, capable de discourir sur les dernières tendances de la prostitution, de la technique photo ou sur l’histoire de l’architecture. Dans le fond, il s’est trompé de métier. Il serait un excellent journaliste, un excellent rédacteur d’encyclopédie ou d’articles scientifiques de vulgarisation. Après il y a ses manies. On a vraiment l’impression qu’il doit lire en long et en large toutes les notices techniques de tous les appareils qui lui tombent sous la main. Lorsqu’il évoque un tableau de son héros représentant l’ingénieur de la Bugatti la plus puissante, il inclut la fiche signalétique de cette Bugatti (je ne savais même pas que cette marque existait encore). C’est aussi là où le bât blesse : lorsqu’il parle d’art, il bifurque aussitôt sur la sociologie, la (rubrique) société ou la technique. Son héros photographie des objets industriels, des cartes routières, peint des stars, et filme des plantes. La partie policière du roman est la plus réussie, mais elle tourne court puisqu’il n’y a aucun suspense et que l’énigme criminelle n’est pas élaborée. En définitive, il décrit la vie d’un utilisateur de cette société affligé d’un handicap profond : il ignore le sentiment. Si on voulait donner l’exemple d’un roman où le sentiment n’a quasiment aucun rôle, celui-ci serait parfait. Digne des chansons qu'il débitait sur un ton monocorde quand il s’était mis en tête de devenir chanteur. Cet homme est un robot.

18.7.11

SCOR-DERBERGH

Le prochain Scorsese, L'invention d'Hugo Cabret, film pour enfants en 3D situé (et tourné en partie) en France, ne ressemble pas à un film de Scorsese et a l'air vraiment bien. J'ai arrêté la bande annonce au milieu, ce qui en général signifie soit que ça m'a l'air débile, soit que j'ai vraiment envie de le voir. Là je suis très alléché…
Quant à Soderbergh, il se dépense toujours comme un fou, alternant toujours projets (un peu) expérimentaux et personnels, et œuvres grand public. Côté grand public, on dirait qu'il s'est contenté, avec Contagion, de plagier Alerte ! (in English Outbreak), le film de Wolfgang Petersen avec Dustin Hoffman sur la fièvre Ebola. Ça a l'air d'être du bon travail, avec une gestion fluide du mouvement de foule, mais à mon avis le pauvre Soderbergh est complètement à côté de la plaque. Ce n'est pas le moment de faire ce genre de film. D'une part il y a déjà eu
Alerte ! il y a quinze ans ; d'autre part, il y a eu une telle flopée de thrillers semi-apocalyptiques où les victimes d'une épidémie s'entretuent qu'on en a marre du sujet. On se fout de ce type de film catastrophe, même si la réalisation est soignée. Je ne comprends pas que personne n'ait encore tourné de fiction catastrophe sur une vraie crise économique mondiale et sur ses conséquences concrètes… Ça c'est un sujet d'actualité. Les épidémies, pfff…

17.7.11

CRIME A LA THÈQUE

Ceux qui se "désolent d'avoir loupé" (snif) mon film Crime devraient pouvoir le rattraper à la Cinémathèque cet automne. Comme ce n'est pas pour tout de suite, j'attends que ce soit sûr avant de donner la date. D'ailleurs ça vient juste de sortir…

16.7.11

STOCKHOLM

Denis Podalydès : "Sarkozy se forge une personnalité extrêmement cultivée"

Le genre de truc qui fait mon bonheur… Podalydès prétend que Sarko cite Dreyer, Stendhal ou Proust. Sans doute pour se faire pardonner ses vannes sur La princesse de Clèves. Une preuve pour moi que le métier d'acteur a pour corollaire une sorte de syndrome de Stockholm. Les acteurs qui viennent de tourner un film disent rarement du mal de ce film. Et ceux qui viennent d'incarner un personnage réel s'identifient un peu à ce personnage. Podalydès ayant été Sarkozy dans La Conquête, il a ipso facto de la sympathie pour celui-ci. Honnêtement, rien ne peut effacer la vulgarité de ce président. Le mal est fait. Et rien ne fera oublier que Pompidou et Mitterrand étaient versés en littérature et amis des arts. On ne devient pas cultivé à 55 ans passés…

AVATARTE

Andrew Stanton, coréalisateur du Monde de Nemo se lance dans la réalisation live avec John Carter, une adaptation du Cycle de Mars de Edgar Rice Burroughs, l'auteur des aventures de Tarzan. Un projet qui s'appuie vaguement sur le succès d'Avatar (un ancien soldat est téléporté sur la planète Mars où deux peuples se font la guerre), mais dont le résultat, au vu de la bande-annonce, est un navrant mixte de western, de space opera, d'heroic fantasy et de science-fiction. D'une laideur repoussante. Cela fait regretter que Stanton ait abandonné les gentilles amuseries pour bambins au profit des pavés guerriers pour ados…

14.7.11

COPINAGE

Je fais des heures sup en visionnant les films de mes connaissances. Dans le genre, j'ai vu ces jours ci, L'année du tigre de Régis Lacaze, documentaire en immersion filmé pendant un an dans un restaurant chinois de la banlieue parisienne — ou la preuve qu'on peut explorer la diaspora chinoise de l'intérieur tout en restant à Paris. Impressionnant. Et puis je me suis vraiment bidonné aux rushes de Buffer zone connection de Philippe Petit (l'acteur de mon film Crime). La suite en Italie d'un précédent court métrage tourné à Chypre. A priori, il y a matière à un moyen métrage aussi minimaliste que drôle. Un nouveau style burlesque…

13.7.11

UN JOUR…

…j'arriverai à expliquer de manière raisonnable, rationnelle et mesurée pourquoi le monde dans lequel nous vivons est aberrant. Economie, industrie et culture sont totalement à repenser. Mais c'est une tâche quasiment impossible pour des individus qui sont des forces motrices, qui sont partie prenante de cette société, prisonnière de sa permanente et irrépressible fuite en avant [qui a jamais questionné la notion de progrès, dont la finalité reste pour le moins nébuleuse ?]. Remettre en question ce système de pensée et donc de civilisation entraînerait le bouleversement de tellement d'habitudes, le renoncement à tellement de choses qu'on considère comme naturelles et indispensables, que personne n'est capable ou n'a le courage de l'envisager. Je ne parle même pas de politique, parce que à mon sens, les politiques de tous les bords sont englués dans les mêmes processus qui les empêchent de penser, de comprendre que l'humanité fonctionne mal parce qu'elle est irrationnelle, parce qu'elle ne tient pas compte de sa réalité physique, de ses propres limitations et de la finitude de son environnement. Seuls les peuples primitifs avaient compris. Pas parce qu'ils étaient plus intelligents. Parce qu'ils étaient plus instinctifs. Je ne postule pas un néo-privitivisme ni un "retour à l'âge de pierre", mais un virage à 180° dont le maître mot serait "frugalité". La frugalité est le seul avenir possible pour l'humanité. Autrement, je ne lui prédis pas un grand avenir. Le problème majeur et principal c'est que personne ne réfléchit aux conséquences de ses actes. Il faut voir beaucoup plus loin. L'écologie politique n'est évidemment pas la solution car actuellement son idéologie et son rôle sont quasiment décoratifs. L'écologie actuelle c'est Nature & découvertes : le même monde en imitation bois.
P.S. Je suis conscient que je n'ai évidemment rien inventé et qu'il existe depuis longtemps un courant de pensée qui va dans ce sens. Il remonte notamment à Henry-David Thoreau, l'auteur de La déobéissance civile, ou, plus près de nous, au Français Jacques Ellul (La technique ou l'enjeu du siècle). Ce dernier influença l'Américain Theodore Kaczynski, alias Unabomber, qui desservit grandement une cause noble en envoyant des bombes par la poste. Je n'ai pas lu tous ces auteurs, car je ne pense pas qu'il y ait besoin de théorie. Tout le monde peut faire le constat en regardant autour de lui. Les seuls auteurs intéressants seraient des politiques suffisamment versés en technique pour savoir comment désamorcer petit à petit un système industriel qui par son agressivité détruit tout, et comment proposer des alternatives rationnelles
et réalisables. Kaczynski postulait simplement le retour à la Préhistoire. C'est inutile et exagéré.
P.P.S. Par un extrême hasard je viens juste de voir un film décrivant le laminage d'une culture primitive (les Nenets de Sibérie) par une autre occidentalisée (les Russes), le très sobre Neko, dernière de la lignée, d'Anastasia Lapsui et Markku Lehmunskallo. On y entend une réplique qui résume la différence entre ces peuples et les nôtres : “Chaque jour tu marches pour servir la nature”. Dans nos sociétés, on ne fait guère de différence entre la nature et un supermarché ; c'est pire même parce qu'on se sert sans payer, et on détruit tout sans s'excuser.

12.7.11

MANCHE

Un passant tire sur la manche du président : il est arrêté et fait la une des journaux.
Une employée d'hôtel new-yorkais accuse à tort ou à raison un homme politique français de lui avoir fait quelque chose (que lui a-t-il fait exactement d'ailleurs ?) : cela entraine un remaniement ministériel et tout l'organigramme des élections présidentielles de l'année suivante est perturbé.
Un célèbre créateur de mode pris de boisson éructe des injures racistes dans un café : il est licencié et fait la une des journaux.
Quelques personnes meurent, intoxiquées par des graines germées : toute la filière des fruits et légumes en Europe est bouleversée ; elle perd des millions d'euros parce que les gens boycottent les produits maraîchers.
Ces quelques exemples, dont certains que j'ai déjà cités, nous disent que le vrai danger immédiat et permanent de notre époque n'est ni la débâcle économique, ni la pollution, ni le climat, mais les médias. Il ne faut pas grand chose pour faire résonner la société pendant des mois, et pour éventuellement déstabiliser, désorganiser, remettre en question, et éventuellement devenir célèbre. J'ai des dizaines d'idées dans ce sens, que je n'exposerai pas ici par précaution. Mais tout un chacun peut imaginer.
Si je parle de ça c'est parce que je trouve outrancières cette surexposition et cette multidiffusion de la moindre information, même ridicule. Elle révèle l'immense fragilité de notre société occidentale qui est à la merci du moindre bruit, du moindre signal.
L'information – et ses dérivés les plus aberrants (Twitter) — est la pollution la plus préoccupante de notre époque.

10.7.11

CAHIERS (2)

Pour revenir aux Cahiers du cinéma, sur lesquels il y aurait beaucoup de choses à dire d'un point de vue historico-épistémologique, notamment sur les différentes bifurcations prises par la revue au fil du temps (je n'ai ni le recul ni une connaissance suffisante), je dirais que je suis partagé. Sans doute parce que rien n'est univoque. A l'époque où j'y ai écrit, les gens se regardaient en chiens de faïence. Du moins il y avait une rivalité larvée entre les différents critques, entre les différentes générations qui s'y côtoyaient. Pour ma part, je n'ai jamais eu d'ami au Cahiers. Celui dont j'ai été le plus proche, avec lequel j'ai eu quelques points communs, fut Thierry Jousse. Les autres, ce fut toujours limite. Toubiana, le grand manitou à l'époque où j'y écrivais, était assez changeant, ambivalent. Il m'a certes accueilli avec générosité, avec une certaine chaleur méditerranéenne, malgré mon inadaptation au contexte. C'est lui qui m'a poussé à devenir critique. Drôle d'idée. D'un autre côté, nous ne nous sommes jamais fréquentés en dehors des Cahiers. Il y avait toujours une barrière invisible. Comme si on n'était pas du même monde, voire du même milieu. Je ne parlerai pas de lutte des classes, mais presque. Pour donner une idée de son ambivalence : il m'a viré des Cahiers une première fois parce qu'à un moment j'ai commencé à écrire dans une publication concurrente, Cinématographe (en fait il m'a mis en demeure de choisir entre les deux, mais ça revient au même). Ça n'a pas empêché, plus tard, d'autres d'écrire simultanément dans les Cahiers et Première, par exemple (si !). J'ai toujours vécu de mes piges. Ce n'était pas de gaîté de cœur que j'écrivais dans deux revues de cinéma à la fois. Bref. Toubiana m'a fait revenir aux Cahiers. Puis, quelques années après, il m'a encore viré par personne interposée (enfin retiré du comité de rédaction, ce qui était une forme d'ostracisme). Et comme je n'arrivais plus à écrire aux Cahiers de toute façon, je n'ai pas insisté. Les autres, c'était presque pire. Une certaine connivence avec Delphine Pineau, la secrétaire de rédaction qui a succédé à Claudine Paquot, mais sans plus. Une certaine familiarité avec Catherine Frochen, la phototécaire. J'ai toujours bien aimé Paul-Raymond Cohen, qui fut longtemps maquettiste de la revue. Quant aux rédacteurs, franchement pas amicaux dans l'ensemble. Seules exceptions : Serge Daney, que j'ai très peu connu (il était déjà parti à Libé), et Thierry Jousse, qui est devenu rédacteur en chef quand Toubiana a décidé "de prendre de la hauteur" et de devenir directeur de la publication. Seul Thierry Jousse m'a vraiment fait confiance. C'est lui qui m'a intégré au comité de rédaction. J'ai fait des interviews avec lui, ce qui ne m'était quasiment jamais arrivé avec d'autres rédacteurs. Il y a certes quelques exceptions. Pour vous dire l'ingratitude des Cahiers, ou plutôt leur dédain absolu, ils n'ont pas daigné me convier aux festivités du 50e anniversaire des Cahiers. J'ai écrit tout de même pendant quinze ans dans cette gazette… Les seuls contacts que j'ai eus avec la revue après 1998 se sont résumés à leurs demandes de cession des droits d'auteur de mes articles dans les Cahiers — lorsqu'ils ont mis en ligne leurs anciens numéros. Ceci pour un forfait dérisoire (de l'ordre de 100 euros en tout et pour tout). J'ai refusé. J'espère qu'ils ne sont pas passés outre depuis. Ensuite, j'ai touché par ci par là quelques droits d'auteur (minimes) pour la publication d'un ou deux articles dans un ouvrage (ou pour l'achat d'une interview de Kenneth Anger publiée dans les Inrocks, dont ils ont repris des bouts dans un livre d'Olivier Assayas sur le cinéaste). Cela dit, je ne crache pas dans la soupe. Je reconnais que les Cahiers ont accueilli ma plume (ils n'étaient pas obligés), que les gens ont été relativement tolérants. Mais je n'ai jamais ressenti une vraie camaraderie. Evidemment j'ai connu bien pire après (et encore maintenant) dans un contexte où l'indifférence totale est aggravée par le progrès (Internet, la plaie). Après, il faudrait s'intéresser au contenu, à la "ligne des Cahiers", comme ils disaient, à leurs excès mal venus, à leur rigorisme excessif, à leur complaisance. A l'époque à laquelle j'y ai écrit, ça se résumait à une méfiance absolue pour l'image. D'ailleurs le mot image était tabou à l'époque. On ne parlait que de plan. Ce puritanisme allait de pair avec une fascination littéraire pour le psychologisme le plus pâteux et pataud (celui qu'on trouvait chez Doillon, Téchiné et même Pialat), qui fut une sorte de voie de garage pour le cinéma français. Mais c'est une (trop) longue histoire. A suivre (peut-être).

GRAVE

Le beau clip abstrait du morceau Stone setting du groupe A grave with no name : CLIC. J'aime encore mieux le morceau Open water de ce groupe, mais je n'ai pas trouvé de clip. Encore un groupe porté sur les vocaux brouillés et réverbérés. Il y a une sorte d'école du genre (je ne sais pas si ça appartient à ce qu'on appelait le courant shoegazing dans les années 1990), dont les chefs de file furent My bloody Valentine et The Jesus and Mary chain. C'est parfaitement inconsistant, mais tout également hypnotique et vertigineux…

6.7.11

ROCK/NYC

J. L. : le seul rocker des Beatles. Il aurait pu aussi bien faire partie des Rolling Stones. Lennon est le fils de Chuck Berry. Version live de New York City à New York City en 1972 : CLIC. Les enfants de Lennon furent les New York Dolls, le meilleur groupe de rock de la Grosse Pomme — un an plus tard (Jet boy) : CLIC. Les suiveurs (The Strokes) peuvent aller se rhabiller.

200

Très amusant, le magazine Esquire, pour résumer l'esprit d'un film intitulé The myth of the American sleepover, le compare à un “John Hughes avec un abonnement aux Cahiers du cinéma”. A propos des Cahiers, j'y pense mais je n'ai pas encore eu le temps de m'en occuper. A propos de ce film, présenté en 2010 à la Semaine de la critique à Cannes, une photo trouvée sur le net où l'on peut admirer la somptuosité des raouts de cette prestigieuse section parallèle, qui n'ont rien à envier aux apéros d'une amicale bouliste.

5.7.11

BEURK

Chers tous,
Nous voulions partager avec vous les résultats impressionnants de Transformers 3.
En France le film atteint en moins d’une semaine (du mercredi 29 juin au dimanche 3 juillet inclus) 1 111 630 entrées, le plus gros démarrage de la trilogie.
A l’International, le box office du film a atteint 372 millions de dollars, dont 210 millions réalisés aux USA où le film se place en première position de toutes les sorties des films Paramount.

4.7.11

CAHIERS

Ça m'a titillé toutes ces histoires de Cahiers du cinéma. Il faudra que j'en dise quelque chose. Et je peux en dire des choses… A suivre.

3.7.11

PUBLIC/GOTHIC

J'ai une théorie, que j'ai peut-être exposée dans mon ancien blog, qui est liée à mon esprit empirique et intuitif : le public d'un film est représentatif de ce film. Autrement dit : si vous voulez savoir à quoi ressemble un film et/ou s'il va vous plaire, regardez la salle. C'est une théorie très aléatoire, parfois trompeuse, mais qui marche. Bref, moi qui vois pas mal de films, je perçois avant la projection des signes avant-coureurs sur ce film. La plupart du temps, je ne sens rien et je ne fais pas attention. Mais parfois, je suis assez surpris de la justesse de mon impression. Il y a d'autres signes qui peuvent vous dire des choses sur un film dont vous ne savez rien. Par exemple, le fait qu'un film d'auteur européen bénéficiant d'un assez gros budget, ayant des acteurs connus dans sa distribution, n'ait été précédé d'aucune rumeur et/ou ne soit passé dans aucun festival majeur. Exemple : Le Moine de Dominik Moll — un habitué de Cannes, qui avait fait un fort effet en 2000 avec Harry, un ami qui vous veut du bien. Le Moine, avec Vincent Cassel dans le rôle titre, n'a été présenté dans aucun festival. Cette adaptation du roman de Matthew Lewis tombe pile avec mon intérêt du moment pour la littérature gothique. Cette fois je n'ai rien remarqué de spécial dans la salle. "Rien de spécial", c'était peut-être aussi un signe. J'ajoute que je n'ai pas lu Le Moine, le roman le plus célèbre du genre. En ce moment je lis Basil de Wilkie Collins, qui n'appartient pas vraiment au roman gothique. Mais son auteur si. D'ailleurs, Dominik Moll dit qu'il a hésité entre Basil et Le Moine. Comme je n'ai pas lu Le Moine, je ne peux pas juger la pertinence de l'adaptation, mais le film n'en donne pas très envie : trop chargé. D'ailleurs je ne dirai rien de spécial sur le film, car je n'en pense pas grand chose. Je n'ai pas d'idée particulière sur ce film, ce qui est aussi un signe. Un signe qu'il est complètement à côté de la plaque. Je ne sais pas, c'est bizarre tout ça : un film français avec des acteurs français et espagnols, tourné et situé en Espagne, tiré d'un roman anglais, réalisé par un cinéaste américano-allemand (enfin il vit en France). Il y a quelque chose qui ne colle pas. Moi il m'a surtout donné envie de dormir, malgré son insistance à faire frémir, ou à vouloir remuer quelque chose chez le spectateur. En témoignent la musique (violente), les éclairages, les grincements de porte, etc. Pourtant ça ne fonctionne pas. J'ai cru entendre des ricanements dans la salle, preuve que je n'étais pas le seul à être dubitatif. Je lui prédis un beau flop. Mais là n'est pas le problème. Cette adaptation maladroite du roman phare de la littérature gothique risque de ne pas aider ceux qui voudraient en adapter un autre. Enfin, je ne suis pas sûr que ça soit si grave. Pour revenir à cette idée du public qui reflète le film qu'il va voir, j'ai toujours gardé en mémoire cette réflexion de Louis Skorecki dans une interview, qui prétendait que s'il y avait des mauvais films c'était d'abord à cause du public. Ça semble bizarre, pourtant j'ai tendance à être persuadé qu'il a raison. Il y a une quinzaine-vingtaine d'années j'avais écrit un film fantastique, que je n'ai jamais réussi à faire produire. A l'époque je me disais que c'était impossible que le public de cinéma qui allait voir les films qui sortaient (je ne sais pas, Pialat-Spielberg-Scorsese-Doillon) puisse aussi voir ce film que je voulais réaliser. Ce qui pose la question du rapport du réalisateur (et plus largement de l'artiste) au public. Comment peut-on réaliser un film destiné à des gens qui aiment des choses qu'on déteste soi-même ? On peut prolonger cette idée en disant que toute œuvre d'art repose plus ou moins sur un malentendu. Il y a quelque temps, je faisais la réflexion que si un tableau de Vermeer de Delft était détourné pour la publicité d'une marque de yaourts, c'était qu'il y avait quelque chose de pourri chez ce peintre. Idem pour Renoir ou Monet, dont les reproductions de tableaux ornaient des boîtes de gâteaux. L'art devrait être irréductible au commerce, ou du moins à sa récupération mercantile et dévoyée dans la décoration industrielle. On peut toujours rêver…