31.8.11

CONDITIONNEL

J'adore Wikipédia. Voilà ce qu'on y lit à propos du dernier film de Polanski, Carnage : "Le film sera présenté, en compétition, à la Mostra de Venise lors de la 68e édition et pourrait ainsi remporter le Lion d'or".
C'est ce qu'on appelle en anglais du "wishful thinking". Cela pourrait se traduire par "prendre ses désirs pour des réalités". Etant donné que le film est une adaptation de pièce tournée en studio, à priori je ne suis pas client (enfin, il ne faut pas généraliser), tout comme je ne suis pas trop client de Polanski. Je préfère la folie et la liberté d'esprit de son compatriote Skolimowski.

UNE DAUBE RACOLEUSE…

…que je n'irai pas voir (La guerre est déclarée).
Je lui souhaite 1 million d'entrées.
(Wishful thinking ?)

30.8.11

JE PARDONNE

Je pardonne Nicolas Winding Refn pour son pompeux Guerrier silencieux (Valhalla rising), vision prétentieuse de la saga viking en Amérique, et même pour son bouffon Bronson, depuis que j'ai vu Drive, qui mêle le style un peu planant du Guerrier silencieux (mais à dose homéopathique) et le côté cru et brut de sa trilogie policière Pusher (que je n'ai pas vue en entier, me semble-t-il). Drive n'est pas le chef d'œuvre du siècle, mais certainement une excellente surprise, dont certains excités du montage mitraillette et de la caméra parkinsonienne devraient prendre de la graine. Presque plus beau dans le filmage urbain que Michael Mann. Tout de même étonnant qu'un cinéaste puisse autant varier de film en film. (La seule qui fait une mauvaise opération c'est la rousse maousse de Mad men, Christina Hendricks : elle a un micro-rôle dans le film.)

J'ACCUSE !

J'accuse la presse de raconter n'importe quoi et de semer le désordre et la paranoïa dans le monde. Exemple : ce matin à la radio (France Inter), on entendait les uns et les autres déblatérer sur une bactérie tueuse, soi-disant rapportée de Grèce par une touriste, dont on disait qu'elle avait commencé à faire des victimes. Cet après midi, je passe devant un kiosque et je lis sur une affichette : "Alerte à la bactérie tueuse". C'est reparti pour la maladie de la vache folle, la peste aviaire, le SRAS, la grippe porcine, etc… Quelques heures après, voilà ce qu'on lit dans un communiqué : "Cinq personnes sont décédées en juillet à l'hôpital privé Jacques-Cartier de Massy (Essonne), après que le germe de la bactérie Klebsiella pneumoniae a été identifié dans cet établissement, mais ces décès ne sont pas liés à cette bactérie, a-t-on appris mardi 30 août auprès de l'Institut national de veille sanitaire (InVS)."
Bref, avant de se précipiter sur une info de peur de louper un scoop et d'en tirer des conclusions erronnées, la presse pourrait tourner sept fois sa plume dans son encrier, et wait and see, jusqu'à ce que les choses se soient décantées. Quand on parle de déontologie de la presse, ça me fait marrer. Les journalistes sont les gens les moins rigoureux du monde, des bavards prêts à raconter n'importe quoi pour la simple raison que dans l'immense majorité ce ne sont pas des gens très indépendants d'esprit, ni cultivés. Evidemment ils ne sont pas aidés par Internet, qui décuple le moindre ragot, y compris le pire. Il y a un autre problème : la presse appartient à des gens riches et puissants, donc elle est toujours prête à défendre sa classe, quoi qu'il arrive. Voir le cas DSK qui est un typique cas de lutte des classes. Aucune donnée dans ce qu'on a pu voir, lire ou entendre, ne prouve que l'homme politique n'a pas commis ce dont on l'accusait au départ. Pourtant, la presse en a rajouté avec complaisance sur les bévues de la victime, sur ses accointances fatales. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas soi-même irréprochable qu'on ne peut pas avoir été victime d'un viol. C'est ridicule. Si un homme assassine un voleur, c'est tout de même un assassin.

24.8.11

L'ESSENCE DES CHOSES

"Total, le grand gagnant de la guerre en Libye"

Il y aura toujours des guerres autour et pour le pétrole. La fin du pétrole signifiera(it) tout simplement la fin du monde industriel tel que nous le connaissons. "La fin du monde industriel" ce n'est pas seulement celle des voitures broum-broum et des usines mais la fin de ce que le monde s'est habitué à trouver ordinaire et naturel : énergie, alimentation, communication, culture, loisirs. Ce sera tout simplement la fin de la civilisation occidentale telle que nous la connaissons. Si vous n'êtes pas prêts à ça, nos leaders non plus. Voilà pourquoi ils mourront, détruiront, massacreront plutôt que de renoncer à leurs IPhone, vacances à St Barth, ordinateurs, DVD, produits de beauté, bagnoles, jets, vêtements, jouets (pour leurs enfants), sans parler des produits alimentaires, qui risqueraient d'être réduits à peu de chose quand il n'y aura plus de pétrole. La frugalité que je préconise souvent sera peut-être plus brutale, radicale et impitoyable si on n'a pas commencé à l'envisager de façon volontaire et raisonnée.

GOD-ART

Je viens de découvrir qu'André "S" Labarthe avait tourné un film intitulé No comment dans lequel un panel de critiques anciens (Jean Douchet, Jean Narboni) et nouveaux (Cyril Neyrat et un autre que je ne connais pas) débattent du Film socialisme de Godard. Ça me fait un peu marrer parce que je me suis aperçu, il n'y a pas si longtemps, que Godard était un cinéaste presque idiot. Un genre d'élève de terminale attardé, qui passe son temps à recopier des citations dans un dico et les ressort à mauvais escient sans les comprendre. Comme Wenders auquel je faisais allusion récemment, ses films sont truffés (pas truffaut) de sentences qui claquent mais qui sont creuses. Genre son fameux : "Le cinéma c'est 24 fois la vérité par seconde". Dont Fassbinder avait pris le contrepied en affirmant : "Le cinéma c'est le mensonge 25 fois par seconde". Ce qui est un tout petit peu plus subtil parce qu'il dit 25, faisant allusion à la télé (25 images par seconde contre 24 pour le cinéma) et aussi parce que je préfère qu'on parle de mensonge que de vérité. Mais tout ça est tellement subjectif… Il y a pas longtemps je revoyais Le mépris en salle (pour accompagner quelqu'un), qui a naturellement ce côté sentencieux. Il démarre justement par une citation désastreuse : "le cinéma substitue à nos regards un monde qui s'accorde à nos désirs", attribuée à André Bazin. D'une part, la citation telle quelle ne veut rien dire : "substitue à nos regards un monde" —> donc remplace nos regards par un monde ! La vraie phrase est : "le cinéma est un regard qui se substitue au nôtre pour nous donner un monde accordé à nos désirs". D'autre part, elle n'est pas de Bazin mais de Michel Mourlet. Enfin, je ne suis même pas d'accord avec la phrase correcte. Le monde que dépeint le cinéma n'a jamais été en accord avec mes désirs. En tout cas rarement. Le cinéma n'est pas là pour satisfaire des désirs. A la rigueur pour en créer. Et encore… Ceci n'étant que quelques exemples de l'aspect ridicule (mais aussi parfois touchant) de Godard, qui est un peu la Madame Verdurin ou le Monsieur Jourdain du cinéma. D'un autre côté, il y a des choses que j'adore chez lui. C'est grâce à lui que BB est vraiment incroyable dans Le mépris (c'est le seul personnage intéressant, le seul personnage tout court). Godard est sans doute le plus grand représentant français (ou suisse) du pop art. Il a le sens de la musique, du cadre, du montage et de la plastique. C'était aussi un punk avant la lettre. Le plus énervant chez les gens comme lui, qui n'ont rien de moral ni d'éthique, c'est qu'ils font de la morale quand ça les arrange.

23.8.11

TOP 50 (SUITE)

Lire ci-dessous ma réponse aux commentaires sur mon best-of (qui ne couvre que les années 2000). Je m'attendais à de telles réactions. Il va de soi que les cinéphiles bien-pensants, respectueux des valeurs établies, seront toujours déçus par ce blog dans lequel la politique des auteurs n'a pas lieu (ou presque) et où certains lieux communs ne seront jamais acceptés.
Pour vous donner une idée des fausses valeurs auxquelles tout le monde souscrit dans le feu de l'action, que tout le monde gobe sans sourciller, et que personne n'ose remettre en question, rappelez vous le cas Wenders. Wim Wenders était dans les années 1980 un cinéaste à Palme d'or, unanimement salué. Aujourd'hui on se rend compte que son cinéma (sauf certains de ses tout premiers films à la rigueur) sentencieux et dépressif est à mettre à la trappe. D'ailleurs, il est lui-même à court d'inspiration et en a eu marre de débiter ses âneries dépressives sur la mort du cinéma (qui ont hélas beaucoup influencé un critique respecté comme Serge Daney) et ses réflexions alambiquées sur les médias, contemporaines de celles de Mac Luhan et Baudrillard. On peut derechef classer Wenders dans le camp des vieilles barbes romantico-académiques. Aujourd'hui on s'aperçoit qu'un dingo comme Werner Herzog, l'homme qui a bouffé sa chaussure et fait à pied Munich-Paris pour exorciser la maladie de Lotte Eisner, complètement tricard chez les cinéphiles dans les années 1990-2000, était le grand cinéaste allemand de l'après Fassbinder.

22.8.11

PASSÉ = PRÉSENT

Mon idée (implicite) d'une fin de l'histoire par une sorte d'imbrication du passé et du présent, un nivellement des goûts et des styles de toutes les époques, qui deviendraient interchangeables, et une disparition des modes, est confirmée par un film comme Cowboys et envahisseurs, dans lequel les garçons vachers du XIXe siècle s'affrontent aux aliens dans des vaisseaux spatiaux, en alternant indifféremment les colts et les rayons lasers. Une révolution s'amorce dont ce petit film sans importance est un symptôme éclatant. Après, je ne sais pas si on peut partir de simples produits culturels pour en tirer des conclusions définitives sur l'évolution de la société entière. Honnêtement, je pense que non, mais je me complais dans cette idée, parce que dans un sens cela apporte de l'eau à mon moulin à propos d'une nécessaire (mais difficile) régression industrielle. P.S. Je veux dire, fin de l'histoire veut dire fin du progrès, fin des développements techniques et industriels. Donc d'une certaine manière une régression des cadres de vie, donc d'une certaine manière un retour en arrière, donc un retour au passé.

21.8.11

TOP 50

Un peu de distraction pour les longues soirées d'été, mon top 50 des années 2000 (je viens de retrouver ça en cherchant autre chose et en écoutant Hope Sandoval — dont la voix n'a pas changé, dix/quinze ans après Mazzy Star). Ordre alphabétique :
  • All about Lily Chou-Chou – Shunji Iwai (inédit)
  • Avant que j’oublie – Jacques Nolot
  • Contrôle d’identité – Christian Petzold
  • Cremaster Cycle – Matthew Barney
  • Dans la ville de Sylvia – Jose-Luis Guerin
  • Du soleil pour les gueux – Alain Guiraudie
  • Gambling, gods and LSD – Peter Mettler
  • Gerry – Gus Van Sant
  • Inland Empire – David Lynch
  • Institut Benjamenta – Steven et Timothy Quay
  • Intervention divine – Elia Suleiman
  • Japon – Carlos Reygadas
  • Kairo – Kiyoshi Kurosawa
  • L’Accordeur de tremblements de terre – Steven et Timothy Quay
  • L’Homme qui marche – Aurélia Georges
  • La Libertad – Lisandro Alonso
  • La Mort de Dante Lazarescu – Cristi Puiu
  • La Peau trouée – Julien Samani
  • La Vierge mise à nu par ses prétendants – Hong Sang Soo
  • Le Jour où le cochon est tombé dans le puits – Hong Sang Soo
  • Le Soleil – Alexandre Sokourov
  • Les Harmonies Werckmeister – Béla Tarr
  • Les Hommes – Ariane Michel
  • Lettre à la prison – Marc Scialom
  • Life without death – Frank Cole
  • Loft – Kiyoshi Kurosawa
  • Magic – Eric Khoo
  • Man on the moon – Milos Forman
  • Millenium Mambo – Hou Hsiao Hsien
  • Montag – Ulrich Köhler
  • Mullholland Drive – David Lynch
  • Panique au village – Vincent Patar et Stéphane Aubier
  • Phénomènes – M. Night Shyamalan
  • Ponyo sur la falaise – Hayao Miyazaki
  • Princesse Mononoké – Hayao Miyazaki
  • Séance – Kiyoshi Kurosawa
  • Syndromes and a century – Apitchapong Weerasethakul
  • The Brown Bunny – Vincent Gallo
  • The Pleasure of being robbed – Joshua Safdie
  • The Taste of tea – Katsuhito Ishii
  • The World – Jia Zhang Ke
  • Tokyo sonata – Kiyoshi Kurosawa
  • Triple agent – Eric Rohmer
  • Un lac – Philippe Grandrieux
  • Violent days – Lucile Chaufour
  • Wassup rockers – Larry Clark
  • Whisky – Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll
  • Winnipeg mon amour – Guy Maddin
  • Woman on the beach – Hong Sang Soo
  • Yi Yi – Edward Yang

19.8.11

RR

Merde, Raoul Ruiz est mort !
C'est idiot à dire : je suis triste, même si je ne l'ai pas beaucoup connu (un peu dans les années 1980), même si je n'aimais pas tous ses films. Son esprit perpendiculaire va beaucoup manquer au cinéma mondial. J'ai une partie en moi d'Amérique du Sud (une moitié) qui me permet peut-être mieux de le comprendre. Les artistes tels que lui ce sont des prototypes. Il sont uniques et irremplaçables. Même si évidemment, on peut le rapprocher de Buñuel, cela ne suffit pas à le définir. Il faut y ajouter la folie borgésienne, plus la fascination pour Stevenson. Mais, ça ne suffit pas non plus. Ruiz était Ruiz. Il n'était pas si vieux : 70 ans…
P.S. Incroyable, par la même occasion j'apprends que l'actrice russe Katerina Golubeva, surtout connue grâce aux films de Sharunas Bartas vient également de mourir (beaucoup plus jeune). C'était la compagne de Leos Carax (elle jouait dans Pola X). Il me semble les avoir aperçus tous les deux avec une poussette à Belleville.
P.P.S. Un peu dommage tout de même que la presse grand public ne retienne que ses films respectables, ses grandes adaptations littéraires et ses films avec vedettes. Si c'est grâce à cela qu'il s'est fait un peu connaître, cela a créé un malentendu. Ruiz n'est pas celui que les gens croient.

18.8.11

WONG

Bande annonce de toute beauté pour le prochain Wong Kar-Wai, The Grand Master, ou The Grandmasters, consacré à une légende des arts martiaux, Ip Man, qui aurait notamment été un des maîtres de Bruce Lee : CLIC. Je sens que je vais aimer ça bien plus que le très beau mais trop dilué Les Cendres du temps, précédent film d'arts martiaux du cinéaste (je l'ai néanmoins revu pour comprendre pourquoi ça ne me touchait pas). Là ça a l'air vraiment parfait – enfin, a priori. Peut-être à cause de la dimension urbaine, de la pluie, dont les éclaboussures calligraphiques sont génialement utilisées comme des idéogrammes.

12.8.11

GUÉGUERRE

Je sens qu'en septembre les journalistes de magazine, en guise de marronniers, s'il n'y a pas eu de déflagration majeure d'ici là (genre DSK candidat aux présidentielles !, un tsunami nucléaire à Wall Street), vont s'amuser à titrer sur la guerre des Guerres des boutons. Micro-événement qui ne m'intéresse… guère. J'espère d'ailleurs pouvoir éviter le double pensum, et même le simple. Déjà l'original de Yves Robert était une grosse daube bêtifiante — dans le genre farce française antique à base de mouflets, j'ai un souvenir brumeux mais plus ému des Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque (à revoir). Donc, en septembre sort un premier remake, celui de Yann Samuell (dont je n'ai pas l'heur de connaître le travail), puis la semaine suivante un deuxième, de Christophe Baratier (l'auteur des Choristes, dont la mère a toujours regretté de m'avoir invité à une avant-première du premier film de son fiston passéiste). Du coup, celui de Baratier a été rebaptisé : La nouvelle guerre des boutons. Mort de rire. A priori, je pense qu'il va remporter la mise (plus grosse artillerie). Evidemment, sans l'avoir vu je pencherai pour l'outsider, celui de Samuell. Mais je dis ça juste comme ça en passant, réthoriquement, puisque j'espère les louper tous les deux. J'aimerais mieux revoir Super-8, qui n'est pas le film du siècle, mais qui racle les vieux pots avec un peu plus de classe et de folie. C'était le post pour rien du mois d'août (les mauvaises langues diront qu'il y en a d'autres).

10.8.11

ROMAN

Je viens d'apprendre que Roman Opalka était mort le 6 août à l'âge de 79 ans. Il y a quelques années, je m'étais intéressé à ce peintre plutôt singulier et ascétique après avoir vu un documentaire sur lui. Depuis 1965, cet homme peignait exclusivement des suites de chiffres sur des toiles de plus en plus blanches au fil du temps. Il était parti de 1 et allait vers l'infini. Je ne sais pas où il en était arrivé, mais comme il ajoutait un peu plus de blanc dans le gris du fond de chaque toile (il avait commencé par des fonds noirs), il y a un moment où il en serait arrivé au blanc sur blanc. Il paraît qu'il n'y est pas arrivé. Je me demande ce qu'il aurait fait ensuite. En tout cas c'était fascinant de voir les journées de cet homme qui vivait quelque part dans le centre de la France, et travaillait à heure fixe, s'arrêtait à midi pour aller manger au restaurant, seul et silencieux, puis reprenait le boulot. Chaque soir, après le travail, il se photographiait de face devant le dos de la toile. Certains ont besoin de rituels, de vie réglées comme du papier à musique. La vie d'Opalka, elle, tenait, en plus, par des chiffres. (On n'est pas très loin du TOC, mais transformer un TOC en œuvre d'art, ou accomplir une œuvre qui ressemble à un TOC, permet de se préserver de la folie).

CQFD

"La classe politique et la police ont fustigé des actes de "violence gratuite et du vol opportuniste", selon les termes du vice-Premier ministre, Nick Clegg.

Mais les habitants des quartiers concernés les attribuent aux tensions entre les jeunes et la police, aux difficultés économiques et aux écarts de richesse croissants."

SAINTS

Le chaînon manquant entre les Stooges et le punk rock, The Saints from Australia (1976) : CLIC. Ce fut d'ailleurs le premier groupe punk, avec les Ramones, avant que les Anglais entrent dans la danse…
A ce propos j'ai découvert que les Saints avaient justement fait des covers (en tout cas une) d'un groupe garage australien des années 1960 nommé The Missing Links (les chaînons manquants), considérés par certains comme des précurseurs du punk.

9.8.11

ACTUALITÉ(S)

"Les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises sont des violences urbaines qui ont commencé à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005, puis se sont répandues dans un grand nombre de banlieues à travers la France. L'état d'urgence a été déclaré le 8 novembre 2005, puis prolongé pour une durée de 3 semaines consécutives." (tiré de Wikipédia)
Ceci pour rafraîchir la mémoire à ceux qui pensent que les émeutes actuelles en Grande-Bretagne sont un cas isolé et nouveau. Si l'on ajoute à cela les nouvelles aventures des bourses mondiales qui s'effondrent au moindre prétexte, on retrouve des phénomènes chroniques et récurrents qui en disent long sur notre société occidentale. Les fils des pauvres cassent tout et ont la rage parce que les sales riches leur font constamment miroiter des biens de consommation qu'ils ne pourront jamais acquérir par des moyens légaux. (Pendant ce temps leurs rejetons dopés à la coke confondent la bourse et le poker en misant les avoirs de papa). C'est aussi simple et bête que ça. Le monde industriel a créé des dépendances qui lui ont permis de devenir de plus en plus industriel et de plus en plus riche. Le problème c'est que si les pauvres sont accros aux produits industriels (qui ne servent à rien), les riches sont accros aux moyens accrus que la vente de ces produits (aux classes moyennes) leur procurent. Je sais que j'ai déjà dit cela d'une autre manière, mais l'éternel retour de ces situations prouve que ce système aberrant va finir par s'autodétruire. Il faut que les riches paient, d'une manière ou d'une autre, puisque ce sont les uniques responsables de ces désordres. Réflexion valable sur un plan local, occidental, mais aussi mondial, à l'échelle des continents et des pays.
Les solutions ? Outre la frugalité généralisée, dont je parlais dans des posts précédents, il faudra que les riches acceptent, en plus, de réduire drastiquement leurs bénéfices. Bien sûr, ils refuseront toujours. Le plus grand piège de notre société c'est le confort. C'est une drogue. Evidemment je prêche dans le désert, je dis “il faut, il faut", mais peut-être que tous ces petits "il faut" aboutiront un jour à une prise de conscience. Quoique, je pense qu'en fait la prise de conscience arrivera de manière plus brutale. Hélas, dans un sens, ce qui sauve les riches c'est que les pauvres n'ont plus aucune doctrine (à part la religion musulmane par ci par là, qui reste tout de même minoritaire). Donc, il ne seront jamais organisés comme pouvaient l'être jadis des masses mues par les idéaux marxistes (très illusoires et irréalistes, certes). Les riches, eux, ont une doctrine extrêmement puissante, qu'on ne nomme pas doctrine mais qui en tient lieu : leurs privilèges. C'est pourquoi, au bout du compte, les riches pourraient encore être une fois gagnants, mais dans une configuration où la démocratie serait devenue caduque : une sorte de néo-Moyen-Age.
P. S. : pendant ce temps des papys vertueux comme Stéphane Hessel, dont le constat est dans le fond assez proche du mien, crient : “Indignez-vous !". L'heure n'est plus à l'indignation. L'indignation c'est bon pour les bourgeois de gauche. On n'arrivera à rien avec la politesse…

6.8.11

PATER…RIBLE

Je viens donc de voir Pater d'Alain Cavalier et j'ai été atterré. Complètement d'accord avec mon lecteur Anthony qui parlait de démagogie. C'est exactement ce qui m'a le plus frappé. Notamment à propos de tout ce radotage interminable sur la réduction de l'échelle des salaires de 1 à 10 ou de 1 à 15 ; ça semble être l'unique enjeu de l'élection présidentielle dont il est question… Pur alibi, peut-être, mais il est représentatif de l'idéologie à l'œuvre dans tout le film, c'est à dire l'idéologie bourgeoise hypocrite, politiquement correcte, gauche caviar si on veut (ils mangent des truffes), ou “faux-cul”, comme dirait Anthony — qui avait tout bon. Ces gens là bâfrent, bâfrent, et entre deux bouchées ils disent qu'ils aimeraient réduire les salaires des super-patrons. C'est ridicule ou dérisoire ou les deux. Alain Cavalier prétend qu'il ne possède rien à part deux tables, que c'est à cause de sa formation religieuse. Pourtant ce film pue le fric. En fait c'est un film sur l'argent. Cavalier annonce fièrement les dépenses qu'il a faites pour le film : costard à 200 euros, chaussures à 175, etc. Jusqu'au moment où il exhibe les cicatrices du lifting (3000 euros) qu'il s'est fait faire, (à 80 ans !). A un autre moment, Vincent Lindon raconte l'esclandre qu'il a fait à son propriétaire pour un prétexte fallacieux. Il le traite plus ou moins de nanti versaillais, en pestant contre les capitalistes comme s'il était un prolo vivant à Aulnay-sous-bois. Pourtant, Vincent Lindon nage dans le luxe (dix SDF pourraient loger dans son dressing) et vit dans un appart cossu du 6e arrondissement de Paris, avec vue sur Saint-Sulpice. Pas exactement un bidonville. La politique est une gaminerie sans intérêt à laquelle se livrent Cavalier et Lindon. La manière onctueuse de Cavalier d'en faire des tonnes sur des petits riens, de jouer à l'épicurien désinvolte (pique-nique grotesque du "président" en forêt), me hérisse. En fait j'ai compris : c'est un fétichiste. Ce fétichisme associé à ces vieilles idées de bourgeois réformiste (genre vaguement radical), me rappelle les années 60. Il y a quelque chose de définitivement rance chez Cavalier. Dans le meilleur des cas il pourrait rappeler Godard, mais seulement pour 1% du film. Ce qu'il me rappelle beaucoup plus ce sont les obsessions boutiquières et gnangnan d'Agnès Varda. Au fond, Cavalier est l'Agnès Varda masculin. Cela éclaire tout autrement son film Irène. Je m'en veux presque de m'être fait avoir par la dimension tragique de ce film (que je préfère néanmoins). Bon, je ne vais pas m'étaler. La seule chose que j'ai vraiment appréciée dans tout le film dure deux minutes. C'est l'explication d''un ancien basketteur, membre de l'entourage du 1er ministre (Lindon), sur le dopage. Là c'est fort, là on entend quelque chose qu'on n'entend jamais aussi crûment : tous les sportifs sont dopés. Quant à la comédie du pouvoir à la Cavalier, pfff.

4.8.11

3D (SUITE)

C'est une affaire entendue : le 3D est condamné. En attendant 42 films en 3D étaient programmés et produits pour 2011 (beaucoup moins pour 2012. Ouf !). Ils sont faits ces films, il faut bien les sortir… Résultat des courses : je me suis cogné deux films en 3D ces deux derniers jours et mes rétines crient grâce. Hier c'était Connard le barbant, tourné en 2D et transformé en 3D (c'est souvent le cas). Mais malgré des plans où seuls les sous-titres étaient en relief, la qualité visuelle était acceptable. Aujourd'hui, méga cata avec Captain America, également transformé en 3D a posteriori. Là la déperdition de lumière est incroyable. Dommage car le film lui-même est pas mal foutu dans le genre saga traditionnelle de super-héros. Mais c'est aussi super-gâché par un 3D verdâtre (celui des lunettes), c'est à dire merdique. Si vous allez le voir, évitez à tout prix la version 3D. Bon, on est bientôt débarrassé de ce gadget pas au point et conjonctivitogène…

ALIENS (SUITE 3)

On annonce un extrême navet qui a tout faux : il est en 3D et c'est un suiveur de la mode des films d'aliens. Le titre : The darkest hour. Le réalisateur : Chris Gorak (ancien chef déco). Pour une fois ça se passe à Moscou. Mais le plus comique c'est que les héros sont une bande de jeunes Américains qui se prennent pour le Club des 5 ou le Clan des 7 d'Enid Blyton. Je n'irai bien sûr pas voir ça, d'autant plus qu'il y a des effets spéciaux assez ridicules inspirés par Photoshop : les victimes des aliens sont instantanément transformées en poussière… Arrêtez d'accuser les extraterrestres de tous nos maux et ayez le courage d'avouer que vous êtes (ou nous sommes) les responsables…
Cela dit, ne me faites pas dire que je déteste tous les blockbusters. Comme le public américain, j'ai plutôt adoré Cowboys & envahisseurs (le film d'aliens ultime), qui sort bientôt, et je ne me suis pas ennuyé une seconde au prequel de La planète des singes (quant à dire que c'est un film politique ou moral — comme ne manqueront pas de le clamer certains —, je n'irai pas aussi loin, tout en maintenant ma considération pour ce film plutôt complexe).

3.8.11

UN PEU DE TOUT EN PARTANT DE TROIS FOIS RIEN

Si je fais le bilan des films d'une bonne première moitié de l'année, je dirais que non seulement c'est inquiétant, mais que c'est quasi catastrophique. Et cela personne ne semble s'en rendre compte. Sûr je n'ai pas vu trois films dont tout le monde a parlé : Tree of life, Pater et Melancholia. Pour Tree of life, c'est rapé ; il ne passe plus qu'à des heures indues au diable-vauvert. Pour Pater, c'est encore jouable. Et Melancholia, je me tâte (bof). En dehors de ça, je ne vois pas quels sont les films qui ont fait l'unanimité que j'aurais trouvés irréfutables et essentiels, ou bien que j'aurais eu absolument envie de voir. Parmi les autres que j'ai loupés, il y a l'Iranien Une séparation. Je ne sais pas, j'avais déjà vu un film de Farhadi (La Fête du feu). Pas mal en soi, mais pas exactement ce que j'ai envie de voir (trop dialectique, je le crains). Parmi ceux que j'ai vus il y a Super 8, que je trouve "sympa", mais très oubliable. Bon, j'ai toujours un petit cheptel de petits films bancals et secrets comme je les aime, mais je ne sens pas la grande cuvée cette année.
Après, il y a une chose qui m'hérisse, c'est cette dictature des gros films, qui n'est certes pas pire que celle des films nobles et politiquement corrects. Il y a ceux que tout le monde a vus ou doit avoir vus, en raison de leur sujet imposant et vaste (le Malick et le Cavalier par exemple). Mais il y a aussi les blockbusters américains que tout le monde (dans la presse) va voir comme des lemmings et commente, même quand il n'y a rien à commenter. Exemple : le remake de Conan, vu aujourd'hui. No comment. Pourtant, à cette projection il y avait le ban et l'arrière-ban de la critique (masculine). Je ne les comprends pas : ils étaient tous obligés, curieux, ou ils s'attendaient à un chef d'œuvre ? Je crois que c'est simplement par conformisme : il vont voir tous les gros films d'action américains par principe. Après, ça ne les empêche pas de déblatérer sur le film, mais ils l'ont vu. C'est fait. Pendant ce temps, il y en a des plus fragiles et singuliers que personne ne va voir. Il n'y a pas longtemps (avant juillet) j'ai été à une projection de presse où l'on était deux ou trois. C'était évidemment un meilleur film que toutes les grosses machines hollywoodiennes du moment. Il me semble aussi qu'à la projection du documentaire mexicain Los Herederos on n'était pas nombreux du tout, alors que ça dépasse de mille coudées les produits lourdauds des multiplexes… Je sais, je radote, je fais toujours le même constat. Notre époque est étrange. Non seulement les critiques aiment et vont voir les mêmes films que le grand public (comédies françaises exceptées), mais ils arrivent à écrire des tartines savantes sur ces mêmes films alors que le moindre polar chilien ou drame psychologique chinois ne leur fera pas bouger un cil. Cela en dit long : la communication, la publicité et la production ont gagné. Les produits commerciaux se vendent et attirent plus que jamais, tandis que les œuvres artisanales ou marginales sont impitoyablement dédaignées, considérées implicitement comme ringardes. Le reflet de ceci se retrouve tel quel dans la société, sa structure et son fonctionnement : les riches sont toujours plus riches (évidemment puisque les pauvres donnent toujours leur argent aux mêmes), et les pauvres plus pauvres. A la limite, les pauvres tueraient pour avoir l'air de riches. J'ai lu il n'y a pas longtemps sur un blog, le récit du vol de son iPhone dans le métro par le blogueur (un designer), puis le récit du vol de son deuxième iPhone, un mois après. Mais à quoi sert un iPhone ? Je n'ai pas encore compris. A surfer sur Internet quand on n'est pas chez soi ? Est-ce vraiment obligatoire ? Tout est comme ça et c'est effrayant. Autrefois il y avait la politique, le non alignement, l'espoir d'un changement. Aujourd'hui c'est mort. Les esclaves veulent continuer à être esclaves. Ce que ne savent pas tous ces zombies c'est qu'ils sont en train de creuser leur tombe. La société est prise dans un phénomène d'entropie qui va la détruire.
Toujours plus de iPhones, de machins et de trucs. Toujours plus de production. Toujours moins de travail et une économie à la merci des parieurs boursicoteurs, qui misent même sur les catastrophes économiques pour s'enrichir. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que la machine s'emballe à un point maximal. L'ennui c'est que cette fuite en avant s'entretient elle-même au nom de la santé de l'économie. Pour que l'économie aille bien, que les pays ne soient pas dans le rouge, il faut qu'ils produisent et que les gens achètent, de plus en plus. On n'arrête pas le progrès. Mais les gens n'ont pas assez d'argent pour acheter tout ce qu'on veut leur fourguer. Les patrons ne trouvent donc pas assez d'acheteurs et frisent la faillite. Il faudrait qu'ils acceptent de faire moins de profits, moins vouloir à innover à tout prix. On en revient à ce dont je parlais l'autre jour : la frugalité. Mais allez parler de frugalité à des malades du téléphone, du gadget, de la télé, du MP3, de la bagnole, du micro-onde, de la bouffe ludique et inutile, des boissons énergisantes, etc. Que des produits excitants, dont l'excitation même suscite un manque et occasionne une consommation effrénée. J'espère que les riches en profitent au moins pour ne pas vivre comme les pauvres et ne pas se laisser avoir par les gadgets à gogos. Mais j'en doute. Je suppose qu'ils consomment simplement de plus gros gadgets, tout aussi inutiles.
Désolé pour cette logorrhée. J'ai écrit comme ça, au fil de la plume, sans réfléchir, de fil en aiguille. Je n'avais aucunement l'idée de parler de ça au départ. J'espère que ça a un sens…
P.S. Je viens de retrouver une expression de Charles de Gaulle que j'avais notée. En parlant du progrès, dont il fut le grand fer de lance en France, il parlait d'une “ardente obligation”. C'est bien là où le bât blesse. Que le progrès soit une obligation est un piège. On est condamné à progresser faute de quoi on tombe. Mais on ne se demande jamais quelles sont les conséquences de cette marche forcée. Quand on produit on devrait être obligé d'étudier toutes les incidences de sa production, ce qui est quasiment impossible. Ce qu'on ne comprend pas c'est que cette notion de progrès ne repose sur aucune donnée naturelle. On dépasse constamment les contingences rationnelles au nom de ce progrès. Je ne pense pas que la décroissance totale soit possible, mais il faut imaginer un contingentement de la croissance. La nature progresse, les plantes croissent, les animaux se multiplient. Mais ils s'autorégulent. L'ennui avec la société occidentale c'est qu'elle ne s'autorégule pas. Elle ne progresse pas, elle prolifère, au détriment des plus faibles. D'où un déséquilibre constant, et des effets violents. Il faut se mettre très vite à réfléchir à une écologie de la croissance. Pas la "croissance durable", qui ne prend pas en compte tous les dangers qu'elle recèle encore, mais la croissance lente, modérée, régulée et équilibrée.

SPIELBRAMS

Tiens, je ne suis pas le seul à attribuer Super 8 à Steven Spielberg. Ce matin j'écoutais les infos sur France Inter et à plusieurs reprises le présentateur a dit : Super 8, le nouveau film de Steven Spielberg". C'est un peu l'arroseur arrosé, dans la mesure où Abrams s'est arrogé la paternité de Lost, Fringe, Cloverfield, et tutti quanti, alors qu'il n'en était que le producteur (en gros). Cette fois, il est quasiment éclipsé par celui qu'il a très scolairement imité. Autrement dit, Abrams doit encore faire ses preuves comme réalisateur à part entière. Jusqu'à maintenant il n'a fait que des remakes ou des œuvres sous forte influence… C'est bien pour cela que le plaisir de ce film est un peu dilué dans les références… En cherchant bien on peut même trouver du American Graffiti dans Super 8. Houhou, George Lucas !