14.10.10

WOODY EST LE (UN) ROBOT

Lu dans le magazine du TGV : “Je ne suis pas une affaire lucrative, un money maker. En presque quarante ans de carrière, je n’ai jamais eu de véritable succès au box office”, dit Woody Allen. Cela ne l’empêche pas d’ajouter plus loin : “Je suis un privilégié car j’ai déjà l’argent pour le film avant même de commencer à écrire. Tout est immédiat, fluide. Je mets deux mois pour écrire le scénario et quatre mois pour réaliser. Du coup, il me reste du temps pour jouer de la clarinette dans mon groupe de jazz, voir mes enfants, partir en vacances avec ma femme et suivre les matchs des yankees”. Quelque chose comme l’équivalent américain d’un Chabrol, quoi, des papys tranquilles qui font des films comme on fait des chaises. Ouvrez le robinet d’eau tiède, fermez le robinet d’eau tiède. Ce n’est pas une règle, mais j’ai tendance à préférer les films de ceux qui ont galéré, quitte à n'en tourner qu’une poignée dans leur vie. En général c’est plus concentré, plus entêtant, pas de la bibine téléramesque. Exemples flagrants : Bresson, Dreyer, Tarkovski, Tati, Murnau. Il y a certainement des contre-exemples, des réalisateurs prolifiques ayant fait aussi des œuvres fortes et viscérales, mais ça ne vient pas, comme ça. Je vais réfléchir. Il va de soi que je ne m’inclus pas dans le lot. Pas par modestie, tout simplement car j’appartiens à une autre catégorie : les touche-à-tout papillonnants, qui ont ou n’ont pas réalisé un ou plusieurs films. S’ils n’ont pas pu accomplir tout ce qu’ils voulaient c’est que d’une certaine façon ils n’étaient pas en phase avec leur environnement. Pour moi, faire de l’art ce n’est pas mal, mais ce n’est pas l'essentiel.

P.S. Ouf si ça y est, j'en ai trouvé (sans chercher) : Ozu et Mizoguchi. Et puis Murnau n'en a pas fait si peu (la majorité de ses films sont invisibles).

Read in the TGV (train) magazine : "I am not a lucrative business, a money maker. In an almost forty year career, I've never had any real box office success", says Woody Allen. This does not prevent him to add further: "I am privileged because I have money for a movie before I even start writing. Everything is immediate, fluid. Two months to write the screenplay and four months to make the film. So, I still have time to play the clarinet in my jazz band, see my children, go on holiday with my wife and watch the Yankees' games." Something like the American equivalent of Claude Chabrol, what, the quiet grandpas who make movies like if they made chairs. Open the faucet of lukewarm water, close the faucet of lukewarm water. I tend to prefer films of people who have struggled, even if they just made a handful of movies in their lives. In general it is more concentrated, headier, purer. Among examples: Bresson, Dreyer, Tarkovsky, Tati, Murnau. There are certainly prolific directors who also did some strong and visceral work, but it does not come to my mind. It goes without saying that I do not include myself in the lot. Not out of modesty, simply because I belong to another category: the unsettled ones, who may or may not have made one or more films. If they have not accomplished all they wanted it is that somehow they were not in tune with their environment. Making art is not bad, but it is not essential.

PS : Finally, I found some (without searching): Ozu and Mizoguchi. And Murnau did not do so little (the majority of his films are just invisible).

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