20.12.11

JOLIE

----------------- ---------------------------------------------------------Photo Greg Ponchak-------
-----------
Pour paraphraser le brave Jacques Attali à propos de l'euro : il y a plus d'une chance sur deux pour que ce blog n'existe plus à Noël. A part ça, je découvre qu'Angelina Jolie nous a pondu un beau pensum intitulé In the land of blood and honey, où elle met en scène les amours tragiques d'un militaire serbe et d'une artiste bosniaque pendant la guerre de Bosnie. D'après les critiques américains, le film a été tourné en serbo-croate, mais on ne trouve qu'une version doublée en anglais de la bande annonce, qui renforce le ridicule du film à cause des accents grotesques des comédiens. Horripilant toutes ces femmes riches et célèbres qui jouent les dames patronnesses. Dans le fond je n'ai rien contre. Ce qui me hérisse c'est qu'on exhibe son altruisme et sa commisération. Comme quand Audrey Hepburn se faisait photographier avec des rachitiques enfants africains dans ses bras. On imagine la comédie : mander des photographes, prendre un enfant, prendre la pose. Société du spectacle quand tu nous tiens. Alors, qu'Angelina Jolie, qui est a priori une richarde vivant dans le luxe et au soleil, se mette à donner des leçons de politique a posteriori sur une guerre aussi complexe que celles de l'ex-Yougoslavie, me semble assez problématique. A ce propos, cet après-midi, regardant un film cumulard (thriller politico-social dénonçant d'hypothétiques magouilles gouvernementales avec des marchands d'armes) je me suis pris à rêver au monde d'avant le parlant, où le cinéma n'était pas constamment sommé de servir de caisse de résonance à l'actualité, où c'était un art à part entière. Avec le parlant, tout s'est trivialisé. Le pire désastre fut sans doute le néo-réalisme, né bien avant les années 1940 aux Etats Unis et en Allemagne. Grâce à lui, le cinéma a toujours cru bon de réagir aux événements du monde, alors que la (bonne) peinture a très peu participé à la politique. Quelques contre-exemples : Guernica de Picasso et les tableaux de Goya sur l'invasion napoléonienne. Quant à la musique classique, c'est encore mieux. Remarquez : je ne sais pas s'il y a tant de bons romans qui soient également des commentaires directs d'une quelconque actualité (évidemment on va m'en citer des tombereaux).
P.S. Ceci dit, je retourne à L'équipée malaise de Jean Echenoz, que j'ai eu la faiblesse de m'acheter en occasion.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire