14.12.11

MIOCHES

Atterrant. Survolant la presse français du jour, je me rends compte qu'à part de rares exceptions, la critique des journaux populaires et grand public, et celle de la soi-disant intelligentsia, bêle exactement sur le même ton, et par-là rejoint les options du plus grand nombre à propos des films spectaculaires hollywoodiens de la semaine, Hugo Cabret et Mission impossible 4. Je sais que cette tendance n'est pas nouvelle, mais je n'arrive tout de même pas à me faire à cette métamorphose opérée graduellement depuis les années 1980, qui aboutit aujourd'hui à la sacralisation absolue du cinéma gadget et dynamique. Hugo Cabret est certes un gentil (et incohérent) hommage à l'œuvre de Méliès, un chouïa tardif, mais il est totalement consensuel. Quant au décorum du film (ah les engrenages !), excusez moi, mais c'est assez toc. Cette histoire d'enfants qui deviennent des cinéphiles bien élevés sent la naphtaline. Quant à Mission impossible 4, je ne suis pas contre le principe, mais il faudrait éviter de nous resservir un vieux James Bond de l'époque de la guerre froide, relifté avec quelques idées et techniques numériques, plus de la baston à gogo. C'est précisément là où il y a régression. Autrefois les méchants avaient une certaine épaisseur, grandiloquente, certes. Aujourd'hui, pfuitt ! On zappe à toute allure leur personnalité. Exemple flagrant : la pauvre Léa Seydoux, qui s'est blondie et pomponnée pour l'occasion, joue une froide tueuse. Mais elle n'a quasiment pas droit au chapitre. Tout au plus lui offre-t-on une séquence de bagarre mouvementée, qui était jadis le lot d'un quelconque cascadeur. Bas-toi et tais toi ! Idem pour Cruise dans ce domaine : il s'éclate plus avec ses cascades périlleuses qu'avec qui ou quoi que ce soit. L'épicurisme est mort.
P.S. La solution est peut-être à chercher du côté de l'enfance (corollaires : infantilisme, enfantillage), comme vient de me le suggérer une critique laudative de Mission impossible 4 dans un magazine branché, décrivant le film comme : “une poignée de copains réunis autour d'un coffre à jouets”. Voilà le problème.

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