9.12.11

LIVRES

Je lis assez régulièrement, en dehors des quelques bouquins historico-politiques qu'on me confie pour en faire la critique. Evidemment je ne m'intéresse pas aux livres à la mode. Rien à cirer. Enfin, j'ai quand même lu le dernier Houellebecq que j'avais trouvé abandonné dans un supermarché (endroit idéal pour cet écrivain). J'ai lu un autre Goncourt plus récemment, mais celui de 1999 : Je m'en vais, de Jean Echenoz. Celui-là je l'ai acheté en poche (des Editions de Minuit, je ne savais pas que ça existait). Eh bien, j'ai beau énormément apprécier Echenoz, son humour, son ton guindé/décalé — il est tout ce que Houellebecq voudrait être ; je soupçonne même ce dernier de s'être un brin inspiré de Je m'en vais pour La carte et le territoire, car il y a entre eux plusieurs points communs, notamment la description du milieu de l'art contemporain —, ce livre m'a légèrement déçu car il m'a semblé s'effilocher après un départ épatant. Peu à peu l'intrigue semblait devenir sans objet, vaine, plate. Dommage qu'il ait eu le Goncourt pour celui-là. J'avais largement préféré Lac ou Nous trois. Mais je ne me décourage pas. De plus ça fait longtemps que je veux acheter son Ravel (qui est un de mes musiciens préférés). J'ai lu un classique de la littérature russe, Oblomov d'Ivan Gontcharov, que j'ai adoré et qui pour moi fait peut-être la synthèse entre le satirisme à la Gogol (génial Les âmes mortes) et la mélancolie tchékhovienne. Au départ ça m'a agacé, ensuite ça m'a de plus en plus fasciné. Oblomov est évidemment un personnage immense, l'égal de Don Quichotte. Je ne vais pas m'étendre là-dessus, mais c'est ce que j'ai lu de plus fin et de plus juste dernièrement sur la condition humaine. J'avais vu jadis l'adaptation filmée du roman par Mikhalkov, mais elle est loin de m'avoir laissé une grande impression. Après j'ai voulu relire Le loup des steppes de Hermann Hesse, un classique de ma jeunesse. Bien mal m'en a pris. Je déteste, et n'ai pu le terminer qu'en diagonale. Un fatras allégorique. Il y a d'autres Hermann Hesse bien plus lisibles à mon sens, comme Narcisse et Goldmund, Peter Camenzind, qui est une sorte de Loup des steppes en bien moins prétentieux, ou même la bible des hippies, Siddhartha. Après j'ai commencé à lire Images d'un jour de pluie, des textes de jeunesse épars de Jean Giono, dont j'apprécie toujours autant la langue. Je ne l'ai pas terminé, mais je le reprendrai dès que j'aurai terminé ce que j'ai en train : Cabeza de vaca, relation de voyage (1527-1537). Soit le journal d'un conquistador espagnol, perdu au sud des futurs Etats-Unis à la fin du XVIe siècle. Le Mexicain Nicolas Echevarria en avait tiré un film de toute beauté. Le livre ne ressemble pas beaucoup au film : il est plus terrible, plus sordide. Je ne l'ai pas encore terminé, mais il m'a déjà guéri du rousseauisme. J'ai compris que les êtres primitifs étaient aussi souvent les plus misérables, qu'ils crevaient la faim et s'entretuaient. La relation d'Alvar Nuñez, dit Cabeza de
vaca, est à rapprocher des parties les plus "tristes" de Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss. Etre indien n'était pas une sinécure et être leur esclave pas une partie de plaisir. J'adore le style du récit, d'une sécheresse à ravir. Marcel Proust devrait en prendre de la graine…
P.S. Vu un film étrange hier, dont je ne sais pas si c'est du lard ou du cochon : Maître du monde (photo).

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