24.8.11

GOD-ART

Je viens de découvrir qu'André "S" Labarthe avait tourné un film intitulé No comment dans lequel un panel de critiques anciens (Jean Douchet, Jean Narboni) et nouveaux (Cyril Neyrat et un autre que je ne connais pas) débattent du Film socialisme de Godard. Ça me fait un peu marrer parce que je me suis aperçu, il n'y a pas si longtemps, que Godard était un cinéaste presque idiot. Un genre d'élève de terminale attardé, qui passe son temps à recopier des citations dans un dico et les ressort à mauvais escient sans les comprendre. Comme Wenders auquel je faisais allusion récemment, ses films sont truffés (pas truffaut) de sentences qui claquent mais qui sont creuses. Genre son fameux : "Le cinéma c'est 24 fois la vérité par seconde". Dont Fassbinder avait pris le contrepied en affirmant : "Le cinéma c'est le mensonge 25 fois par seconde". Ce qui est un tout petit peu plus subtil parce qu'il dit 25, faisant allusion à la télé (25 images par seconde contre 24 pour le cinéma) et aussi parce que je préfère qu'on parle de mensonge que de vérité. Mais tout ça est tellement subjectif… Il y a pas longtemps je revoyais Le mépris en salle (pour accompagner quelqu'un), qui a naturellement ce côté sentencieux. Il démarre justement par une citation désastreuse : "le cinéma substitue à nos regards un monde qui s'accorde à nos désirs", attribuée à André Bazin. D'une part, la citation telle quelle ne veut rien dire : "substitue à nos regards un monde" —> donc remplace nos regards par un monde ! La vraie phrase est : "le cinéma est un regard qui se substitue au nôtre pour nous donner un monde accordé à nos désirs". D'autre part, elle n'est pas de Bazin mais de Michel Mourlet. Enfin, je ne suis même pas d'accord avec la phrase correcte. Le monde que dépeint le cinéma n'a jamais été en accord avec mes désirs. En tout cas rarement. Le cinéma n'est pas là pour satisfaire des désirs. A la rigueur pour en créer. Et encore… Ceci n'étant que quelques exemples de l'aspect ridicule (mais aussi parfois touchant) de Godard, qui est un peu la Madame Verdurin ou le Monsieur Jourdain du cinéma. D'un autre côté, il y a des choses que j'adore chez lui. C'est grâce à lui que BB est vraiment incroyable dans Le mépris (c'est le seul personnage intéressant, le seul personnage tout court). Godard est sans doute le plus grand représentant français (ou suisse) du pop art. Il a le sens de la musique, du cadre, du montage et de la plastique. C'était aussi un punk avant la lettre. Le plus énervant chez les gens comme lui, qui n'ont rien de moral ni d'éthique, c'est qu'ils font de la morale quand ça les arrange.

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