25.6.11

SUPER (2)

Pourquoi Abrams, dont les bandes annonces mystérieuses entretiennent un suspense torride en ne dévoilant quasiment rien (Star Trek, Cloverfield, Super 8), selon le principe bien connu du teasing, met également un temps fou (bien plus d'une heure) à nous montrer le monstre responsable de tout le désastre dans le film Super 8 ? Pour rendre l'attente encore plus insoutenable ? Pour différer au maximum le clou du spectacle ? A mon sens, ce monstre n'est qu'un MacGuffin, un prétexte factice. En fait, il n'y a rien à voir. Ou du moins ce qu'il y a à voir est assez minable : une sorte d'araignée géante ridicule, qui fait pâle figure à côté de l'alien d'Alien designé par Giger. Il n'y a pas non plus l'alibi de l'humanité tapie dans la Bête. La Bête a un vague regard, une vague magnanimité, mais de là à en faire une icône attendrissante il y a un abîme.
SUITE Son problème, c'est Spielberg. Il veut faire du Spielberg alors qu'il n'est pas Spielberg. L'idée du monstre qui dévaste tout sur son passage, faisant valdinguer les choses en l'air, vues de loin, est directement tirée de Lost. Hors dans Lost, on ne voyait jamais le monstre écumant la jungle, qui avait une tête de courant d'air. Comme dans Super 8, Abrams veut égaler (le succès commercial de) ET, il est obligé de montrer l'extraterrestre (à son grand dam, j'en suis sûr), et c'est précisément là où le bât blesse. Il veut en faire un monstre à la fois gentil et méchant, à la fois l'alien de La guerre des mondes et ET. C'est trop, monsieur Abrams, ça ne vous ressemble pas. Si j'étais vous je ferais la version film de Lost, à condition de toiletter à l'extrême la série et de ne pas reprendre les mêmes acteurs. Mais Super 8, c'est même pas du niveau American Graffiti. Voyez le mec qui travaille dans un magasin de photo et qui accompagne les ados. Un personnage aussi débile est impardonnable. Ce n'est pas tout…

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