23.6.11

CAVALIER PAS SI SEUL

J'admire ce que fait actuellement Alain Cavalier (tourner seul avec une caméra vidéo). C'est le cinéaste que j'ai le plus envie d'imiter (bien que j'aie déjà tourné des courts métrages en vidéo ou en Super 8 sans aucun technicien). D'un autre côté, je n'ai vu qu'un seul film de sa série "home-vidéo" : Irène. J'aurais bien aimé voir les autres, mais je les ai loupés quand ils sont sortis, et j'ai toujours autre chose à voir ; tenter de les rattraper ne m'obsède pas, dois-je avouer. Là, en plus, je n'ai pas une folle envie de voir Pater : ça ne me dit rien car c'est trop opportuniste, trop synchrone avec l'actualité politique (les élections de 2012), et puis ce côté leçon de politique et de cinéma, bof, pas envie. De plus, Vincent Lindon ne me fait pas trop rêver (dans le temps, avant qu'il soit acteur, quand il travaillait chez Ludéric, il était bien plus drôle). Ce qui me frappe après avoir lu un ou deux articles sur Pater et ses conditions de tournage, c'est qu'Alain Cavalier tourne ses films avec une petite caméra amateur presque par snobisme. Il n'aurait aucun mal à réunir le budget nécessaire à un tournage traditionnel, mais il ne le fait pas. Pourquoi ? Parce qu'il se sent plus à l'aise ainsi. D'accord. Je pense qu'en fait le film n'est pas si bon marché. Pourquoi ? D'abord les techniciens. Car il y en a. Tout ce que Cavalier tourne comme un pauvre amateur, doit être ensuite transformé en produit professionnel : kinéscopage, c'est à dire transfert de la vidéo en 35 mm, ce qui coûte bonbon, puis mixage et filtrage du son fruste de la caméra, ce qui doit demander du temps, du personnel et du matériel. Après, il y a le tirage des copies, la pub et tout le reste (affiches, promo). Cela dit, je reste tout à fait admiratif de ce minimalisme. Mais il n'est pas permis à tout le monde de faire du minimalisme dans ces conditions luxueuses.

2 commentaires:

  1. Tu dis que le cinéma de Cavalier n'est pas si bon marché; certes la production paye les restaus, ainsi que les copies et la promo. Mais ça reste sans aucun doute un budget minuscule comparé à l'ensemble des productions françaises actuelles.C'est pourquoi je ne suis pas tout à fait d'accord lorsque tu écris qu'il n'est pas permis à tout le monde de faire du minimalisme luxueux.
    C'est plutôt qu'il serait difficile pour un cinéaste inconnu de vendre un film aussi minimaliste; car ce sont, bien sûr, les succès passés et "traditionnels" de Cavalier qui lui permettent aujourd'hui de sortir ses essais intimistes. Cela dit, ne rate pas Pater, qui est drôle et véritablement enthousiasmant.

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  2. Oui, entièrement d'accord, c'est ça que je voulais dire. Le luxe de Cavalier, c'est que grâce à son aura et à son nom il peut faire distribuer en grande pompe un film minimaliste tourné avec des moyens réduits. Ce n'est pas le cas de certains cinéastes comme Nicolas Sornaga et un autre dont j'ai oublié le nom, qui n'arrivent pas à faire sortir leurs films tournés dans des conditions similaires. Cela dit, je trouve très bien que Cavalier fasse des films comme ça. C'est un peu moins factice que quand Claude Miller ou Lars Von Trier tournaient en vidéo amateur pour faire genre. Mais a priori les formats pauvres ou amateurs devraient plutôt aider les personnes moins en vue à faire leur trou. Hélas, c'est rarement le cas. Bon, j'ai tout de même un peu envie de voir "Pater".

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