7.6.11

CELA S'APPELLE L'HORREUR

Le cinéma d'horreur/épouvante me travaille pas mal après avoir vu un semi-navet intitulé Insidious, qui m'a donné à penser. D'abord cette histoire de maison, qui ne date pas d'hier. Pourquoi la plupart des films d'horreur se déroulent-ils dans des maisons et pas dans des appartements ? Bon, on va s'empresser de me citer des contre-exemples, comme Rosemary's baby, tourné dans le Dakota Building de New York, où Lennon créchait avant de se faire dessouder. Mais dans Rosemary's baby l'appartement ne ressemble pas vraiment à un appartement. De toute façon, c'est une des exceptions qui confirment la règle (avec les récents Rec. et Rec. 2). En général, c'est une maison. Ça date en gros de Lovecraft, qui lui aussi faisait une fixation sur les maisons. Poe, je ne me souviens pas. Quant aux romans gothiques, sur lesquels je me penche actuellement, c'est surtout la tendance château (médiéval) et portes qui grincent. Pour ma part, je comprends bien le concept de la maison, comme lieu de l'horreur. En général, la maison se confond avec la famille. Une maison = une famille. Donc, en gros, l'horreur c'est la famille. Ou l'horreur s'attaque à la cellule familiale symbolisée par la maison. Mais plus concrètement, comme je suis assez paranoïaque, je comprends bien le problème. Non seulement une maison est une entité close, mais c'est une entité isolée, pleine de fenêtres par lesquelles le danger peut pénétrer de toutes parts. Bref, le rêve de la maison individuelle où on peut être tranquille, sans voisins au-dessus ni au-dessous de soi, peut se transformer en cauchemar à la moindre occasion.
Ayant vu par ailleurs Lourdes de Jessica Hausner (tourné à Lourdes, naturellement), je perçois une extrême proximité entre l'imagerie pseudo-sataniste et l'iconographie religieuse, et particulièrement le rite catholique. On me dira : c'est normal puisque le Diable est l'inverse de Dieu, son antithèse destructrice. Est-ce si sûr ? Pour ma part je trouve une grande ressemblance entre l'univers, le décorum religieux de certaines églises et les ambiances sombres et biscornues du cinéma d'épouvante. Si on se réfère à certains tableaux de Francis Bacon, c'est l'Eglise elle-même et ses officiants qui sont monstrueux et inquiétants. Le Diable est censé être une figure plus terrienne, proche de la sensualité et de l'épicurisme, mais il perd beaucoup de temps à faire des cérémonies et à faire peur. Un peu comme certains curés. J'ai toujours eu l'impression que ceux qui jouent avec l'imagerie religieuse en l'inversant et la profanant, par exemple en mettant la croix du Christ à l'envers, sont tout de même des chrétiens. Pour commettre un sacrilège il faut connaître la religion. Profaner, blasphémer, comme l'héroïne de L'Exorciste (qui habite une maison, j'ai revérifié), c'est aussi considérer que la religion chrétienne a de l'importance. Si on s'en fout, ça se casse la gueule. Ce que je trouve dommage c'est que peu de cinéastes (et romanciers ?) se soient attaqués directement à la religion dans un film d'horreur. Par exemple tourner un film dans une église, dont les fidèles sont des morts-vivants, ou dont le prêtre massacre un enfant sur l'autel (simples exemples). C'est à dire que le meilleur film sataniste devrait être tourné sur les lieux-mêmes de ce qu'il a envie de détruire ou tourner en dérision. Je m'explique mal. Il y a certainement des œuvres horrifiques situées en partie dans des lieux de culte normaux, qu'on subvertit ainsi, mais peu où l'on parvient à mêler christianisme et satanisme dans un seul souffle. En tant que telle, la religion chrétienne est déjà extrêmement violente, donc pourquoi faire appel à cette imagerie diabolique clicheteuse. A mon avis, c'est encore une histoire de business. Allez dans un magasin de fringues gothiques, vous verrez…

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