2.9.10

A CALIFOURCHON

En visionnant ces deux téléfilms futuristes de Rainer Werner Fassbinder (Le monde sur le fil) datés 1973, je me suis aperçu d'une chose qui peut distinguer les films anciens des récents : les postures. Dans ce film en deux parties, on parle beaucoup, surtout le héros, Stiller, qui dirige la prospective cybernétique et informatique dans une grande firme (il a co-inventé une sorte de Second Life avant la lettre). Je ne vais pas aborder le film lui-même, simplement le fait qu'en discutant avec ses interlocuteurs, ce personnage (et d'autres) se met dans toutes sortes de positions peu naturelles. Il est souvent côte à côte avec celui à qui il s'adresse (classique), rarement face à face. Parfois il marche en parlant à des gens immobiles. Dans un bar, il fait le tour du comptoir, circulaire, pour continuer à bavarder de l'autre côté. Le plus bizarre c'est dans un bureau où il se trouve avec son patron et une huile du gouvernement ou de l'industrie. On a l'impression qu'il sort en pleine discussion car il pousse une porte, puis une autre, puis une autre, etc.. Mais il revient dans la pièce par un autre côté et poursuit la conversation. Dans une autre scène, lui et son patron gigotent sur des chaises de bureau qu'ils font tourner sur elles-mêmes. Ce côté agité et enfantin est peut-être censé aérer la mise en scène, mais à mon sens c'est ce qui est le plus daté. Un mec qui court en tous sens en parlant à quelqu'un qui est assis a quelque chose d'enfantin. C'est comme cette manie qui était jadis un cliché des polars (français ?), celle du flic s'asseyant à califourchon sur une chaise (à l'envers face au dossier) pour questionner un coupable. Sans doute pensait-on que ça faisait viril (enfin, je suppose). Ça n'était que ridicule. Heureusement, on ne voit plus ça. Les chaises ont changé de forme. Et notre époque a des défauts, mais au moins elle est plus sobre, moins chiquée.
Watching those two Rainer Werner Fassbinder's futuristic films of 1973 (World on a wire), I noticed something that can distinguish new movies from old flicks : the postures. In this two part movie they talk a lot, especially the hero, Stiller, who deals with prospective cybernetics and computers in a large firm. I will not discuss the film itself, just the fact that when people talk in the film they have all sorts of unnatural positions. Stiller is often side by side with his interlocutor, talking at him without looking (classic). Sometimes he walks while talking. In a bar, he walks around a circular counter and goes on talking from the other side with the people he met there. The strangest sequence is set in an office where he and his boss are meeting a hot shot from the government or the industry. Stiller seems to go out in the midst of a discussion : he opens a door, then another, then another, etc. But then he comes back into the room from another side and keeps on talking. In another scene he and his boss turn around endlessly in their office chairs. This restless and childlike attitude may be used to aerate the staging, but in my opinion it is what dates the film. A guy who runs in all directions while talking to someone who is sitting is annoying. It's like a mania that was quite common in (French?) thrillers : cops used to sit astride a chair while questioning a suspect. Supposedly it was a manly pose (well, I guess), but it was also ridiculous. Fortunately, it doesn't seem to exist anymore. Chairs have changed. Our time has faults, but at least it is more sober, less fake.

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