18.10.11

TÉLÉ

Je suis en train de comprendre un truc très évident et assez énorme, en fait. Ce qu'on prédisait dans les années 1980 est en train de se produire petit à petit : le cinéma est en train de mourir. Pourquoi me dis-je cela : parce que des personnes très jeunes de mon entourage très proche préfèrent largement regarder des séries en streaming (ou téléchargées) qu'un long métrage de fiction. Dans leur cas, le cinéma passe au second plan. Si on fait le lien avec l'océan de têtes blanches de la projo d'hier, on peut dire, oui, que le cinéma en tant que tel appartient presque déjà à l'histoire. (Certes on peut dire que les séries c'est aussi du cinéma). Réflexion que je prolongerai ultérieurement. Il faut que j'aille voir un film… sur la disparition de la presse écrite. LOL
Je me permets de publier ici le commentaire brut de décoffrage mais très intéressant de Cham, qui apporte de l'eau à mon moulin. J'y reviendrai quand j'aurai plus de temps (et moins de flemme) :
"D'expérience, effectivement, à force de s'habituer aux séries il arrive un moment où un film devient quelque chose de difficile à digérer. J'ai regardé des séries de six saisons de 24 épisodes de 40 minutes, mais j'ai décroché devant des films de une heure et demi. Pas seulement à cause des séries je pense, mais d'internet même. D'une certaine attitude "si je ne sais pas, google le sais en quelques clicks". Pourquoi se contenter de n'ouvrir qu'un onglet quand on peut en ouvrir plein ? Pourquoi rester une heure et demi ou plus devant une histoire pleine de silence quand on me propose d'en suivre une plus développée et pleine de dialogues par petits bouts de 20 ou 40 minutes ? Les séries sont construites sur des principes d'efficacité, là où les films détiennent encore le droit de ne pas être immédiats, de ne pas être efficace (et comme en plus certain réalisateurs en abuse, ça n'aide pas). Il va probablement se passer deux choses : soit le cinéma va être cannibalisé par une télé efficace qui se permettra peut être de prendre le flambeau d'être cinématographique (certaines séries comme Breaking Bad reflètent déjà ça, mais déjà Twin Peaks avant elle avait de nombreuses qualités). Soit une génération de gens élevés aux séries va soudain sortir de sa tanière (aller, en pariant sur le fait que la plupart des réalisateurs commencent à la trentaine et que la moyenne d'âge de cette génération est 25 ans, on peut tabler sur d'ici 5-10 ans) et proposer des films qui marcheront sur le même type d'efficacité télévisuelle (un bon exemple serait Mission Impossible 3, écrit par un producteur/showrunner sur le mode des 4 actes dont la télévision américaine se sert pour placer de la publicité tout en maintenant le suspense.) Quelque part c'est un peu à cause de la nouvelle vague tout ça. Des gens doués en mise en scène, gavé de culture cinématographiques, et qui ont gravé culturellement dans les esprits que le réalisateur avait tous les pouvoirs sur l'histoire. Sans se douter que les générations suivantes seraient composées de plein de réalisateurs fan de série B qui ne sont pas auteurs mais qui profitent de ce pouvoir pour faire n'importe quoi (aussi bien scénaristiquement qu'en terme de mise en scène.) Et bien aujourd'hui, les "bons scénaristes" se vengent par la télévision où le réalisateur n'est plus qu'un technicien au même titre que les acteurs et où l'histoire a le pouvoir. Et la génération google sans concentration va là où on peut capter son attention efficacement." Cham

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