24.7.11

DEUX QUESTIONS

Deux questions pas très importantes et qui n'ont rien à voir entre elles.
1. Que signifie la passion de Steven Spielberg pour les extraterrestres ? Il a pratiquement lancé ou relancé cette notion d'envahisseur exogène avec Rencontres du troisième type, prolongé par l'humaniste ET, et clos (pour l'instant) par l'angoissant La guerre des mondes. Parallèlement, il a co-produit ou été le producteur exécutif de la série Falling skies, qu'on peut considérer comme un prolongement feuilletonesque de La guerre des mondes, puis de Super 8 de JJ Abrams, un pot-pourri intégrant tous les aspects du sous-genre, ainsi que de Cowboys et envahisseurs de Jon Favreau, qui a de nombreux points communs (et même des séquences communes) avec Super-8. Ce qui me frappe notamment, c'est que cet intérêt pour le genre en recouvre un plus vaste que Spielberg a également allègrement illustré : la guerre. Mais dans ce cas, la guerre contre les aliens, aussi bien dans La guerre des mondes, Cowboys et envahisseurs, que Falling skies, et même le plus ambivalent Super 8, est un formidable ciment social, au nom duquel tous les extrêmes sont réunis pour le meilleur et pour le pire pour bouter hors de notre planète les monstres innommables qui viennent tout détruire. Bref, les aliens sont là pour ressouder une humanité trop fratricide. Ils tiennent le rôle des nazis, tombés en désuétude (que Spielberg a bien tâclés aussi), qu'on a tenté de remplacer par les islamistes. Mais cela a moins bien fonctionné.
2. L'histoire tend-elle à s'arrêter ? On en arrive à un point où l'on ne fera plus très bien la distinction entre (une œuvre du) passé et (du) présent. Evidemment, ça s'applique moins au cinéma (quoique). Mais en musique c'est flagrant. J'entendais l'autre jour le vieux tube Sugar, sugar des Archies à la radio. Un morceau de bubblegum music tiré d'une série animée des années 1960. Eh bien, rien en lui ne me semblait réellement dépassé ni désuet. Dans les années 1980, le sectarisme battait son plein. On était beaucoup plus sensible à la ringardise du passé que maintenant. Quoique je fusse mal placé, étant moi-même furieusement rétro à l'époque. Aujourd'hui certains s'évertuent à simuler le passé de façon de plus en plus impeccable. On n'arrête pas de produire des vinyles, et les amplis à lampes sont devenus le nec plus ultra. En mode vestimentaire c'est un peu pareil ; tout est mélangé désormais, cheveux longs, cheveux courts, minijupes et joggings. Pour ma part je trouve ça formidable. Le racisme perd du terrain (tout n'est pas gagné) ; on est moins intolérant. On ne s'offusque pas qu'untel ou untel ne soit pas à la mode puisqu'il n'y a plus de mode lisible et que toutes les modes passées ou présentes s'équivalent désormais. L'ostracisme est devenu la seule chose réellement démodée. Evidemment ce que je dis n'est ni universel ni applicable à tous les domaines et tous les pays (comme l'actualité le démontre constamment), mais il y a une tendance dans ce sens…

5 commentaires:

  1. Pensez vous vraiment que vos deux questions soient sans rapport ?

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  2. Gagné ! Je sentais confusément que je pouvais faire un lien entre ces deux thèmes, mais je n'ai pas encore trouvé l'articulation qui tue. Je ne suis pas un gars très rapide…

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  3. P.S. Bien sûr, il y a cette sorte de grégarité empathique, qui peut s'exprimer par une acceptation de la différence, ou une union sacrée devant une adversité majeure. Mais je ne suis pas encore vraiment satisfait… A suivre

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  4. Vous pouvez jeter un coup d’œil à ça :
    http://mots.revues.org/15642#tocto1n3

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  5. J'invite mes lecteurs à se reporter à cette savante étude de la notion d'ennemi : ("celui qui cristallise l’essence polémique de toute relation collective"). L'extraterrestre étant l'ennemi royal, car il n'est entaché d'aucun soupçon d'humanité, sa destruction n'a donc aucun caractère tabou. Car l'humain est sacré pour l'humain. Le détruire est soit une transgression, soit un sacrilège, soit un tabou respecté. Amusant que d'une certaine manière les lois de la robotique édictées par Asimov dans ses romans, selon lesquelles les robots ne peuvent pas porter atteinte aux humains, sont d'une certaine manière les lois que les humains aimeraient s'appliquer à eux-mêmes. Il y a certes de nombreux dérapages. L'actualité en est encore une fois toute bruissante. Mais le fait même qu'on en parle découle de cette empathie implicite qui nous tient tous.

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