5.5.11

ÉLISE OU LA VRAIE VIE

Incroyable mais vrai : une attachée de presse de cinéma (que je connais), Elise Girard, a réalisé un long métrage, Belleville-Tokyo, pour raconter comment elle a été larguée par un critique (que je connais aussi) quand elle était enceinte de lui. Pourquoi pas, mais je ne voudrais pas être à la place de ce critique qui en prend plein la gueule dans le film par personnage interposé, alors qu’elle n’apparaît que comme une simple victime. Le pire c’est que j’ai tendance à la croire. Ce qui me gêne n’est pas ça. A priori aucun grand film n’est autobiographique (je n’ai aucun exemple réussi en tête et ceux qu’on va me citer sont ceux que je n’aime pas), mais le problème n'est pas là non plus. On peut toujours raconter sa vie, ce n'est pas défendu. Ce qui est gênant c'est quand ça devient un pis aller, un palliatif, une manière de régler un conflit privé, voire une manie exhibitionniste. C’est souvent la limite de ce qu’on a appelé l’autofiction en littérature (Christine Angot & co), veine dans laquelle Elise Girard s'inscrit clairement. Trop de réalisme tue le réalisme. Là, cela dépasse l’entendement. En plus, Elise figure dans certaines scènes avec l’actrice qui joue son propre rôle (Valerie Donzelli). Elle va jusqu'à reproduire certains détails infimes. Comme par exemple la panoplie vestimentaire de Jean-Max Causse, un des patrons des Studios Action pour qui elle a travaillé, dont le rôle est joué par Philippe Nahon (d'ailleurs des scènes sont même tournées au cinéma Grand Action, depuis racheté par Jean-Pierre Mocky). A ce stade, les bras m’en tombent. Ça fait penser à la fois à Arnaud Depleschin qui s’était, dit-on, inspiré de Marianne Denicourt dans Rois et reine, et au livre de Marianne Denicourt, Mauvais génie, où elle reprochait à Depleschin d’avoir fait de sa vie une fiction. Après il faudrait regarder le film de Elise Girard avec un regard plus objectif, en tant qu’œuvre d’art. Là, je ne me prononce pas pour l’instant, même si ça correspond à ce type de cinéma français auquel je me sens étranger, précisément parce qu’il ressemble trop à ce que je connais dans la vie. Ça a toujours été un mystère pour moi. Comment peut-on aimer les films de Doillon si notre vie ressemble aux films de Doillon ?

2 commentaires:

  1. Mocky n'a pas racheté le Grand Action mais l'Action Ecoles, rebaptisé hypocritement le Desperado, comme si un type qui s'offre un cinéma peut être un type dangereux.

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  2. Ah oui, pardon. Oui Desperado, c'est l'autolégende de Mocky qui s'est toujours vu comme un Robin des bois, un redresseur des torts populaire et romantique, à travers ses films et ses propres rôles (comme dans L'Albatros et La Machine à découdre). Il se présente toujours comme une victime dans ses interviews, quitte à déraper régulièrement dans le poujadisme. Moi qui l'ai souvent défendu, j'ai eu le malheur de dire des choses un peu moins positives sur certains de ses films. Alors il a déblatéré sur moi en racontant des bobards à la télé : genre, je lui avais envoyé un scénario et il l'avait refusé, alors je me vengeais. Ridicule. Il joue toujours le misérable alors que, selon la rumeur, il posséderait un important patrimoine immobilier. D'après une attachée de presse (une autre) qui avait été chez lui, il habiterait sur les quais de la Seine dans le 7e arrondissement, dans un duplex spacieux, mais avec quasiment pas de meubles pour économiser. Bref, Mocky, le Desperado c'est assez comique.

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