9.5.11

L'OBSESSION SOCIALE

Les malheurs des guerres, les maladies, les problèmes de l'exil (sans papiers, etc.), les insondables et inépuisables fléaux de l'Afrique, les désordres et désastres de la pollution, de la malbouffe, destruction de l'écosystème, etc…. Tout cela devient une manne pour les documentaristes en mal de sujet. Tout cela alimente les chaînes de télé, en se pliant plus ou moins au sacro-saint format des 52 minutes, mais aussi les festivals de cinéma où la norme ne devrait pas exister, ou il ne faudrait pas qu'il y soit absolument traité des sujets de société qui font débat ou qui fournissent matière à débat. Je pense que le poids et l'importance de l'actualité télévisée, des JT, sont en train de tout écraser. On est sommé de réagir à chaud sur des problèmes dont l'info nous rebat les oreilles jour et nuit et de négliger tout ce qui est hors temps, hors événement. Bref, aujourd'hui seul un cinéaste comme Raymond Depardon peut tourner une série de films sur de vieux paysans et on ne verra pas de documentaire sur le Spitzberg à moins qu'il ne recèle une quelconque catastrophe. L'esprit de découverte au sens ethnographique a mauvaise presse car il n'est pas assez grégaire, assez concerné. Quant à ce qu'on nommait jadis "documentaire de création", expression un peu fourre-tout qui disait tout de même qu'on pouvait utiliser le média du cinéma comme le faisaient les compositeurs de musique concrète quand ils remodelaient des sons réels, c'est tout juste si on ose encore en parler. Certes, cela existe encore, mais marginalement. Cela n'est jamais promu par les institutions dispensatrices de financements divers, qui se prennent toujours un peu pour des organismes sociaux, consentant à donner de l'argent à des artistes utiles et concernés, pas à des démiurges mégalos. Bref, ce n'est qu'une tendance, mais comme tout le monde va dans le même sens, elle s'accentue.

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