8.3.11

VRAI

Comme l'a fait justement remarquer à la radio un docte critique qui m'insulta jadis dans son journal (je tairai son nom, car il serait trop content), la mode, que dis-je la manie, est de mettre en scène des histoires vraies au cinéma. Ceci dépassant le phénomène des biopics, qui n'est qu'un épiphénomène de cette frénésie consistant à utiliser le réel comme caution de la fiction. Comme si la fiction elle-même devenait de plus en plus suspecte, ou comme si les gens avaient de moins en moins d'imagination. Ce qui est possible quand on voit des films creux et et mornes comme cette espèce de thriller psychologique sans objet que j'ai vu hier, intitulé La Lisière. Une nouvelle vague ? OK, alors très très vague. D'un autre côté si on raconte des histoires vraies, le problème c'est que la fin est connue à l'avance. On repassera pour l'effet de surprise et/ou de sidération. Cela a pour corollaire le fait que si on s'amuse à narrer la vie d'un hors la loi, on ne pourra jamais narrer celle de celui qui n'a jamais été pris et qui a fait mentir la morale populaire selon laquelle il n'y a pas de crime impuni. Ensuite le fait de raconter une histoire vraie n'est pas une garantie, ce n'est qu'un argument publicitaire. Tout film, même documentaire, est une fiction : la couleur est fausse, le cadre partiel, le son retravaillé, le montage une reconstruction arbitraire de l'espace et du temps. Bref, pour moi, le slogan "tiré d'une histoire vraie", est un alibi pour excuser la faiblesse d'un récit, ou bien pour lui donner un piquant qu'il n'aurait pas naturellement. C'est une épice. Une épice n'a jamais fait un plat.

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