20.1.11

DG

OSSANG a encore frappé, caramba !
Cedric me parle de Griffith à propos de la photo de Dharma Guns. C'est moi qui l'ai volontairement jaunie, mais il est exact que Ossang a un rapport très fort avec le cinéma muet. D'ailleurs en regardant le film j'ai beaucoup pensé à Guy Maddin, qui lui aussi est un fou-dingue qui continue le cinéma muet d'il y a cent ans. Ma théorie, très personnelle, c'est que les grands cinéastes d'aujourd'hui sont ceux qui ont un rapport très fort avec le cinéma muet. Phlippe Grandrieux, Guy Maddin, David Lynch, les Quay, Patrick Bokanowski, Forzani/Cattet, Sokourov, et d'autres qui ne me viennent pas immédiatement en tête, sont nés trop tard. Je ne m'inclus pas dans le lot par modestie, mais je pense exactement la même chose. J'ai les mêmes idées, les mêmes goûts plastico-archaïques que tous ces gens là. Le premier film qui m'a donné envie de devenir cinéaste, c'est Nosferatu de Murnau, que j'ai vu au lycée. Moi et un copain on a illico commencé à tourner quelques plans en noir et blanc près d'une maison abandonnée qui ressemblait vaguement à un château. J'avais écrit un pseudo scénario intitulé La Fleur rouge, me semble-t-il, dans lequel le seul élément en couleur devait être précisément une fleur rouge. Chez Ossang, qui a pourtant un vrai talent d'écrivain (voir ses livres), ce sont les mots qui convainquent le moins. Ils embrouillent. Mais le reste est miraculeux…

16 commentaires:

  1. Ah, bof, je croyais que tu allais nous parler de David Griffith...

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  2. Pourquoi bof. Si un plan de Ossang PEUT ressembler à du Griffith c'est la preuve que ce n'est pas un nul. En fait j'ai pensé à ça pendant tout le film : les plus grands cinéastes d'aujourd'hui sont des gens qui ont des liens très étroits avec le cinéma muet.

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  3. La photo évoque vaguement Griffith, mais plutôt comme un mauvais pastiche. Non, ce sont les initiales qui m'ont fait penser au grand D (W) G.

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  4. Pas la peine de parler d'un film que vous n'avez pas vu et qui n'est pas un pastiche de Griffith. S'il ressemble à un cinéaste du muet, ça serait plutôt à Fritz Lang époque allemande. Quant aux initiales de Griffith c'est effectivement DWG, car on écrit généralement David W. Griffith.
    Pour moi DG évoquerait plutôt Deutsche Grammophon (Gesellschaft), la firme allemande de musique classique à l'étiquette jaune.
    Quant à Ossang pas la peine de l'attaquer parce que personne ne prendra sa défense à notre époque. C'est pourtant un des seuls en France à tenter quelque chose qui sorte du naturalisme télévisuel.

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  5. Pfff, dès que t'es pris en faute, tu censures, c'est du joli, et après ça se targue d'être "à la marge"...

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  6. Monsieur Cedric me provoque en me disant que je me targue d'être à la marge. Je ne m'en targue pas, j'y suis malgré moi. Ensuite, être à la marge n'est pas une garantie de magnanimité et de droiture. Ensuite, je ne vous ai pas censuré. J'ai effacé votre post car je ne voulais pas me lancer dans un laïus sur la photo d'un film que vous n'avez pas vu. Une photo est une photo, mais elle ne dit pas tout. Une photo de film est souvent trompeuse car non prise dans le même axe que la caméra. A part les photogrammes. Mais ce n'est pas le cas ici. De toute façon, un film n'est pas une photo mais une longue suite de photos…

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  7. Si tu ne vois pas que n'importe quel photogramme de Griffith, même recadré, est mille fois plus beau que le photogramme d'Ossang que tu as reproduit, je ne peux rien pour toi. Quant à la marge, quand on écrit dans les Inrocks, on ne peut pas prétendre y être vraiment, si ?

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  8. C'est pour ça que dans mon précédent blog je n'avais pas ouvert les commentaires… Je risque de les fermer bientôt ici aussi. Je n'ai pas envie de débattre de problèmes de philatélie…

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  9. Je te parle de cinéma. On dirait que ça t'échappe.

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  10. Des images splendides/
    Ce photogramme est issus du meilleur plan du film. Cette image est à mon avis le souvenir qu'il faut garder de ce film. Un souvenir mortuaire.
    Ossang ne signe pas ici son renouveau mais semble tourner en rond pour revenir vers ce qu'il sait faire. On dirait un remake du "Trésor des îles chiennes" fauché.
    Avec "Docteur Chance" Ossang était parvennu au sommet de son art en relevant le pari de la couleur. Guy Maddin aussi avec "Careful" était allé trés haut en prennant le même risque. Et tout cela n'atténue pas la force "primittive" de leur esthétique, au contraire.


    Les personnages d'Ossang autrefoi désaxés semblent aujourd'hui condamné à la folie. Ils hurlent à la lune en pardessus de cuir noir. J'imaginait pendant le film F.J.Ossang les "diriger" une bouteille de vodka à la main de l'autre un revolver pas chargé, en train d'exploser de rire à moitié ivre. Et eux qui hurlent, le batâve pas crédible et le sosie de Hitler ou plutôt de Gary Oldman dans le 5eme élément.

    Pour finir, un autre parraléle avec Maddin : les mots: Autant Maddin utilise la parole à bon essien pour commenter l'image, la soutenir ou apprter un contrepoint comique, autant la poésie d'Ossang colle mal et le film se fait obscur et inintelligible.

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  11. Xavier,
    Je souscris 100% à votre point de vue. Il est certain que le film est d'une certaine manière une déception. La faute, je pense, à un imaginaire figé, dont Ossang ne décolle pas depuis ses débuts. C'est à la fois sa force et son problème. J'en reste à l'effet formidable de la séquence d'ouverture (ski nautique), avec la musique style Dead Kennedys, qui est un quasi remake du court "Ciel éteint" (avec les mêmes acteurs). Pour le reste, je suis d'accord. C'est un peu régressif pour Ossang, qui, à mon sens, a eu le tort de tourner à nouveau aux Açores.
    Quant à Maddin, là pas d'accord. "Careful" est un sommet de son cinéma, mais pas le seul. "Winnipeg mon amour" en est un autre, à mon sens, parce que justement il y change de ton et de registre.
    Le vrai chef d'œuvre récent de Ossang, je pense, est son court métrage "Silencio", où justement il n'y a pas de paroles. A ce moment là, il est simplement le meilleur cinéaste français.

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  12. Pour Maddin je mettrais aussi "Dracula" comme un de ses meilleurs (mais je les aime tous tellement). Cela pour son travail sur le support, la matière et le mouvement avec en prime l'audace du sujet.

    Notons un point commun de plus entre Ossang et Maddin: ils ont commencés par une trilogie, si l'on peut ainsi dire, dont le dernier des trois est en couleur.
    Maddin s'était "perdu" avec son quatrième film: "Le crépuscule des nymphes de Glaces" filmé contre nature en 35 mm.

    Gageons donc qu'Ossang reviendra très fort au prochain film.

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  13. Le nombre de commentaires à propos d'Ossang en dit long. L'époque est mûre pour son cinéma. Ses précédents films ne me semblent pas avoir été autant encensés, discutés. Comme disait le bon critique J.S. Chauvin sur Chronicart, on en a marre des navets naturalistes. Ossang replonge dans les racines même du cinéma.
    Quant à Maddin, j'avoue ne pas avoir adoré Dracula. Mais parfois j'ai du mal à aimer complètement ses films. Je ne sais pas, c'est trop concentré, trop décalé. Enfin, j'adore toutes ses idées, son néo-archaïsme…
    Vous êtes très fort Xavier, vous avez vu son film maudit, moi pas. Ses distributeurs français m'ont dit qu'ils ne l'aimaient pas non plus. Il doit y avoir des raisons…
    Je trouve son court métrage sur la chaise électrique assez insensé. Je l'avais mis en lien sur mon ancien blog, sauf erreur.
    Depuis mon adolescence j'aime tout ce qui est ancien. C'est une des raisons pour laquelle tous ces cinéastes me parlent…

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  14. Je suis bien d'accord. D'ailleurs, un "mauvais" Maddin, un mauvais Ossang vaudra de toute façon bien plus le coup d'être vus que bon nombre de films "réussis" qui sortent en même temps. J'ai pensé la même chose pour "Indigène d'Eurasie" car quoique raté à cause de la partie Française (La partie en Europe de l'Est est géniale) certaines séquence sont fascinantes.

    L'époque est mûre pour ce cinéma-là c'est certain et je crois que ces films resterons. Le temps est le meilleur allié de ces œuvres particulières et uniques.

    Pour le "Crépuscule des nymphes de glaces" j'avoue que je suis chanceux, un peu corsaire aussi, un tel titre et un tel échec lui confère une dimension presque mythique.
    J'aime aussi "l'ancien", l'aspect primitif, toutefois ces films présentent un réel travail esthétique et stylistique, notamment pour Maddin qui a pu développer un réel style au niveau du montage (Surtout depuis Dracula). Un style tout à fait moderne et pas seulement un ersatz canadien de montage soviétique comme ses détracteurs le réduisent par manque de références.

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  15. Ça tourne au forum, cette affaire !
    En fait je sais exactement d'où vient le nouveau style de montage de Maddin. D'un jeune réalisateur de Winnipeg nommé Deco Dawson, qui tournait en Super 8 et que d'une certaine manière Maddin a phagocyté. J'avais vu les premiers courts métrages de Dawson, c'était exactement le même style. Je pense que Dawson a quasiment coréalisé certains de ses films (dont Dracula), et puis Maddin est reparti seul. Donc d'une certaine manière il l'a vampirisé… Enfin, il s'est inspiré de sa technique de montage, qui n'a rien de soviétique. Mais un des premiers films de Maddin, Achangel, est bien un hommage au cinéma soviétique.

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