30.6.11

KITTY, DAISY & LEWIS

I'm so sorry : CLIC. Clip superbe et astucieux — rappelant le principe du court métrage Renaissance de Walerian Borowczyk — de cet incroyable groupe fifties de trois frères et sœurs british, Kitty, Daisy & Lewis, accompagnés par leurs parents. Totalement surdoués au chant comme aux divers instruments, ils ressuscitent toutes sortes de musiques des origines,
rock'n'roll, ska, boogie woogie, avec une aisance et une perfection époustouflantes bien qu'ils n'aient que de 16 à 20 ans. Précisément ce que j'aimais à leur âge. Déjà j'étais extrêmement rétro, mais ils le sont bien plus puisque du temps a passé depuis. J'ai connu des gens exactement comme ça, mais jamais aussi musicalement doués.
P.S. Evidemment j'oubliais de dire qu'il y avait eu un précédent remarquable : le duo rockabilly des Collins Kids qui, eux, n'étaient pas rétro puisqu'ils étaient là au tout début du rock'n'roll (1956). Guitariste émérite, Larry Collins, jouait à 13-14 ans de la guitare à double manche, bien avant Jimmy Page. Clip (Catfish Boogie) : CLIC

DADA

On croyait Spielberg occupé à peaufiner son Tintin animé. C'est vrai mais il a aussi trouvé le temps de tourner une ineffable culculterie, War horse (Le Cheval de guerre), adaptation d'un best-seller sur un canasson et son jeune maître pendant la 1ère Guerre mondiale. Avec Steven, c'est jamais gagné. La tendance à la mièvrerie guette toujours… Bande annonce : CLIC

BOULE BLANCHE

Par hasard je suis retourné au 9, passage de la Boule blanche, dans le 12e, dans le local même des Cahiers du cinéma que j'ai fréquenté pendant de longues années. Les bureaux sont à présent occupés par les sociétés de distribution Bodega et Carlotta… Très bizarre impression de raccourci temporel. Je n'y avais pas mis les pieds depuis 13 ans, mais il me semblait que c'était la veille. Si je suis resté si longtemps aux Cahiers (et ailleurs) c'est parce que j'ai très peu la notion du temps qui passe. Les gens bougent tout le temps, moi j'ai un rythme finalement plus lent. J'ai tout de même remarqué que la végétation de la cour s'est beaucoup développé. Syndrome Belle au bois dormant ?
(P.S. merci au touriste tchèque à qui j'ai emprunté la photo. Curieusement il ne sait même pas ce qu'il a photographié. Il trouvait ça pittoresque).
P.P.S. J'apprends justement la mort de Claudine Paquot, qui fut la véritable âme des Cahiers pendant près de trente ans. Un peu la gardienne du temple aussi, bien qu'elle n'ait jamais écrit dans la revue. A vrai dire je ne sais pas quoi en penser. Je me rappelle qu'un jour où je lui demandais de pouvoir bénéficier de la carte de critique (carte verte), elle me répondit que ce n'était pas possible parce que je ne faisais pas partie du "noyau dur" des Cahiers. In English, "hard core". Lol.

MAUS

Classé par certains dans l'underground pop ou l'expérimental, John Maus fait revivre la pop synthétique des années 1980 — année de sa naissance — en lui adjoignant des vocaux sépulcraux et brouillés (auto-tune ?). Pour avoir une idée du résultat, ci-joint le clip cramé de son morceau Believer (CLIC). En prime on peut télécharger gratuitement le morceau. Qui dit clip cramé dit musique azimutée. Cela m'a rappelé à quel point j'étais attaché à la New Wave années 1980, peut-être plus qu'à tous les autres genres pop. Il y a quelque chose de tellement naïf, primitif et désespéré (désespérant ?) dans cette New Wave post-punk —— ou néo-Cold Wave, puisque la voix de Maus n'est pas celle d'une souris, mais plutôt d'un revenant. Vous avez dit Ian Curtis ? Avec peut-être un petit zeste de Scott Walker… D'ailleurs certains morceaux font penser à du New Order chanté par Ian Curtis ;)

29.6.11

INCROYABLE

Je ne suis apparemment pas le seul à détester — voir plus bas — Transformers 3. Deviendrais-je consensuel ?

26.6.11

ZUT

En relisant mes derniers posts, je vois bien que, sans faire de la critique, je ne fais que parler des films qui ne m'ont pas plu, notamment des blockbusters. Or il y a quelques films qui m'ont comblé ces derniers temps. Mais pas assez pour que je m'excite comme je le fais sur ces baudruches yankees. J'ai bien aimé les docus Acqua in bocca et Lettres et révolutions (qui se ressemblent dans le fond et presque la forme), j'ai aussi beaucoup apprécié La dernière piste de Kelly Reichardt qui, objectivement, est le meilleur film de la période. Mais je ne suis pas dévasté non plus. Finalement, ce à quoi j'ai pris un réel plaisir, c'est, contre toute attente, une comédie française, Ni à vendre ni à louer de Pascal Rabaté, qui est un des rarissimes films sans paroles (je n'ai pas dit muet) convaincants, avec ceux de Tati. Je n'en dirai pas plus car je dois écrire sur ce film pour un journal et je n'ai pas envie de me répéter, mais je n'en pense pas moins. Charmant ! L'autre film très fort que j'ai vu, c'est Lourdes de Jessica Hausner. Il sort fin juillet. Ce n'est pas une comédie, mais il est également en partie inspiré par Jacques Tati… Les œuvres qui me font vibrer sont celles qui cherchent autre chose (que la psychologie) et qui sortent des évidences formelles et politiquement correctes. L'antithèse de cela étant le conformiste et péniblissime Pourquoi tu pleures ?

25.6.11

SUPER (2)

Pourquoi Abrams, dont les bandes annonces mystérieuses entretiennent un suspense torride en ne dévoilant quasiment rien (Star Trek, Cloverfield, Super 8), selon le principe bien connu du teasing, met également un temps fou (bien plus d'une heure) à nous montrer le monstre responsable de tout le désastre dans le film Super 8 ? Pour rendre l'attente encore plus insoutenable ? Pour différer au maximum le clou du spectacle ? A mon sens, ce monstre n'est qu'un MacGuffin, un prétexte factice. En fait, il n'y a rien à voir. Ou du moins ce qu'il y a à voir est assez minable : une sorte d'araignée géante ridicule, qui fait pâle figure à côté de l'alien d'Alien designé par Giger. Il n'y a pas non plus l'alibi de l'humanité tapie dans la Bête. La Bête a un vague regard, une vague magnanimité, mais de là à en faire une icône attendrissante il y a un abîme.
SUITE Son problème, c'est Spielberg. Il veut faire du Spielberg alors qu'il n'est pas Spielberg. L'idée du monstre qui dévaste tout sur son passage, faisant valdinguer les choses en l'air, vues de loin, est directement tirée de Lost. Hors dans Lost, on ne voyait jamais le monstre écumant la jungle, qui avait une tête de courant d'air. Comme dans Super 8, Abrams veut égaler (le succès commercial de) ET, il est obligé de montrer l'extraterrestre (à son grand dam, j'en suis sûr), et c'est précisément là où le bât blesse. Il veut en faire un monstre à la fois gentil et méchant, à la fois l'alien de La guerre des mondes et ET. C'est trop, monsieur Abrams, ça ne vous ressemble pas. Si j'étais vous je ferais la version film de Lost, à condition de toiletter à l'extrême la série et de ne pas reprendre les mêmes acteurs. Mais Super 8, c'est même pas du niveau American Graffiti. Voyez le mec qui travaille dans un magasin de photo et qui accompagne les ados. Un personnage aussi débile est impardonnable. Ce n'est pas tout…

23.6.11

CAVALIER PAS SI SEUL

J'admire ce que fait actuellement Alain Cavalier (tourner seul avec une caméra vidéo). C'est le cinéaste que j'ai le plus envie d'imiter (bien que j'aie déjà tourné des courts métrages en vidéo ou en Super 8 sans aucun technicien). D'un autre côté, je n'ai vu qu'un seul film de sa série "home-vidéo" : Irène. J'aurais bien aimé voir les autres, mais je les ai loupés quand ils sont sortis, et j'ai toujours autre chose à voir ; tenter de les rattraper ne m'obsède pas, dois-je avouer. Là, en plus, je n'ai pas une folle envie de voir Pater : ça ne me dit rien car c'est trop opportuniste, trop synchrone avec l'actualité politique (les élections de 2012), et puis ce côté leçon de politique et de cinéma, bof, pas envie. De plus, Vincent Lindon ne me fait pas trop rêver (dans le temps, avant qu'il soit acteur, quand il travaillait chez Ludéric, il était bien plus drôle). Ce qui me frappe après avoir lu un ou deux articles sur Pater et ses conditions de tournage, c'est qu'Alain Cavalier tourne ses films avec une petite caméra amateur presque par snobisme. Il n'aurait aucun mal à réunir le budget nécessaire à un tournage traditionnel, mais il ne le fait pas. Pourquoi ? Parce qu'il se sent plus à l'aise ainsi. D'accord. Je pense qu'en fait le film n'est pas si bon marché. Pourquoi ? D'abord les techniciens. Car il y en a. Tout ce que Cavalier tourne comme un pauvre amateur, doit être ensuite transformé en produit professionnel : kinéscopage, c'est à dire transfert de la vidéo en 35 mm, ce qui coûte bonbon, puis mixage et filtrage du son fruste de la caméra, ce qui doit demander du temps, du personnel et du matériel. Après, il y a le tirage des copies, la pub et tout le reste (affiches, promo). Cela dit, je reste tout à fait admiratif de ce minimalisme. Mais il n'est pas permis à tout le monde de faire du minimalisme dans ces conditions luxueuses.

DECE-P'TITS-CONS

Pas de film, pas de scénario, que des machines qui s'explosent contre des buildings, et une bimbo, une blonde cette fois, pour remplacer la brune rebelle qui a fait défection (Megan Fox) — elle était moins conne que son prédateur/réalisateur. Le film est en 3D, mais tout le monde sait que le 3D passe mal. J'en ai eu les yeux tout explosés. Quant aux bruits (de casserole) ça n'est pas pour me faire du bien. J'attends juste le génie qui me prouvera que Transformers 3 a un rapport avec le cinéma. Traitez moi de réac, “Make my day !”, comme dirait papy Clint, qui ne vaut pas mieux que ces marchands de jouets dont l'existence se résume à gaspiller du métal et du pétrole. Explosez-vous en chœur, moi je retourne lire Les Confessions : Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur.…”. Pas exactement le genre de chose que
pourrait déclarer le brave Michael Bay, parfait manufacturier sans âme, dont les films m'ont toujours atterré (Armageddon, gros sabots, Pearl Harbor, dans l'eau), sauf The Island, qui avait une certaine force d'attraction mystérieuse (en partie grâce aux acteurs). P.S. Il déjà y a tout dans les trois bandes annonces. Pourquoi se déplacer ?

17.6.11

DB ?

Pas trop fan des taches sur l'affiche, pas trop fan du slogan cynique sur l'affiche. La bande-annonce est intrigante. Il paraît que David Barker, le réalisateur, a étudié avec Jean-Pierre Gorin, ce qui est bon signe. Il a aussi tourné un film (inédit) avec la Française Nathalie Richard en 1999, Afraid of everything. Voilà ce que l'on peut dire en attendant ce Daylight, sorte de thriller en huis-clos, autour duquel il y a déjà une sorte de pré-buzz aux Etats-Unis.

16.6.11

SUPER

Mettez dans un shaker ET, Cloverfield, La guerre des mondes, plus District 9, et vous obtenez Super 8, dernière tentative de JJ Abrams pour prouver qu'il est l'égal des grands faiseurs de blockbusters. Jusqu'à maintenant il a très moyennement convaincu. Mission impossible 3 (on l'a vraiment oublié celui-là), Star Trek et son remake officieux de Godzilla (Cloverfield, qu'il n'a que produit, certes) ont prouvé que ce n'est pas un cinéaste de prototypes, mais un Viollet-le-Duc des genres (remakes, copies). Seule exception, d'autant plus surprenante qu'elle est la seule : la série Lost, sa seule réussite originale à ce jour. De là à dire que Abrams n'est pas le véritable mastermind derrière Lost, mais que ce serait plutôt un de ses acolytes, vraisemblablement Jeffrey Lieber, auteur du scénario original de la série…
P.S. Un critique canadien appelle le film "a clever forgery of Spielbergian cinema" ("une contrefaçon maligne du cinéma de Spielberg”). CQFD. Je rappelle que Steven Spielberg a coproduit Super-8. Il est manifeste qu'Abrams voulait faire ici le ET des années 2010 (quasiment un prequel puisque Super 8 est situé dans les années 1970).
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15.6.11

CORÉE SANS ÂME

J'avais déjà quelques doutes sur Na Hong-Jin après The Chaser, son thriller assez frénétique sur la traque d'un serial killer. Je trouvais qu'il y avait une certaine insistance/complaisance par moments. Au moins il y avait une certaine atmosphère. Après avoir vu sa machine folle intitulée The Murderer, je n'ai plus de doute. C'est énergique, furieux, mais ça tourne à vide à force de rebondissements quasi farcesques. L'idée d'une progression narrative n'effleure pas le cinéaste. Le film s'arrête quand il n'y a plus de protagonistes. Rideau. Chose comique, il parle d'une suite. Avec qui ?

14.6.11

RETOUR AU 2D

D'après un article du Huffington Post, considéré par le journal The Observer comme le blog le plus influent du monde, le cinéma en 3D serait en train d'amorcer lentement son déclin. Ce n'est pas encore la cata, mais il semblerait que les spectateurs moyens choisiraient plus volontiers le même film en 2D, quand ils en ont la possibilité. Une des raisons serait le prix plus élevé des séances en 3D. Pour ma part, je les comprends très bien. Pas à cause du prix, encore que ce soit une très très bonne raison, mais tout simplement à cause de l'inconfort des lunettes, de la médiocrité du rendu lumineux, et de l'imperfection générale de l'effet relief, rarement optimal. Ce n'est pas par hasard si le relief a connu depuis 60 ans plusieurs vagues d'engouement puis des désaffections soudaines. Au bout d'un moment, les gens en ont marre de regarder un film avec des lunettes teintées. C'est indéniablement une contrainte. Moi-même qui connais assez bien la question, j'ai toujours eu l'impression qu'il n'y avait pas eu d'amélioration assez importante depuis les années 1950 pour justifier la renaissance du procédé. Seul le relief sans lunettes représentera un progrès assez consistant pour durer. Il y a eu quelques avancées dans ce domaine, mais on est encore loin d'un résultat correct. Pour l'instant, vive le 2D !

11.6.11

QUI CONNAÎT VELU WISWANADHAN ?

Je ne sais pas comment ça m'est revenu. Je compulsais un livre sur le documentaire (en général). Tout à coup, je me suis demandé : tiens, est-ce qu'on y parle de Velu Wiswanadhan ? Evidemment, on a complètement ignoré son existence. Cet homme est peintre et cinéaste. Né en Inde, il vit en France depuis longtemps, mais on ne parle pas de lui, ou peu de lui, en tant que cinéaste. Il a tourné plusieurs films dont les titres et les sujets se réfèrent aux cinq éléments (pas quatre !) : l'air, le feu, la terre, l'eau et l'éther. Je n'en ai vu qu'un, Ether, semble-t-il, mais il m'a marqué. C'est un des plus poétiques que j'ai vus, si tant est que le terme "poétique" signifie encore quelque chose. On le remplacera donc par concret : c'est un des films les plus concrets que j'ai vus. C'est à dire qu'il traite du réel sans médiation, sans dialectique… Après il faudrait que je regarde les autres, et que je me plonge dans son œuvre, dont j'avais totalement oublié l'existence, je dois l'avouer.

10.6.11

EVA

Beau travail personnel de la part d'Eva Ionesco dans My little princess. Je reste troublé par le fait qu'elle se soit sans doute un peu identifié à sa propre mère qu'elle dépeint comme abusive dans ce premier film autobiographique. D'une part en reconstituant le décor et la mise en scène des photos de sa mère. D'autre part en faisant jouer son fils dans le film (petit rôle). Cela dit, je ne lui jetterai pas la pierre puisque j'ai fait la même chose jadis dans un court métrage

9.6.11

UNDERGROUND

Dans le journal gratuit de l'UGC, un article classe mon film et ceux d'Ossang dans l'underground. Pourquoi pas, du moment que ça rapporte. Euh, je plaisante… On ajoute à notre lot de rats de cave la chère Eva Ionesco, dont le premier long métrage sort bientôt. OK, c'est cool. A mon sens, on nage surtout dans le hasard total. Deux acteurs de mon film (Ossang et Eva) sortent un film comme réalisateurs un an après le mien. Une conjonction (astrale) chronologique incite donc à nous associer tous les trois, et, pourquoi pas, à nous catapulter chefs de file d'une nébuleuse néo-underground. C'est à mon sens symptomatique de deux choses : 1. la marge est terriblement absente dans le monde culturel d'aujourd'hui et on se jette sur tout ce qui pourrait y ressembler. 2. les journalistes ont le don de faire des amalgames et de créer ex-nihilo des mouvements, des tendances, des associations. Si seulement je savais m'en servir pour me vendre et pour trouver des financements à mes projets ! Il faudrait vraiment que je contacte Agnès b. avec cet article (elle a bien financé en partie le projet d'Ossang et participé légèrement à celui d'Eva). Cela dit, je préfère mille fois être classé dans l'underground que dans le mainstream. Pas par snobisme, mais parce que je préfère l'ombre à la pleine lumière. Voir mon pseudo ci-dessous.

IRAN

Très amusant qu'au moment on encense sur tous les tons le film iranien Une séparation d'Asghar Farhadi, on annonce en parallèle que le comique provocateur Dieudonné devrait réaliser un film intitulé L'antisémite, produit par une société iranienne. Evidemment, on essaie de nous faire croire que les bons films iraniens flirtent avec la dissidence. Mais ils sont tout de même produits en Iran par des Iraniens. Tout ceci pour dire qu'en célébrant le cinéma iranien, quel qu'il soit, on lui confère une légitimité qui, in fine, bénéficie aux plus intégristes du pays. Quant au film de Dieudonné, s'il se fait, ce dont on doute, on pressent le flop absolu.

7.6.11

CELA S'APPELLE L'HORREUR

Le cinéma d'horreur/épouvante me travaille pas mal après avoir vu un semi-navet intitulé Insidious, qui m'a donné à penser. D'abord cette histoire de maison, qui ne date pas d'hier. Pourquoi la plupart des films d'horreur se déroulent-ils dans des maisons et pas dans des appartements ? Bon, on va s'empresser de me citer des contre-exemples, comme Rosemary's baby, tourné dans le Dakota Building de New York, où Lennon créchait avant de se faire dessouder. Mais dans Rosemary's baby l'appartement ne ressemble pas vraiment à un appartement. De toute façon, c'est une des exceptions qui confirment la règle (avec les récents Rec. et Rec. 2). En général, c'est une maison. Ça date en gros de Lovecraft, qui lui aussi faisait une fixation sur les maisons. Poe, je ne me souviens pas. Quant aux romans gothiques, sur lesquels je me penche actuellement, c'est surtout la tendance château (médiéval) et portes qui grincent. Pour ma part, je comprends bien le concept de la maison, comme lieu de l'horreur. En général, la maison se confond avec la famille. Une maison = une famille. Donc, en gros, l'horreur c'est la famille. Ou l'horreur s'attaque à la cellule familiale symbolisée par la maison. Mais plus concrètement, comme je suis assez paranoïaque, je comprends bien le problème. Non seulement une maison est une entité close, mais c'est une entité isolée, pleine de fenêtres par lesquelles le danger peut pénétrer de toutes parts. Bref, le rêve de la maison individuelle où on peut être tranquille, sans voisins au-dessus ni au-dessous de soi, peut se transformer en cauchemar à la moindre occasion.
Ayant vu par ailleurs Lourdes de Jessica Hausner (tourné à Lourdes, naturellement), je perçois une extrême proximité entre l'imagerie pseudo-sataniste et l'iconographie religieuse, et particulièrement le rite catholique. On me dira : c'est normal puisque le Diable est l'inverse de Dieu, son antithèse destructrice. Est-ce si sûr ? Pour ma part je trouve une grande ressemblance entre l'univers, le décorum religieux de certaines églises et les ambiances sombres et biscornues du cinéma d'épouvante. Si on se réfère à certains tableaux de Francis Bacon, c'est l'Eglise elle-même et ses officiants qui sont monstrueux et inquiétants. Le Diable est censé être une figure plus terrienne, proche de la sensualité et de l'épicurisme, mais il perd beaucoup de temps à faire des cérémonies et à faire peur. Un peu comme certains curés. J'ai toujours eu l'impression que ceux qui jouent avec l'imagerie religieuse en l'inversant et la profanant, par exemple en mettant la croix du Christ à l'envers, sont tout de même des chrétiens. Pour commettre un sacrilège il faut connaître la religion. Profaner, blasphémer, comme l'héroïne de L'Exorciste (qui habite une maison, j'ai revérifié), c'est aussi considérer que la religion chrétienne a de l'importance. Si on s'en fout, ça se casse la gueule. Ce que je trouve dommage c'est que peu de cinéastes (et romanciers ?) se soient attaqués directement à la religion dans un film d'horreur. Par exemple tourner un film dans une église, dont les fidèles sont des morts-vivants, ou dont le prêtre massacre un enfant sur l'autel (simples exemples). C'est à dire que le meilleur film sataniste devrait être tourné sur les lieux-mêmes de ce qu'il a envie de détruire ou tourner en dérision. Je m'explique mal. Il y a certainement des œuvres horrifiques situées en partie dans des lieux de culte normaux, qu'on subvertit ainsi, mais peu où l'on parvient à mêler christianisme et satanisme dans un seul souffle. En tant que telle, la religion chrétienne est déjà extrêmement violente, donc pourquoi faire appel à cette imagerie diabolique clicheteuse. A mon avis, c'est encore une histoire de business. Allez dans un magasin de fringues gothiques, vous verrez…

6.6.11

PENSE-BÊTE

J'ai l'intention parler du cinéma d'horreur/épouvante et des maisons. Pourquoi toujours des maisons ? J'y reviens dès que possible…

QUAY

Découvert par hasard deux nouveaux travaux des frères Quay dont je n'avais pas entendu parler. Une superbe pub pour le parfum Wonderwood de Comme des garçons, qui ne ressemble pas à une pub mais à un film des Quay, et Maska, la bande-annonce cérémonieuse de leur adaptation de la nouvelle de Stanislas Lem (auteur de Solaris, rappelons-le). Il s'agit d'un court métrage d'animation d'une vingtaine de minutes, semble-t-il, qui mêle fantastique et science-fiction, et met notamment en présence une poupée et une sorte de mante religieuse (peut-être mécanique). Je n'en sais pas plus et j'espère voir ce film un jour car il m'a l'air particulièrement splendide. Toujours très branchés Pologne à ce que je vois, les Quay attendent sans doute toujours de pouvoir tourner leur version du Sanatorium au croque-mort (Cf. La clepsydre) de Bruno Schulz, qui devait être leur troisième long métrage… Ou alors ils ont abandonné. Cela dit je trouve presque étrange qu'à part Peter Greenaway il y a très longtemps, personne n'ait eu l'idée de faire jouer dans un film ces "evil twins" (leur surnom second degré) qui ont une sacrée allure. Ils sont très chaleureux dans la vie, mais aussi, évidemment, un chouïa bizarros (je me souviens qu'il m'ont parlé de leur passion pour les musées anatomiques, du genre où il y a des fœtus dans du formol – évoquant un de ces lieux peu connus du grand public à l'Académie de médecine de Paris). Si je fais ce film d'époque auquel je pense toujours je tenterai de leur proposer d'y faire une apparition qui sera obligatoirement mémorable…

ROUGE

Pendant que je poste le lien d'un clip (seulement sonore, hélas) de l'excellent groupe méconnu Yellow Balloon – lointaine mouvance Beach Boys – des sixties (CLIC), je repense sans raison à Profondo Rosso de Dario Argento, le premier film du cinéaste, que je découvris dans ma lointaine jeunesse et que je n'ai pas revu depuis une paie, qui reste dans mon esprit un des monolithes noirs inentamables et étincelants du cinéma. Je ne vais pas vous bassiner avec ma jeunesse. J'étais assez cinéphile, mais ma cinéphilie n'était nullement livresque. Je ne lisais jamais les critiques (lol). Donc, vers 17-18 ans, après un mémorable parcours en stop, je passe les vacances d'été à San Remo en Italie avec un copain de lycée. Par hasard, nous atterrissons dans un cinéma de quartier qui programme Profondo rosso. Je me souviens encore des pochards dans la salle qui insultent les personnages ("Porca madonna/ porca miseria !"). Cela n'empêche pas l'écran de me happer et ce décalque malade de Blow up de s'imprimer au fer rouge dans ma mémoire (et celle de mon camarade). Toutes ces vacances furent hantées par la ritournelle enfantine de la musique. Comme je n'ai pas revu le film depuis longtemps et comme ce n'est pas un blog de critique mais plutôt un blog d'atmosphère(s) et d'impressions, je ne reviendrai pas sur les multiples éléments qui font de cette œuvre l'une des plus fulgurantes et envoûtantes jamais tournées, précisément parce qu'elle est italienne et pas américaine.

3.6.11

DÉBUT/FIN

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais un phénomène se développe à vitesse grand V : le titre à la fin des films. Autrefois, c'était simple, quand c'était la fin, c'était marqué "FIN". Cette habitude popularisée par le THE END du cinéma hollywoodien a disparu il y a environ 15 ans (je dis ça au pif). Aujourd'hui, ça tend à être remplacé par le titre du film à la fin. Souvent même, on voit le titre deux fois, au début et à la fin. Je ne sais pas quoi en penser, sinon qu'il semble qu'on a besoin d'un marqueur pour délimiter un film. Un signal. Moi-même j'ai contribué sans y réfléchir à cette mode puisque le titre de mon film Crime est visible deux fois : la première cinq minutes après le début, la deuxième à la fin. Seule différence : mon titre apparaît à l'envers au début et à l'endroit à la fin, comme si d'une certaine manière le film était l'envers du décor, ou l'inversion de la réalité. Je ne vais pas gloser là-dessus pendant des heures, mais je pense que je m'abstiendrai du titre la prochaine fois (s'il y a une prochaine fois). Je suis contre les modes qui ne sont que des maniérismes sans contenu (ça aurait inspiré Barthes, pas moi). Mimétisme pavlovien.

2.6.11

ROYAL

Je ne sais pas ce qui m'a pris de tomber dans le piège touristique de Versailles – sous prétexte d'accompagner une amie étrangère. Au moins j'en ai ramené ce phénomène végétal que je ne m'explique pas vraiment.

1.6.11

DÉFENSE ÉLÉPHANT(ESQUE)

"La façade, stratification linéaire, symbolise la pensée”… Visite guidée de la maquette virtuelle du futur Ministère de la Défense à Balard : CLIC. Un monument d'opacité. Je ne vois pas d'autre mot pour qualifier ça que cet adjectif anglais : "creepy". Le seul "grand travail" dont le gouvernement de Sarkozy aura accouché, c'est donc ce monstre de science-fiction totalitaire. Le futur ne s'annonce pas spécialement serein.