31.10.10

JEAN-MARIE MASSOU

Il y a un moment dans le documentaire Le plein pays d'Antoine Boutet
l'on n'est plus au cinéma, plus nulle part. Au moment où Jean-Marie Massou, singulier de l'art ébouriffé, paysan sans rime ni raison ni ferme ni femme qui vit quelque part dans un no man's land sylvestre du Lot, se met à chanter, improvisant des mélopées sur sa noire vision d'un monde surpeuplé, on est transporté dans une poésie éthérée éternelle où plus rien n'a de repères, de commencement ni de fin. Il est fou ce Kaspar Hauser du Midi, cet Artaud pas trop tard. Tout ceci pour dire qu'en France il y a aussi des films libres, hors société, hors récit, proches des explorations de Lisandro Alonso ou de certains films russes. Mais seulement dans le documentaire. La fiction française, elle, est bétonnée, comme on le dit de certaines côtes du bord de mer où la nature n'a pas droit de cité.

29.10.10

OUBLIEZ LE 3D, VOICI LES ROBOTS

Les images de synthèse avancent mais trop lentement pour qu'on puisse voir des acteurs dessinés par ordinateur remplacer des vrais avant un bon bout de temps. Je pense que ce qui va bientôt supplanter l'image numérique c'est le robot. Les Japonais sont les plus passionnés par ce sujet et perfectionnent de plus en plus leurs humanoïdes artificiels. Voir cet exemple : CLIC
On voit très bien l'utilisation qu'on peut en faire dans la SF ou l'épouvante (les deux genres racistes dont je parlais). Un Terminator incarné par un vrai robot serait encore plus effrayant…
Cela dit, je trouverais ça encore plus excellent dans le cinéma psychologico-dramatique…

DEUX GENRES RACISTES : LA SCIENCE-FICTION ET L'HORREUR

On va dire que j'exagère, que je simplifie, que je généralise, mais je suis frappé par une chose : si les Noirs abondent dans les polars américains, la plupart du temps chargés des rôles de méchants, ils brillent par leur absence dans les films de science-fiction et d'horreur. Je sais, on va me citer le Blackula des années 1970, parodie blaxploitation de Dracula. OK. On peut aussi ajouter un film encore plus ancien, La nuit des morts-vivants, le premier film de Romero, dont le héros est un black. C'est une exception. Il y en a certes d'autres, mais très peu. La science-fiction, elle, est presque blanche à 100%. Evidemment, on voit ça et là un asiatique (Star trek), ou un métis, au fond à droite (Alien). Mais l'image SF est généralement complètement WASP. A la limite, on préfère ajouter quelques monstres de l'espace (dans les séries Babylon 5, Stargate, Star trek, ou dans Star Wars). Ou alors des humanoïdes bleus (Avatar).
Ce qui est incroyable c'est que personne ne semble remarquer que le métissage gagne du terrain et que dans 100 ans les populations et les types physiques seront sûrement bien plus mixés qu'aujourd'hui. Donc l'hypothèse la plus plausible c'est que dans un millier d'années (sauf accident irréversible), la majorité de la population humaine ressemblera plus ou moins aux Tahitiens ou aux Philippins. Il serait bon d'en tenir compte quand on se lance dans un film d'anticipation…

SEULS LES AMÉRICAINS PEUVENT FAIRE UN FILM D'ACTION AVEC DES PROLOS

Curieuse coïncidence, deux films, un français et un américain traitent du même sujet : les cheminots. Le Français s'intitule justement Cheminots (de Luc Joulé et Sébastien Jousse). C'est un documentaire, une sorte de survol des métiers du chemin de fer, des vendeurs de billets aux conducteurs de train. Ça se termine par une remise en question claire et nette de la privatisation prochaine de la SNCF. OK. Mais cinématographiquement c'est un peu raide. Comment filmer un train en le faisant swinguer un peu plus ? En y ajoutant du suspense. C'est ce qu'a fait Tony Scott avec Unstoppable, qui raconte comment deux conducteurs de train se lancent aux trousses d'un convoi fou sans chauffeur aux manettes. Je ne suis pas fanatique du style Tony Scott — il découpe trop et ne fait pas assez d'ellipses —, mais j'aime plusieurs de ses films. Celui ci pour ses décors urbains, son suspense formidable, sa construction dramatique et spatiale extrêmement dynamique, bref sa mise en scène. Je ne peux même pas imaginer qu'en France on ait le quart du début d'une idée pour réaliser un tel film. Les seuls films d'action que peuvent envisager les Français sont soit des polars lourdauds, soit des films d'horreur clipeux. En plus, Unstoppable est un film social qui, en deux coups de cuiller à pot vous décrit un environnement professionnel. Ça aussi c'est parfait. Seul bémol : la partie sentimentale (discrète), alibi un peu facile pour corser le drame potentiel.

28.10.10

LES FILS D'ESCLAVES RÉCLAMENT PLUS D'ASSERVISSEMENT

Des adolescents manifestent (manifestaient = ils sont en vacances maintenant, c'est plus sacré que la retraite) contre le fait que des vieux puissent aider à financer leur retraite en travaillant plus longtemps. Ce qui me choque c'est avant tout qu'ils réclament de travailler dans cette société telle qu'elle est au lieu de la remettre en question – en faisant par exemple la grève générale des études. Que des jeunes pensent à la retraite au lieu de penser à s'inventer un emploi qui leur plairait assez pour travailler jusqu'à 70 ans me semble pitoyable. La retraite devrait être réservée aux gens fatigués, aux ouvriers, aux malades, pas à ceux qui exercent un travail non pénible et qui leur convient. Qu'est-ce que la retraite sinon la programmation de l'ennui et de l'inaction, l'antichambre de la mort ? Ou alors qu'on fixe un âge limite pour exercer un emploi à tous les citoyens, sans distinction. On nous soûle avec la retraite mais on voit partout autour de nous des vieillards actifs et célébrés : des réalisateurs — Manoel de Oliveira (102 ans), Alain Resnais (88 ans) —, créateurs de mode — Karl Lagerfeld (77 ans) —, écrivains — Jean d'Ormesson (85 ans). Idem chez les politiciens. Georges Frêche, qui vient de mourir à 72 ans, était toujours Président du Conseil régional de Languedoc-Roussillon… Alors, mettez toute cette vieillerie à la retraite, d'office et manu militari ! Sinon, je ne comprends pas. On ferait mieux de manifester pour ceux qui sont au chômage avant l'âge de la retraite et n'arrivent plus à trouver un emploi. C'est plus grave.
P.S. En vérifiant l'âge d'Alain Resnais sur une bio, je m'aperçois qu'il est marié à son actrice Sabine Azéma (une jeunette) et qu'il était très ami avec Jim Morrison. Resnais ami avec le chanteur des Doors ? Zarbi.

25.10.10

L'INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE FRANÇOIS OZON

Mea maxima culpa : j'ai fait partie des pigeons qui ont célébré François Ozon pour son film Sous le sable. J'ai également été assez impressionné par Ricky (et un peu par Regarde la mer et Gouttes d'eau sur pierres brûlantes). Mais avec Potiche, où il retombe dans le travers boulevardier de 8 femmes (également avec Deneuve), ma religion est faite, comme on disait jadis. Pour moi ce cinéaste est une sorte de m'as-tu-vu rigolard, totalement imperméable à des notions comme l'art, l'humanité, le sentiment, la profondeur. Un adepte du second degré permanent, du ricanement maladif, qui ne l'a pas quitté depuis ses débuts, où il arrivait au moins à choquer un peu, à déraper par son sens de l'excès. Là, plus rien, il est rentré dans le rang, fait du cinéma de boulevard à peine grotesque. Beaucoup de soin dans le décor seventies. Normal, il y a du fric à la clé et une escouade de techniciens grassement payés qui font leur boulot. Je reconsidère ses rares films qui m'ont plu à l'aune de cette grasse farce pseudo-politico-sociale. Même la gravité et la sobriété de Sous le sable étaient feints. Quant à Ricky, la partie sociale à la Dardenne/Loach du début était du vérisme, de l'imitation, un exercice de style. Ozon, faisant du cinéma social c'est aberrant. Un pur prétexte pour amener le twist fantastique. Dans Potiche, Ozon a beau se gausser de Sarkozy dans les coins, on n'est pas dupe. C'est du cinéma conformiste de droite. De la farce bourgeoise qui se moque du monde ouvrier…

LES PEOPLE AIMENT LEURS SEMBLABLES

J'ai une théorie qui vaut ce qu'elle vaut : seuls les people, les gens des médias et la France dite profonde, s'intéressent aux people. Les autres s'en foutent. Je me faisais cette réflexion à la projection (privée) de Potiche de François Ozon, truffé de vieilles vedettes (Catherine Deneuve, Fabrice Luchini et Gérard Depardieu), en voyant débouler présentateurs télé et autres Elisabeth Badinter et Karl Lagerfeld. La salle était bondée simplement parce qu'il y avait des célébrités dans le film et qu'il est français. Par ailleurs, il est nullissime. Voir plus haut…
Not enough foreign readers at the moment. I will stop translating in English until the international audience increases. If it ever does…

22.10.10

LA CUISINE DE TF1

Très amusante cette émission, Masterchef. J'ai remarqué que certains plans à Venise où la présentatrice s'adressait aux candidats (il pleuvait) n'étaient pas tournés au même moment que leurs contre-champs (il ne pleuvait pas) sur les candidats eux-mêmes. Ça en dit loin sur le naturel d'une telle entreprise. On ne sait pas jusqu'où va la scénarisation…
Very funny this show, Masterchief. I noticed that some shots in Venice didn't match with others : one person speaks to another when it rains and in the reverse shot on the person listening, the rain has magically vanished. It says a lot on the nature of such an enterprise. You wonder how far this is all completely scripted…

21.10.10

QUAND LE PARANORMAL TOURNE À LA RECETTE

Je n'irai pas voir Paranormal activity 2, parce que c'est comme si je l'avais déjà vu. Le refus de Paramount de montrer le film à la presse nous fait penser qu'il y a anguille sous roche (= c'est une daube). Ensuite quand on voit les diverses bandes annonces, on comprend assez bien que ce n'est pas un sequel, mais un remake assez appliqué du premier, où on a simplement changé les ingrédients de départ : ça se passe encore dans une maison possédée assez moderne, mais ses habitants ne sont plus un jeune couple. Là on a une famille entière, avec chien et enfants. Cela permet de varier les plaisirs (= de jouer avec le bébé dans son berceau, victime assez facile et consentante). Hélas pour renouveler, on aurait dû un peu chercher autre chose, prendre des risques. Comme ça, a priori, j'ai vraiment l'impression qu'on a voulu faire du neuf avec du vieux, c'est à dire reproduire industriellement ce qui avait été fait à l'origine par un néophyte israélien avec les moyens du bord. Bref, un film où le marketing préexiste au film.
I will not see Paranormal activity 2 because it's as if I had already seen it. Most troubling is Paramount's refusal to show the film to the press. There's something fishy. Then when you see the various trailers, you understand quite well that this is not a sequel but a remake of the first, where they simply changed some ingredients: the setting is again a modern house, but its inhabitants are no longer a young couple. There is a whole family now, with dog and children. This is supposed to provide more events (example : play with the baby in its cradle, an easy an consenting victim). To renew the theme or the scheme, they should have taken some risks. I I really feel they try wanted to make something new with the old stuff, i.e. industrially reproduce what was originally made by an Israelian neophyte with a really small budget. In short, a movie, where the marketing precedes the movie.

20.10.10

POURQUOI SEULEMENT LES FILMS BOURGEOIS ?

On ne s'intéresse à (= encense) Raoul Ruiz que lorsqu'il fait du romanesque bourgeois en costumes produit par un producteur ami de l'intelligentsia médiatique (Les mystères de Lisbonne). Idem pour Kiyoshi Kurosawa dont on loue le hors genre Tokyo Sonata, mais dont personne ne voit les précédents films fantastiques, Loft et Retribution. Idem pour Kiarostami dont l'étrange Shirin est éclipsé par Copie conforme. Idem pour Todd Haynes dont Loin du paradis, exercice sirkien très chicos me semblait moins intéressant que Safe, snobé par les gens bien intentionnés. Idem pour Araki dont le conformiste Mysterious skin a suscité l'intérêt ému et dont l'iconoclaste Smiley face a été totalement ignoré. Les exemples sont légion. On ferait mieux d'encourager les cinéastes quand ils dépassent les normes, déraillent un peu. Non, on préfère les pousser petit à petit vers l'académisme… A suivre.
The mainstream film buffs are only interested in Raul Ruiz when he adapts romantic bourgeois dramas in costumes produced by a producer who's a friend of the arty jet set (Mysteries of Lisbon). Same with Kiyoshi's Kurosawa Tokyo Sonata, one of his rare "ungenre" movies which was highly praised. Nobody seems to have even cared to see his previous ghost thrillers Loft and Retribution (which obviously I am the only one to like). Same with Kiarostami's Shirin, obliterated by his more traditional Certified Copy. Ditto for Todd Haynes, whose Far From Heaven, very classy sirkian exercise seemed less interesting than Safe for the moderate arty crowd (for me it was the opposite). Ditto for Araki's conformist Mysterious Skin who attracted the same people who shrug at his iconoclastic Smiley face. The examples are numerous. Wouldn't it be better to encourage the filmmakers when they exceed the standards and go out of line. No, they prefer to push them slowly and constantly towards the academism... To be continued.

19.10.10

AH SI, AU FAIT J'OUBLIAIS

Pour écrire un article, je me suis tapé ce week-end toute la tétralogie Terminator. Je ne l'ai regardée qu'en diagonale, plus ou moins attentivement selon les films. Je n'ai survolé rapidement que le plombant Renaissance (n°4), qui n'est pas pour moi une partie de plaisir. Mais les trois autres restent très gouleyants, si je puis dire. En tout cas le concept me plaît toujours et j'aime infiniment plus ce Cameron là que le nouveau fleur bleue (euh peau bleue). Si pour moi ce n'est pas une œuvre indispensable ni magistrale, il y a une chose qui me hante presque – en tout cas c'est à mon sens elle qui signe toute la série et la singularise irrémédiablement : c'est ce foutu leitmotiv sonore (le thème de T-1000) annonçant à chaque fois le méchant. Exemple ici : on l'a collé sur un étrange jeu vidéo (CLIC). Cette espèce de ronflement/pulsation synthétique revient dans toutes les versions (sauf dans le n°4, où on ne l'entend pratiquement pas). Un son daté, de synthé eighties. Honnêtement je trouve ça génial de pouvoir résumer plusieurs films à un seul son, reconnaissable entre mille. Je ne parle pas des thèmes musicaux. Ça serait trop facile. Il y a des milliers de thèmes musicaux reconnaissables, d'Autant en emporte le vent à Star Wars. Mais le thème de T-1000, c'est quasiment une seule note qui se répète. Hats off to Brad Fiedel, le musicien auteur de la BO.
For an article, I had to go through the whole Terminator tetralogy this weekend . I have watched it more or less closely depending on the movies. I must say that had quick look at Salvation, which is not the merriest for me. But the others remain very palatable, so to speak. Anyway I still like the concept and I like this Cameron much better than his new (blue) streak. That said I don't find this work essential nor masterful. There is still something unique for me that almost haunts me - a sound that encapsulates it all : that damn leitmotiv/noise (the T-1000 theme ) announcing each time the bad cyborg. You can hear it here, with a strange video game excerpt (CLICK).This sort of hum/pulse returns in the first three Terminators (in # 4, it's barely heard). It's great to be able to summarize several films with one unmistakable sound. I'm not talking about musical themes. It would be too easy. There are thousands of recognizable musical themes, from Gone with the Wind to Star Wars. But in the T-1000 theme, virtually a single note is repeated. Hats off to Brad Fiedel, who wrote the original soundtrack.

TIENS, TOUJOURS RIEN ?

Oui, d'ailleurs c'est choquant.
Yes indeed, it's shocking.

17.10.10

NO COMMENT - LOL

Attention, film culte ! And what a cult film this is !

15.10.10

RIEN DE TRÈS INDISPENSABLE À SIGNALER

Toujours cette envie, cette question qui me tenaille : pourquoi ne fusionne-t-on pas les films ?
Après avoir vu Rubber et Monsters, je me suis demandé pourquoi ne pas en faire un seul film : un pneu extraterrestre sème la terreur au Mexique. Et puis je me suis aussi demandé pourquoi Quentin Dupieux faisait un film sur un pneu et pas sur un pieu. Il ne s'appelle pas Quentin Dupneu tout de même. Et puis un film sur un pieu, ça pourrait être un film de vampires, mais pour une fois on aurait le point de vue de l'instrument fatal planté dans le cœur du méchant gominé au dentier. Cela dit j'ai bien dormi à Rubber qui m'a rappelé Christine (de Carpenter) en plus light : une roue au lieu de toute une voiture, ça fait assez pingre…
I won't translate this one. Too many puns !

ÇA (SE RÉ)CHAUFFE !!!

Parallèlement aux protestations des salariés de tous poils déboussolés par des perspectives déprimantes, un frémissement se fait sentir du côté des pigistes des Inrockuptibles (pour moi, l'effritement a commencé il y a longtemps et se poursuit inexorablement).
Just when the workers of all categories are protesting, disoriented by a depressing outlook, a tremor is felt among the freelance writers working for the Inrockuptibles (where, for me, the erosion has started long ago and go on inexorably).

14.10.10

WOODY EST LE (UN) ROBOT

Lu dans le magazine du TGV : “Je ne suis pas une affaire lucrative, un money maker. En presque quarante ans de carrière, je n’ai jamais eu de véritable succès au box office”, dit Woody Allen. Cela ne l’empêche pas d’ajouter plus loin : “Je suis un privilégié car j’ai déjà l’argent pour le film avant même de commencer à écrire. Tout est immédiat, fluide. Je mets deux mois pour écrire le scénario et quatre mois pour réaliser. Du coup, il me reste du temps pour jouer de la clarinette dans mon groupe de jazz, voir mes enfants, partir en vacances avec ma femme et suivre les matchs des yankees”. Quelque chose comme l’équivalent américain d’un Chabrol, quoi, des papys tranquilles qui font des films comme on fait des chaises. Ouvrez le robinet d’eau tiède, fermez le robinet d’eau tiède. Ce n’est pas une règle, mais j’ai tendance à préférer les films de ceux qui ont galéré, quitte à n'en tourner qu’une poignée dans leur vie. En général c’est plus concentré, plus entêtant, pas de la bibine téléramesque. Exemples flagrants : Bresson, Dreyer, Tarkovski, Tati, Murnau. Il y a certainement des contre-exemples, des réalisateurs prolifiques ayant fait aussi des œuvres fortes et viscérales, mais ça ne vient pas, comme ça. Je vais réfléchir. Il va de soi que je ne m’inclus pas dans le lot. Pas par modestie, tout simplement car j’appartiens à une autre catégorie : les touche-à-tout papillonnants, qui ont ou n’ont pas réalisé un ou plusieurs films. S’ils n’ont pas pu accomplir tout ce qu’ils voulaient c’est que d’une certaine façon ils n’étaient pas en phase avec leur environnement. Pour moi, faire de l’art ce n’est pas mal, mais ce n’est pas l'essentiel.

P.S. Ouf si ça y est, j'en ai trouvé (sans chercher) : Ozu et Mizoguchi. Et puis Murnau n'en a pas fait si peu (la majorité de ses films sont invisibles).

Read in the TGV (train) magazine : "I am not a lucrative business, a money maker. In an almost forty year career, I've never had any real box office success", says Woody Allen. This does not prevent him to add further: "I am privileged because I have money for a movie before I even start writing. Everything is immediate, fluid. Two months to write the screenplay and four months to make the film. So, I still have time to play the clarinet in my jazz band, see my children, go on holiday with my wife and watch the Yankees' games." Something like the American equivalent of Claude Chabrol, what, the quiet grandpas who make movies like if they made chairs. Open the faucet of lukewarm water, close the faucet of lukewarm water. I tend to prefer films of people who have struggled, even if they just made a handful of movies in their lives. In general it is more concentrated, headier, purer. Among examples: Bresson, Dreyer, Tarkovsky, Tati, Murnau. There are certainly prolific directors who also did some strong and visceral work, but it does not come to my mind. It goes without saying that I do not include myself in the lot. Not out of modesty, simply because I belong to another category: the unsettled ones, who may or may not have made one or more films. If they have not accomplished all they wanted it is that somehow they were not in tune with their environment. Making art is not bad, but it is not essential.

PS : Finally, I found some (without searching): Ozu and Mizoguchi. And Murnau did not do so little (the majority of his films are just invisible).

SPOUTNIK RULES !!!

Mon film Crime passe en ce moment à cet endroit à Genève : le cinéma Spoutnik situé dans ce centre culturel appelé l'Usine. Lieu idéal, non seulement la salle avec ses canapés, ses lampadaires et ses boissons, mais les alentours à la faune tout à fait synchrone avec mon film…
J'y ai présenté mon incroyable chef d'œuvre hier et j'ai signé sur la même porte que Apitchatpong, Lisandro Alonso, Guy Maddin, Jia Zhang Ke, et des tonnes d'autres grands cinéastes qui sont passés par là.
Merci mille fois à Pascal Knoerr et Christophe Billeter, les tenanciers cinéphiles intelligents et affables de l'établissement, et à Aurélie, barmaid projectionniste (à qui j'ai piqué une American Spirit).
Allez y, je vous paie le voyage… Euh, just kidding…
My movie Crime is shown right now in this place in Geneva: the Sputnik cinema set in this cultural center called L'Usine (the Factory). Ideal venue. Not just the theater with sofas, lamps and drinks, but the surroundings, with a wildlife quite in tune with the style of my film ...
I was there yesterday evening to introduce my incredible masterpiece and I had the honor to sign my name on the same door as Apitchatpong, Lisandro Alonso, Guy Maddin, Jia Zhang Ke, and tons of other great(er) filmmakers who have been there.
Thanks a million to Pascal Knoerr and Christophe Billeter, the diligent and intelligent tenants of the facility, and to Aurelie, bartender projectionist (to whom I've stolen an American Spirit).
Go there now, I'm paying for the trip ... Uh, just kidding ...

11.10.10

MUSULMANS & ANARCHIE

Je n'ai jamais énormément adoré le punk (plutôt ses prédécesseurs), mais l'énergie qu'il véhiculait, oui, sans problème. Or que viens je de découvrir ? Un film indépendant américain intitulé The Taqwacores, dont le sujet est la scène punk musulmane aux Etats Unis. Apparemment cette spécialité est assez répandue chez les jeunes Pakistano-Américains. Le film, tiré d'un roman, n'a pas l'air génialissime (dans la bande annonce) mais il donne vraiment envie de voir ça. Le genre de paradoxe dont on aurait jamais imaginé qu'il existe mais qu'on trouve assez réjouissant. Vous me direz : ce sont maintenant les Gitans de Roumanie qui jouent du musette dans le métro. Ça ne vaut pas les punks musulmans ! A quand la New Wave nord-coréenne ?
I never much liked punk music (rather its ancestors), but the energy it conveyed, yes, no problem. Now I've discovered an independent film, The Taqwacores, whose subject is the Muslim punk scene in the USA. Apparently this is quite a fad among young Pakistani-Americans. The film, based on a novel, does not look extraordinary (in the trailer) but it really makes you want to see it. The kind of paradox that I had never imagined but that I find quite pleasing. Now when will there be a North Korean New Wave?

SINÉ-CURE TOMBALE

Incroyable jusqu'où la promo peut aller : vu hier au cimetière Montmartre le monument funéraire farcesque dont Siné et J.F. Delépine négocient l'érection dans le documentaire Mourir ? Plutôt crever ! de Stéphane Mercurio, traitant de Siné, sa vie, son œuvre. Portant le même titre-slogan, le monument peut donc faire figure de gimmick publicitaire pour la sortie du film (le 13 octobre). Photo suit…
Amazing to see how far the marketing can go: saw yesterday in the Montmartre cemetery a farcical funeral monument from which we see Sine and J.F. Delépine negotiating the erection in Stéphane Mercurio's documentary Mourir ? Plutôt crever !, about satirist Sine's life and work. Sporting the same title-slogan, the monument can be seen as a gimmick advertising the film's release (October 13).

9.10.10

TAME IMPALA - ENTRE CREAM, LED ZEP ET JIMI H.

Rarement vu une aussi bonne imitation des années 1970, Half full glass of wine par Tame Impala. Je ne me plains pas de ce travail de copiste, car j'aime autant la musique que le clip pop-psyché-peinture. Enjoy (en plus c'est sur Viméo) : CLIC
Rarely seen such a perfect imitation of the 1970s : Half full glass of wine by Tame Impala. I'm not complaining about it, I love the music as much as the video pop-psyche-painting style. Enjoy (it's on Vimeo): CLICK

8.10.10

96 TEARS

Hier un mélo taiwanais — Je ne peux pas vivre sans toi — m'a fait pleurer. Eh oui, je suis fleur bleue, aussi. Je suis même capable de reconnaître que ce n'est pas un chef d'œuvre, voire qu'il est manipulateur. N'empêche, émotionnellement, j'ai marché. Ce n'est pas la première fois que je me fais ainsi cueillir par un film, qui me fait soit rire soit pleurer, mais dont je dois reconnaître qu'il n'est pas extraordinaire artistiquement. L'émotion esthétique et le sentimentalisme vont rarement de pair. Et puis il y a un thème auquel je suis particulièrement sensible : l'enfance. Je ne peux pas expliquer exactement. Il faudrait plonger dans ma pauvre psyché…
Yesterday a Taiwanese melodrama - I can't live without you - made me cry. Yep, I'm a softie, too. I am even able to recognize that it's not a masterpiece, even that it is manipulative. Still, emotionally, I was owned. This is not the first time I go for it all the way with a movie that makes me either laugh or cry, but which I must admit afterwards it is not great artistically. The aesthetic emotion and sentimentality rarely go hand in hand. And then there's a theme to which I am particularly sensitive: childhood. I cannot explain exactly why. It would require to dive deep into my poor psyche ...

7.10.10

AMUSANT IL Y A UN LECTEUR QUI…

…ne fait des commentaires que sur la ligne au-dessus du titre. Trop jaune, trop trop, trop de texte… etc.
"the dummies' glance" est ma tentative maladroite de traduire en anglais Le Regard des mannequins. "Mannequin" n'existe guère en anglais et "model" ne désigne que les mannequins vivants. Tandis qu'en français il y a cette ambiguïté qui me plaît assez. Le vrai terme en anglais est "show-room dummy", mais c'est trop long.
P.S. pour faire plaisir à Monsieur X., qui n'aime pas le jaune, j'ai mis du bleu. Je doute que ça lui plaise car il considère ce trait et ces "fioritures" comme des crimes de lèse-majesté envers les mannequins de vitrine dont il est le preux défenseur…

6.10.10

C'EST MOU TOUT ÇA

Il faut faire exploser la fréquentation de ce blog. En échange, je m'engage à augmenter la publication. Appelez vos voisins, cousins, amis…
Cela dit, ces jours ci je n'ai guère de grain à moudre. Vu ces derniers jours un film iranien (le critique et néanmoins rasoir [façon de parler] Bassidji [sur les barbus]), un autre russe (les Russes filment décidément complètement à côté des normes sociales, mais ça ne donne pas toujours des résultats mirobolants), et un vieux thriller anglais (Ipcress file), qui a un petit côté pré-Bourne trilogy en plus lymphatique (Michael Caine avec ses recettes de cuisine) et qui m'a néanmoins fasciné par sa mise en abyme du cinéma et de ses fictions guerre froide, exhibées dans un studio londonien transformé en geôle albanaise pour des raisons qui m'échappent. J'aime assez de toute façon.
You have to boost the traffic of this blog. In return, I will increase the posting. Call your neighbors, cousins, friends ...
That being said, these days I have little food for thought. I recently saw an Iranian film (the critic but nevertheless tedious Basidji), a Russian film (the Russians are definitely out of social norms, but it does not always produce great works of art), and an old English spy thriller (Ipcress File), which slightly prefigured the Bourne trilogy, but in a lymphatic way (Michael Caine and his cooking recipes). I was quite fascinated by its film set, exhibited as such in a London studio converted into an Albanian jail for reasons that I can't grasp. Quite liked it anyway.

4.10.10

LE RETOUR DE P. RIDLEY

Je ne me souviens pas bien de ce que j'avais pensé à l'époque de L'enfant miroir (Reflecting Skin) de Philip Ridley. Je ne sais plus si j'avais vu son autre film, Darkly noon. C'était il y a longtemps. De plus je dis toujours que le cinéma britannique est HS. Mais le retour de Ridley avec un film qui s'intitule Heartless m'intrigue tout de même assez. Une espèce de film d'horreur très urbain dont la bande annonce m'a alléché. En tout cas bien plus attirant que le retour d'Andrei Kontchalovski, réalisateur de deux films respectables comme Le premier maître et Le bonheur d'Assia, scénariste du chef d'œuvre des chefs d'œuvre Andreï Roublev de Tarkovski, avec un film fantastique pour enfants croulant sous les effets spéciaux numériques et le 3D, tiré de Casse-Noisette de Tchaïkovski. Cela dit si Casse-Noisette sortira inévitablement en France, je ne sais pas ce qu'il en est de Heartless
I do not remember what I had thought at the time about Philip Ridley's Reflecting Skin. I do
not know if I had seen his other movie, Darkly Noon. It was a long time ago. Moreover, I always say that British cinema is out. But Ridley's return with a film called Heartless intrigues me. A sort of very urban horror film whose trailer enticed me. In any case much mor eattractive than the return of Andrei Konchalovsky, director of two respectable films such as
the First master and Assia's happiness, the writer of the masterpiece of masterpieces Tarkovsky's Andrei Rublev, with a fantasy film for children collapsing under CGI and 3D, an adaptation of Tchaikovsky's Nutcracker. If Nutcracker will inevitably be seen in France, I do not know if Heartless will.